Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport rendu public fin juillet, le PIB de la France augmentera de 2,1 % cette année, et de 1,9 % l'an prochain. Des niveaux inférieurs aux prévisions du gouvernement français. L'organisme a aussi donné l'alerte sur les risques externes que la crise de la dette en zone euro fait courir à l'économie française.
Après la crise financière internationale, à l'instar de plusieurs autres entités économiques développées, la France s'est enlisée dans la récession. Cependant, son économie a réussi à se reprendre vers le milieu de 2009. En 2010, sa croissance a atteint 1,5 % et, selon les prévisions, celle de 2011 serait supérieure à 2 %. Elle joue à nouveau un rôle moteur pour l'économie européenne. Durant la crise de la dette européenne, qui dure déjà depuis plus d'un an, la France a non seulement évité de s'enfoncer, mais elle a aussi coordonné les actions au sein de l'Europe et à l'international, œuvrant activement à conclure des accords d'aide. Ceci lui a conféré une image de « sauveur ».
Or, avec cette crise qui ne cesse de s'aggraver, les risques auxquels la France est confrontée ne sont pas négligeables. Selon les chiffres publiés en juin dernier par le gouvernement français, le taux de la dette publique de la France est passé à 85,4 % du PIB. Ce niveau est certes inférieur à celui de la Grèce, complètement submergée par sa dette, mais dépasse de loin les 60 % fixés par la Convention sur la stabilité et la croissance de l'Union européenne. Avec la progression continue de la crise européenne, la confiance des marchés s'est fragilisée, et il n'est pas exclu que la dette française en fasse prochainement les frais.
Outre le niveau de la dette, le système financier français pourrait éventuellement être contaminé par les risques des pays débiteurs de l'Europe du Sud. Malgré le bilan positif qu'elles ont pu avoir, progressivement, après la crise financière internationale, les banques françaises détiennent de grandes quantités de dettes de pays comme la Grèce. Selon des statistiques, fin 2010, les quatre plus grandes banques françaises détenaient des dettes d'institutions ou du secteur privé du Portugal, d'Irlande, d'Italie, de Grèce et d'Espagne pour un total de 300 milliards d'euros. En cas de risques importants dans l'économie de ces pays, ces banques connaîtraient de lourdes pertes. En juin dernier, tenant compte des impacts sur les banques françaises en cas de défaut de la Grèce, Moody's avait déjà placé trois grandes banques françaises sous surveillance, avec une perspective négative.
En l'état actuel des choses, il n'est pas exclu que la crise de la dette européenne s'aggrave. Certes, un accord a été trouvé sur la question de la seconde tranche d'aides à la Grèce au sommet de la zone euro, convoqué de toute urgence le 21 juillet. Il n'a cependant pas permis d'enrayer la propagation des risques. D'abord, le spectre du défaut se fait de plus en plus pressant. Selon l'accord, outre l'aide fournie par la zone euro et le FMI, le secteur privé doit aussi participer à l'effort. Or, l'agence de notation a clairement indiqué que la participation du secteur privé signifiait un « manquement sélectif » ou un « manquement restrictif ». Avec la mise en application du programme de participation du secteur privé, la Grèce serait contrainte de se déclarer en défaut de paiement, devenant le premier pays développé à manquer à ses engagements depuis la Seconde Guerre mondiale. De plus, la quatrième entité économique de la zone euro, l'Italie, s'engage ces derniers temps à des taux d'intérêt très élevés pour ses obligations publiques. Si la situation continuait de s'aggraver, étant donné la taille de son économie et de sa dette, l'impact des retombées infligées à l'économie de la zone euro dans son ensemble serait dévastateur.
Par ailleurs, il existe aussi des risques latents sur le marché immobilier en France. À la différence des secteurs immobiliers aux États-Unis et dans d'autres pays développés qui persistent dans la morosité, après la crise financière mondiale, la France a observé une reprise des prix de l'immobilier après quelques mois de chute. À l'heure actuelle, le prix a déjà dépassé le niveau le plus élevé d'avant la crise. Selon le rapport de réévaluation du FMI sur l'économie française, le prix de l'immobilier en France à la fin de 2010 avait gagné de 15 à 20 %. Si des risques externes entraînaient une chute du marché immobilier en France, l'économie française serait lourdement perturbée.
Actuellement, la reprise économique en France profite essentiellement des facteurs à court terme, comme la hausse de la consommation intérieure et l'augmentation des valeurs boursières. Cependant, le taux de chômage reste toujours au niveau élevé de 9,5 %. Sur le long terme, il ne sera pas facile d'assurer une croissance stable et continue de l'économie française. Pour ce faire, premièrement, il faut pouvoir consolider efficacement les recettes fiscales. Si la France voulait résister à la propagation à son territoire des risques externes comme la crise de la dette européenne, elle doit montrer aux marchés une meilleure situation financière. Or, le déficit budgétaire de la France représente 7 % du PIB. Il lui sera difficile de le réduire à 3 % d'ici deux ans. Deuxièmement, il lui faut trouver de nouveaux pôles de croissance. La France était historiquement un grand pays industriel. En raison du coût élevé de la main d'œuvre, ses industries se sont progressivement délocalisées et ses marchés d'exportation sont confrontés au défi des entités économiques émergentes. À l'avenir, la France aura besoin de renforcer les efforts de R&D et d'innovation, et d'améliorer l'initiative des travailleurs pour stimuler la vitalité de l'économie. Troisièmement, la santé du secteur bancaire doit être affermie. Le fonctionnement stable de l'économie nécessite l'appui d'un système financier sain. La France a besoin d'augmenter la capitalisation des banques et de contrôler sérieusement les risques systémiques.
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