La forte amélioration de la croissance du commerce de la Chine n'est pas seulement le résultat bienvenu des efforts acharnés du pays pour stimuler la croissance intérieure, elle est aussi une raison d'espérer qu'un commerce international plus équilibré contribuera à soutenir la reprise mondiale en cours.
Les chiffres de l'Administration Générale des Douanes ont montré que, dans la foulée d'une augmentation de 29,5% de la valeur totale de ses importations et de ses exportations, la Chine a connu un déficit commercial de 1,02 milliard de Dollars US entre janvier et mars de cette année, le premier déficit trimestriel depuis six ans.
L'excédent commercial de 140 millions de Dollars US en mars avait surpris de nombreux observateurs. La plupart d'entre eux s'attendaient en effet à un autre déficit commercial mensuel de plusieurs milliards de Dollars US, compte tenu du fait que le pays avait enregistré un déficit de 7,3 milliards de Dollars US en février.
Cependant, bien que la valeur des importations lors du premier trimestre ait connu un chiffre élevé record de plus de 400 milliards de Dollars US, le fait que la croissance des exportations ait été légèrement distancée représente un progrès remarquable pour les décideurs politiques chinois qui luttent pour stimuler la consommation intérieure afin d'en faire un moteur de croissance.
Il faut bien reconnaître qu'un si petit déficit commercial trimestriel n'est aucunement la garantie que le premier exportateur du monde va dire adieu à un fort excédent commercial pour l'année tout entière.
Car d'une part, le commerce extérieur de la Chine passe habituellement par un cycle saisonnier qui comporte davantage d'excédents commerciaux plus tard dans l'année.
Et d'autre part, une forte chute des énormes excédents commerciaux de la Chine, qui ont régulièrement baissé depuis le niveau record de 295 milliards de Dollars US en 2008 à 196 milliards en 2009 et 183 milliards l'année dernière est à la fois peu probable et peu souhaitable. Il y a peu de chances que la Chine ne perde sa compétitivité en matière d'exportations à forte main d'oeuvre d'un jour à l'autre. Et un bouleversement inattendu de la croissance commerciale chinoise ne ferait qu'aggraver les problèmes économiques internes tout en ternissant les perspectives de la croissance commerciale mondiale.
Fort heureusement, le premier déficit commercial trimestriel de la Chine en six ans indique que le plus grand pays exportateur du monde sera mieux positionné pour s'appuyer sur la demande intérieure pour construire une croissance robuste, tout en continuant de servir de force motrice-clé pour le commerce mondial.
Une accumulation ralentie d'excédents commerciaux qui font gonfler les disponibilités intérieures en liquidités allègeront la pression qui pèse sur les décideurs politiques chinois qui luttent pour juguler l'inflation. Et la croissance accélérée des importations est sûrement liée à une forte consommation intérieure.
Après que les exportations aient augmenté de 14,5% l'année dernière, la plus forte hausse constatée depuis 1950, l'Organisation Mondiale du Commerce a prédit une hausse de 6,5% pour le commerce mondial cette année. Cela veut dire que le commerce des pays en développement devrait connaître une croissance de 9,5%, tandis que celui des pays développés devrait croitre de 4,5% en 2011.
En tant que premier exportateur de produits du monde avec une part de 10% du marché mondial, l'élan de la croissance du commerce de la Chine est sans aucun doute d'importance pour la reprise du commerce mondial.
Mais plus important, les progrès de la Chine dans la réduction de ses excédents commerciaux constituent une base essentielle à la communauté internationale pour éviter l'élargissement des déséquilibres commerciaux, qui constituent un défi de taille à une reprise mondiale durable. |