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Les pouvoirs publics camerounais
envisagent, à travers nombre d'initiatives visant à inciter
l'intérêt des acteurs de la filière et à promouvoir la consommation
locale du café camerounais recherché pour sa qualité et son
authenticité, de porter la production annuelle à 160 000 tonnes en
2020, contre près de 45 000 tonnes actuellement.
Le premier festival du café jamais
organisé en Afrique, a été lancé jeudi pour trois jours,
simultanément à la capitale Yaoundé et dans 8 autres villes du
pays. Il devrait accueillir près de 7 000 visiteurs pour la seule
foire-exposition de Yaoundé.
D'après Luc Magloire Mbarga
Atangana, ministre du Commerce, ce festival vise à "interpeller
l'ensemble des intervenants de la filière sur l'attractivité de la
filière café au Cameroun, porteuse de tant d'espoirs pour le monde
paysan".
D'autres initiatives, à l'instar du
projet de professionnalisation des producteurs, l'aide à la
création de nouvelles plantations ou l'incitation à la
transformation locale du café, sont également en cours.
Il est à noter que cette "filière
en pleine vitalité nourrit directement près de 300 000 ménages et
les retombées profitent à près de 3 millions de personnes", a
souligné Apollinaire Ngwé, président du Conseil interprofessionnel
du cacao et du café (CICC), syndicat regroupant tous les acteurs
des filières cacao et café du Cameroun.
FINANCEMENTS PUBLICS POUR LE
RAJEUNISSEMENT DES PLANTEURS
Face au constat du vieillissement
du producteur (en 2011, d'après le CICC, l'âge moyen du producteur
de café était de 55,81 ans et de 65,11 ans dans la région de
l'Ouest), le CICC a mis en route le programme dénommé "NEW
GENERATION" afin de rajeunir la force de production, d'améliorer la
qualité et la productivité et finalement d'accroître la production
globale du cacao et du café.
Ce programme soutient les jeunes
issus des centres de formation agricole pour faire d'eux de
véritables professionnels de la caféiculture ou de la cacaoculture.
Ainsi, durant leur formation, les jeunes retenus reçoivent une
formation complémentaire spécialisée et acquièrent de l'expérience
de la pratique agricole au moyen de voyages d'études.
Une fois sur le terrain, le CICC
apporte à chaque jeune qui s'engage à ouvrir une exploitation de
caféiers ou de cacaoyers d'au moins 3 hectares un encadrement
technique sur la conduite de l'exploitation pendant 3 ans, un appui
à la mise en place de la pépinière, un appui technique dans la
commercialisation ainsi que son parrainage pour la
certification.
Cette opération de charme vise à
remédier aux effets néfastes de la crise intervenue lors de la
chute des cours mondiaux de 2007-2008, qui a incité les producteurs
à délaisser la production du café, certains allant même jusqu'à
abattre les plantations.
"La crise, longue et grave, qu'a
connue la filière semble derrière nous. Elle se revitalise et les
producteurs retrouvent le sourire", s'est réjoui le président du
CICC, ajoutant que "les jeunes et les femmes entrent en force dans
la production et la transformation du café".
AUTRES INITIATIVES EN COURS
Interrogé par Xinhua, Emmanuel
Tchoupau, chef d'agence de l'Union centrale des sociétés
coopératives agricoles de l'Ouest (UCCAO) de Yaoundé, confirme que
"les pouvoirs publics assurent le suivi jusqu'à la production et
offrent gracieusement, pendant les 3 premières années, les plants
de caféiers et les intrants (engrais, herbicides, etc.)".
Dans cette optique, le gouvernement
a créé le Fonds de développement des filières cacao et café
(FODECC), doté de 32 millions de dollars pour financer la relance
de ces deux filières, le soutien à la recherche gage d'une
amélioration de la qualité, la promotion de la transformation et de
la consommation locales et l'appui aux programmes de formation et
d'information des opérateurs.
Les projets subventionnés par le
FODECC ont pour missions, entre autres, "de produire 600 000 tonnes
de cacao et 160 000 tonnes de café (35 000 tonnes pour l'arabica et
125 000 tonnes pour le robusta) et transformer 40% de ces
productions à l'horizon 2020".
REEL REGAIN D'INTERET POUR LE
CAFE
"Aujourd'hui, nous produisons 3000
tonnes de café chaque année. Nous comptons améliorer notre
production en renouvelant les plantations vieillissantes", a
indiqué à Xinhua Rebecca Kamgue, présidente du conseil
d'administration (PCA) de la Coopérative agropastorale des femmes
rurales du Littoral, Ouest et Sud-ouest (COOPAFERLOS).
Pour la COOPAFERLOS, créée il y a
bientôt 13 ans et qui compte aujourd'hui 4000 membres, il s'agit
surtout maintenant de "passer à la transformation qui génère une
plus grande plus-value afin d'inciter les producteurs camerounais à
consommer leur propre café".
Emmanuel Tchoupau, de l'UCCAO qui
se veut le partenaire exclusif de l'Etat à l'Ouest-Cameroun pour la
relance des filières cacao-café depuis 1958, soutient qu'"il y a un
regain d'intérêt réel pour le café".
Cependant, pour Thomas Padjouo
Nguewo, président du conseil d' administration de la Société
coopérative agropastorale du Cameroun, "les Camerounais ne
consomment pas beaucoup le café".
En outre, le festival du café
nourrit également l'ambition "de briser les préjugés entourant le
café, de sensibiliser le grand public et les jeunes en particulier
à la consommation du café et sur son impact positif sur la santé et
la vitalité". F
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