Les hauts décideurs de politique doivent se réunir lundi 8 décembre pour discuter des moyens à adopter pour relever les défis afin d'assurer au moins une croissance économique de 8% l'année prochaine, tout en faisant progresser la restructuration économique du pays, ont dit des économistes.

La conférence centrale sur le travail économique, qui est annuelle, se tiendra cette année, de lundi à mercredi 10 décembre à Beijing, Elle établira les principes essentiels de la politique économique de l'année prochaine. Cette réunion de trois jours laissera voir plus clairement comment le gouvernement utilisera des mesures fiscales et monétaires pour créer davantage d'emplois et stimuler la demande intérieure, tout en réduisant la dépendance excessive des exportations.

« La conférence adoptera des mesures détaillées permettant de parvenir au moins à une croissance de 8% en 2009, le minimum requis pour maintenir le taux de chômage sous contrôle », a dit Song Hong, chercheur de l'Académie des Sciences sociales de Chine. M.Song était l'un des deux économistes qui avaient participé à la réunion des hauts officiels du Parti (Parti communiste chinois) tenue le 28 novembre pour discuter des priorités économiques en 2009.

La croissance économique dans le pays a diminué à 9% au 3ème trimestre de cette année, par rapport à 11,4% en 2007. Sous l'effet de la baisse économique globale, la croissance chinoise pourrait même diminuer jusqu'à 7,5 % en 2009, le niveau le plus bas de ces 20 dernières années, a prévu la Banque mondiale.

Une telle croissance, jugée haute pour de nombreuses économies, n'est cependant pas assez pour un pays qui a besoin de créer chaque année 10 millions d'emplois pour de nouveaux diplômés chercheurs de travail.

Au cours de ces derniers mois écoulés, de nombreuses entreprises d'exportation dans des régions côtières ont fermé, ce qui a abouti au licenciement des centaines de milliers de travailleurs migrants.

Face à une telle situation, le gouvernement a adopté des mesures telles que le plan de stimulus d'une valeur de 586 milliards de dollars et d'importantes baisses à plusieurs reprises du taux d'intérêts pour stimuler la demande intérieure.

Des analystes ont dit que le gouvernement expliquera au cours de la conférence comment il financera ce plan de stimulus, qui est important pour compenser la baisse de la demande extérieure.

Zhang Ping, ministre chargé de la Commission d'Etat pour le Développement et la Réforme, a dit antérieurement que ce plan de stimulus pourrait soutenir la croissance annuelle du PIB (produit intérieur brut) de 1 point de pourcentage en 2010. Des statistiques montrent que 1 point de pourcentage dans la croissance du PIB permettra de créer environ 1 million d'emplois.

“Des hauts décideurs de politique pourront lancer davantage de mesures de stimulus fiscal et monétaire”, a dit l'économiste Song, car“le plan de 586 milliards de dollars se révélera insuffisant, face à la détérioration de l'économie mondiale”.

Selon des reportages antérieurs, les décideurs de politique discuteront également de l'élévation du palier d'imposition du revenu personnel jusqu'à 3 000 yuans (441 dollars) par mois, contre 2 000 yuans (294 dollars) de l'heure actuelle. Cette mesure, combinée avec des réductions de taxe déjà annoncées pour des entreprises locales, pourra stimuler la consommation intérieure et l'investissement d'entreprises.

Certains analystes espèrent également que le yuan commencerait à se déprécier après la conférence, ce qui profitera aux entreprises exportatrices.

La plupart des analystes espèrent que la conférence adoptera davantage de mesures destinées à maintenir la croissance. Certains ont dit que les décideurs de politique réaffirmeront également qu'ils n'ont pas l'intention de différer la transformation du mode de développement du pays.

“La crise actuelle sera peut-être une opportunité de réduire la dépendance excessive des exportations », a dit Zhao Tao, secrétaire général adjoint de l'Office de Recherche de la politique rattaché au Comité central du Parti communiste chinois, qui a écrit un commentaire publié samedi 6 décembre par le Outlook Weekly, une publication de l'Agence de Presse Xinhua.

Selon M.Zhao, les politiques du pays visent directement à stimuler la demande intérieure, notamment la consommation, plutôt que la manufacture des articles de bas de gamme destinés à l'exportation.

Le pays s'efforcera de réduire sa dépendance du commerce extérieur, à 40% en 2020, contre 60% de l'année dernière, et finalement jusqu'à moins de 25%.

Le gouvernement adoptera davantage de mesures pour encourager la consommation, qui représentera environ 75 à 80% du PIB en 2020, a dit M.Zhang.

La consommation finale, qui comprend le logement et la dépense de communauté, représente maintenant environ à 50% de l'économie du pays, par rapport à une moyenne de 70% dans des pays en développement et 80% dans des économies développées. Ce qui oblige la Chine de dépendre fortement de la demande extérieure. Ce qui la rend également vulnérable à la baisse économique mondiale.

“Les décideurs de politique doivent comprendre clairement que la croissance ne doit pas se réaliser, en ajournant la restructuration économique du pays”, a dit Zhang Xiaojing, économiste de l'Académie des Sciences sociales de Chine, le haut think tank du pays. “Ou nous risquerons la répétition de la crise d'aujourd'hui dans quelques années”.