Selon des sources au FMI, mercredi, la Chine est sur le point de s'assurer un poste de direction au sein du Fonds monétaire international, après que la nouvelle directrice générale du Fonds se soit engagée à donner plus de pouvoir aux économies émergentes.
Selon ces sources, le Chinois Zhu Min, conseiller spécial de l'ancien directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, pourrait être nommé au poste de directeur général adjoint qui sera créé par la nouvelle directrice générale du Fonds, Christine Lagarde.
Zhu Min (photo documentaire)
« Zhu devrait être nommé à un poste de directeur général adjoint », a déclaré à Reuters un membre du conseil d'administration du FMI. Cette nomination, qui permettrait à la Chine de détenir un des cinq premiers postes de direction au sein du Fonds, devra d'abord être entérinée par les 24 membres du conseil d'administration du FMI.
Mercredi, lors de sa première conférence de presse en tant que directrice générale du FMI, Lagarde s'est engagée à donner aux pays en développement un rôle plus important au sein d l'institution. Elle a ajouté qu'elle envisageait la création d'un nouveau poste de direction qui serait confié à un candidat d'un pays émergent.
Cette action devrait plaire aux marchés émergents et aux pays en développement, qui veulent qu'une plus grande influence leur soit donnée au sein de l'institution financière internationale pour refléter leur poids économique croissant.
La Chine, deuxième économie mondiale, demandait depuis un poste de haut niveau au FMI, mais était bloquée par le fait que le Japon détienne depuis longtemps un poste de directeur général adjoint, actuellement occupé par Naoyuki Shinohara.
Zhu fut vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine.
Sa nomination donnerait à l'Asie deux postes de direction au FMI ainsi que la présidence du Comité monétaire et financier international du FMI, à laquelle a récemment été nommé le ministre des Finances Singaporien, Tharman Shanmugaratnam.
Les directeurs généraux adjoints président souvent les discussions du conseil d'administration sur les attributions de prêt en l'absence du directeur général.
Le poste de numéro 2 du FMI va également devoir être pourvu avec le départ fin août du premier directeur général adjoint, l'Américain John Lipsky. Selon des sources au FMI, les Etats-Unis envisagent de nommer le conseiller à la Maison Blanche David Lipton à ce poste, qui resterait donc en des mains américaines.
« Le monde va continuer à changer », a déclaré Lagarde aux journalistes mercredi. « Nous avons les plaques tectoniques qui se déplacent en ce moment, et il faut que cela se reflète dans la composition de la gouvernance et du recrutement au Fonds.»
Derek Scissors, un spécialiste en politique économique de l'Asie pour la Fondation Heritage à Washington, a déclaré qu'il était prévu depuis longtemps que Beijing ait une plus grande influence dans les institutions comme le FMI.
« Je ne pense pas que quelqu'un puisse raisonnablement objecter à ce que la Chine obtienne un poste de haut niveau au sein du FMI », a-t-il dit.
Mais Scissors juge « regrettable » que le FMI ait à créer un poste de toutes pièces simplement parce que les Etats-Unis ou l'Europe ne veulent pas céder leur pouvoir au profit des pays émergents.
« Il semblerait que nous ayons fait campagne pour ce poste et que (Lagarde) avec d'autres ait fait des promesses pour s'assurer de son élection », a-t-il ajouté.
Lagarde a par ailleurs ajouté qu'elle demanderait aux pays membres du FMI d'entériner les réformes sur le vote négociées en 2010 afin de donner à certains pays en développement davantage de pouvoir au sein de l'institution.
« Mais cela devrait aussi se refléter dans nos politiques de recrutement, dans nos politiques de formation, dans la manière dont nous construisons les équipes et organisons le recrutement, afin que les gens ne soient pas des clones », a-t-elle précisé.
Par son style, Lagarde cherche à se démarquer de Strauss-Kahn. L'ancien directeur général du FMI, qui a démissionné en mai suite à une accusation pour agression sexuelle, a été critiqué pour n'avoir pas délégué les prises de décision au lieu de s'appuyer sur un cercle étroit de conseillers.
« Mon style, c'est l'ouverture, tendre la main, faire participer les gens et travailler en équipe », a déclaré Lagarde. « Je ne peux pas y arriver seule, ils ne peuvent pas y arriver seuls. Nous devons rassembler l'institution et impliquer les équipes. » |