L'abondante offre du pays en main-d'oeuvre pas chère, perçue comme l'épine dorsale de son exceptionnel développement économique, pourrait arrêter de se développer dans un ou deux ans et commencera à baisser d'ici 10 ans, a déclaré un grand expert économique ce mardi 11 mars 2008.

"La transition vers un équilibre de l'offre de travailleurs pourrait également comporter des pénuries dans certains zones", a répliqué Cai Fang, directeur de l'Institut d'économie sur la population et le travail.

"Les fondements de la grande force de travail ont changé, comme l'indique la pénurie de travailleurs migrants".

Par conséquent, Cai Fang a dit que le coût du travail forcera les investisseurs étrangers à abandonner "l'usine du monde". La force de travail rurale de la Chine est le fer de lance de la croissance du pays, mais la pénurie de la main-d'oeuvre a commencé à toucher le Delta de la Rivière des Perles en 2004 avant de s'étendre aux autres zones dont le Delta de la rivière du changjiang (Yangtzé), les villes de moyenne et grande taille, et même les régions du nord-est traditionnellement riches en main-d'oeuvre.

Le nombre de travailleurs en surplus âgé de plus de 40 ans capables de migrer vers les villes pour trouver un emploi sont seulement de 50 millions, a fait valoir Cai Fang, également membre de l'Assemblée Populaire Nationale (APN). Sur cet effectif, une grande partie souhaite rester et travailler dans les emplois ruraux à cause des politiques préférentielles du gouvernement dans le secteur de l'agriculture.

"Cela n'est pas logique d'avoir une importante force de travail en zones rurales," a dit Cai Fang.

La pénurie pourrait aussi mener à une hausse de la demande pour de plus hauts salaires, ce qui pourrait détruire l'avantage concurrentiel de la Chine.

"Avant 2003, les salaires des travailleurs migrants sont restés quasiment inchangés," a rappelé Cai Fang.

Mais l'année dernière, les hausses de salaires ont dépassé les 20% sur un fond de hausses de salaires depuis 2003. Parallèlement, les hausses de salaires des pauvres ont immédiatement boosté la demande de consommation, ce qui a en partie provoqué la forte hausse des prix en 2007, a expliqué Cai Fang.

"Il existe diverses raisons derrière l'inflation des produits alimentaires, mais l'une d'entre elle est la demande à la hausse boostée par le pouvoir de consommation des bas revenus", a-t-il dit.

Cai attribue également les changements intervenus dans l'offre de main d'oeuvre à la politique du planning familial datant de 30 ans et de la croissance économique.

Mais il est opposé à la réforme de la politique, demandant plutôt le relâchement de celle-ci.

"La politique du planning familial est une politique nationale à long terme. C'est différent de la politique de l'enfant unique", a-t-il dit.

Par exemple, dans de nombreuses parties de la Chine, les couples qui sont issus eux-mêmes des enfants uniques sont autorisés à avoir un enfant. Dans certaines régions, un second enfant est autorisé si l'un des parents est enfant unique, a-t-il expliqué.

"Une réforme progressive et raisonnable de cette politique est nécessaire en Chine, et les départements pertinents étudient les possibilités".

Il réfute également les points de vue comme quoi la politique du planning familiale a résulté dans un déséquilibre entre les genres, avec un pays ayant 30 millions d'hommes en âge de se marier en plus que les femmes, ceci en moins de 15 ans.

"Le désiquilibre des genres est sans rapport avec la politique de planning familiale", selon lui.

L'origine du déséquilibre entre les genres est la préférence traditionnelle pour les garçons, qui est à son tour provoqué par les préjugés sur les genres sur le marché de l'emploi, un système de protection sociale défectueux qui fait que les gens, notamment les couples ruraux, pensent qu'ils ont besoin d'un fils pour s'occuper d'eux lorsqu'ils vieillissent, a expliqué Cai Fang.