Dongguan, l'une des villes chinoises les plus affectées par la crise financière mondiale, a les capacités de faire face. C'est du moins ce qu'ont affirmé des responsables et des entrepreneurs locaux.
"Les bases de l'économie de Dongguan n'ont pas changé", a fait remarquer Liu Zhigeng, responsable de la municipalité de Dongguan, indiquant que le ralentissement économique, conforme aux prévisions, était normal.
Dongguan figure parmi les premières zones industrialisées du Guangdong, province dans le sud de la Chine dont l'économie s'appuie largement sur le secteur de transformation pour l'exportation. Dans une interview accordée à l'agence Xinhua (Chine Nouvelle), M. Liu a révélé que l'impact de la crise financière sur cette région était un peu exagéré par les médias en raison de la fermeture de Smart Union Group (Holdings) Limited, un important fabricant de jouets installé à Dongguan.
Smart Union Group (Holdings) Limited a mis la clef sous la porte le 15 octobre dernier, sous le poids des coûts de production trop élevés pour un carnet de commandes désormais réduites, faute de demande dans les pays occidentaux touchés par la crise financière. Cette fermeture a entraîné une avalanche de reportages alarmistes. "Des milliers d'usines sont menacées de fermeture à court terme dans le Guangdong", ont averti les médias locaux.
Implantée à Dongguan depuis 1996, Smart Union a vu ses profits augmenter rapidement pendant cinq années consécutives. Pourtant, cet élan n'a pas pu durer. Depuis 2007, elle a procédé à une restructuration de ses investissements, en investissant dans le marché boursier et le secteur minier, une démarche qui s'est avérée un échec et l'a précipitée dans la ruine.
Aux dires de M. Liu, l'économie de Dongguan reste néanmoins saine dans l'ensemble, grâce à une croissance économique de 15,1% et à une augmentation des exportations de 17,3% enregistrée durant les neuf premiers mois de l'année. En outre, 714 entreprises en faillite ont été recensées pendant cette période, soit presque le même niveau que l'an dernier (909 fermetures), a poursuivi le responsable.
"C'est l'occasion de redistribuer les cartes, car l'économie locale était en surchauffe ces dernières années", a affirmé Chen Zhishen, directeur exécutif d'un important fabricant de lunettes, Sun Hing Vision Group, qui emploie environ 8 000 ouvriers migrants. Selon lui, la crise financière planétaire a "nettoyé" une bonne partie des petites entreprises qui s'étaient livrées à une compétition déloyale, au sacrifice de l'environnement et du marché de la main-d'oeuvre. "Nous, les grandes sociétés, ne sommes pas gravement atteintes par la crise", a-t-il noté, soulignant que la crise devait "servir de coup de semonce" à la Chine afin qu'elle modifie la structure de son secteur optique, de manière à accélérer la transformation du mode de croissance et à réduire la dépendance vis-à-vis de l'Occident.
De son côté, Xu Tianlian, directeur de Turbo Knitwear Fashion, a reconnu que le secteur du textile était gravement affecté par la crise financière, et que beaucoup de "très petites entreprises" devraient fermer leurs portes dans les mois à venir. "Nous considérons la crise comme une opportunité, et le marché devrait revenir à la normale", a-t-il déclaré. Masahito Fujimura, directeur général de la société japonaise Nissei, un important fabricant de pièces détachées pour produits électroniques installé à Changping, un des districts de la municipalité de Dongguan, a également reconnu que les commandes avaient connu une baisse d'environ 50% ces deux derniers mois, par rapport à la même période de l'année précédente. Il a principalement attribué cette baisse à l'augmentation des prix des matières premières et à l'appréciation de la monnaie chinoise. "Avec la commercialisation de nos nouveaux produits, nous aurons beaucoup de carnets de commandes dès mars prochain."
Grâce à la stabilité de l'économie locale, la plupart des ouvriers migrants ne s'inquiètent pas de leur avenir. "Il y a deux mois, j'ai dû quitter mon entreprise en raison de problèmes personnels. Et une semaine plus tard, j'ai trouvé un autre emploi chez Duobao, une entreprise de textile, ce n'était pas très difficile", a dit Zhu Shaoling, jeune femme de 28 ans. "La plupart de mes amis pourront trouver un emploi à Dongguan, car l'économie locale est encore très dynamique pour l'instant", a-t-elle affirmé. "A ma connaissance, aucun de mes amis n'est au chômage, s'ils veulent travailler, ils pourront facilement trouver un emploi", a également déclaré Xie Chunlan, 26 ans, qui a été embauchée dans une usine de textile la semaine dernière.
Les autorités de Dongguan ont reconnu que l'économie avait été affectée par la crise financière mondiale. Pour améliorer la situation, le gouvernement local a mis en place des fonds d'un montant de cinq milliards de yuans, destinés à aider les entreprises locales à surmonter la crise, tout en adoptant une série de mesures pour éviter la faillite d'autres usines. |