Dans la rubrique "Service à la clientèle" du site Internet de Carrefour Chine, filiale du grand distributeur français, on peut lire un slogan "votre satisfaction est notre bonheur". Mais ce Carrefour Chine vient d'être sanctionné par la Commission nationale pour le Développement et la Réforme de Chine (CNDR), pour avoir trompé des consommateurs.
Une théière en forme de globe était affichée à 36,8 yuans dans le magasin Nanxiang de Carrefour à Shanghai, mais la caissière a enregistré un prix de 49 yuans.
Le magasin Xinmin de Carrefour à Changchun, dans la province du Jilin (nord-est), a vendu des sous-vêtements pour homme à 50,70 yuans en prétendant que le prix d'origine était de 169 yuans. Cependant, il s'avère que le prix original du produit était de 119 yuans.
Carrefour Chine est accusé, par la CNDR dans un communiqué publié mercredi 26 janvier, de plusieurs fraudes, comme l'affichage sur les étiquettes d'un rabais plus élevé qu'il ne l'est en réalité ou l'impression de certaines étiquettes pour faire croire à un prix inférieur.
L'américain Wal-Mart est aussi mis en cause par la CNDR pour les mêmes raisons.
Les hypermarchés concernés devront payer, selon la CNDR, cinq fois le montant des sommes injustement perçues. En cas d'impossibilité d'évaluer ces dernières, ils devront verser des amendes allant jusqu'à 500 000 yuans (75 987 dollars).
Carrefour Chine a exprimé mercredi après-midi ses excuses auprès des clients chinois, et s'est engagé à verser cinq fois les sommes injustement perçues, ainsi qu'à lancer une campagne d'inspection intérieure.
Entré en 1995 en Chine, Carrefour dispose aujourd'hui de plus de 160 magasins dans le pays. Il a commencé pourtant à perdre sa position de leader sur le marché. Le chiffre d'affaires de Carrefour a été dépassé par celui de RT-Mart, groupe basé à Taiwan, tandis que son concurrent traditionnel Wal-Mart a ouvert en Chine près de 200 hypermarchés.
En outre, ses frais d'entrée élevés ont fait l'objet de vives critiques en 2010. Des disputes avec ses trois gros fournisseurs, à savoir KSF (Kangshifu, le plus grand producteur chinois de nouilles instantanées), le groupe COFCO (China Oil & Food Corporation) et le groupe agroalimentaire Jiusan , ont été très médiatisées.
"Notre bénéfice brut se trouve à environ 25 points de pourcentage. Carrefour prend, considérablement, 20,5 points de pourcentage de notre main. Quand nous vendons les produits pour valeur d'un million de yuans au Carrefour, nous perdons 65 000 yuans", s'est plaint Zhang Guomin, directeur du centre commercial de Dingdian de Beijing, lors d'une interview accordée à National Business Daily.
Cette entreprise, en proie à de multiples frais d'entrée et de promotion, est un fournisseur de produits congelés au Carrefour Chine.
"Les frais d'entrée trop élevés nuisent, sur la durée, à la santé de Carrefour", a commenté en septembre dernier Lang Xianping, économiste chinois renommé. Il a indiqué que la dépendance aux marges arrières dans le modèle économique de Carrefour était une vision à courte vue et un mauvais exemple pour les distributeurs chinois.
Ces dernières années, Carrefour s'est retiré successivement des marchés sud-coréen, britannique, russe et japonais. En avril 2010, le groupe français a vendu 524 magasins au Portugal.
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