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Patron d'une agro-industrie héritée
de son père, René Claude Metomo Elogo, 51 ans, gère depuis 16 ans
une exploitation de poivre de près de 40 hectares à Penja, localité
de la région du Littoral située à quelque 70 km de Douala, la
métropole économique camerounaise, qui en fait un des principaux
producteurs de cette épice très prisée des consommateurs.
Tout en recommandant le courage à
ceux qui désirent investir dans cette culture, parce qu'elle
nécessite une maîtrise des techniques de production et de gros
financements dans un pays où l'accès aux crédits est un casse-tête
pour les acteurs du monde rural, il confie son bonheur en affirmant
un filon en or.
"Le poivre nous fait vivre
tranquillement quand même", avance modestement Metomo Elogo, que le
Groupement des producteurs de poivre de Penja composé de 280
exploitants indépendants a naturellement désigné comme son chef de
file.
Un rôle que l'intéressé assume avec
enthousiasme en multipliant les initiatives pour l'inscription de
ce produit, un cru exceptionnel, au catalogue des indications
géographiques où il est sur le point d'être admis, avec le miel
d'Oku (Nord-ouest), une première pour les produits agricoles
d'Afrique subsaharienne.
A raison d'une tonne à l'hectare,
sa plantation en fournit une quarantaine sur les quelque 300 tonnes
de production nationale annuelle. "Le marché local est très
important, parce que les Camerounais savent déjà ce qu'est le
poivre de Penja. C'est déjà un atout. Sur le marché international,
nous vendons en France, en Allemagne et en Suisse. Je peux estimer
que 30% de notre poivre part à l'étranger", dit-il.
Conditionné dans des petites
boîtes, le poivre des plantations Metomo est commercialisé sous un
nom de marque : Afidi. "Ça se vend très bien, on aurait pu mieux
faire. Mais, il faut adapter à chaque fois le produit aux
conditions du marché européen qui sont assez draconiennes", fait
savoir l'agro-industriel qui, pour ces exigences d'exportation, a
fait certifier son produit.
"Nous avons certifié notre
plantation Global Gap. Gap, ça veut dire good agricultural
practice", explique-t-il, précisant que cette mise aux normes lui a
coûté entre 4 et 5 millions de francs CFA (entre 8.000 et 10.000
USD) pour la formation du personnel, un effectif de quatorze
employés permanents qui augmente à près de 50 avec le recrutement
de temporaires en période de production.
"Etant donné qu'il n'y a pas
d'organisme de certification internationalement reconnu au
Cameroun, ça veut dire que les agents certificateurs viennent de
l'étranger. Ce déplacement nécessite une prise en charge. Il faut
payer leurs billets d'avion, les héberger et permettre qu'ils
fassent leur travail dans de très bonnes conditions", note par
ailleurs Metomo Elogo.
"Les plantations Metomo,
assure-t-il, c'est une histoire de l'amour de la terre. Ça va faire
seize ans maintenant que je suis planteur. Je suis parti d'un
travail que j'avais à Douala, bien payé quand même. Je suis de ceux
qui font la promotion de notre produit. J'aide mes confrères à
développer leurs cultures, à mieux produire et à aborder certains
marchés".
"Nous sommes sur une superficie
d'environ 38 hectares, de divers âges, parce que tout ça n'a pas
été planté en un jour. En ce moment, nous sommes en train de
chercher des terres pour pouvoir agrandir notre plantation",
ajoute-t-il. Une nouvelle parcelle de 10 hectares vient à cet effet
d'être acquise.
Son matériel végétal, il affirme
l'obtenir est sur place. "A l'origine, les premiers plants que nous
avons produits venaient de la CDC (Cameroon Development
Corporation, agro-industrie à capitaux publics, NDLR), ils ont
permis d'avoir les premiers cultivars. Aujourd'hui, nous avons des
plantations qui produisent du matériel végétal".
Les plantations Metomo couvrent une
superficie totale estimée à 55 hectares, élargis à d'autres
cultures telles le kolatier, le giroflier et la citronnelle
qualifiée de "culture d' avenir". "Nous allons transformer notre
citronnelle en infusette. Et je tiens à vous dire que tout le
matériel de transformation que j'utilise pour la citronnelle pour
la mettre en infusette, pour le poivre pour le conditionner et
mêmes les conditionnements sont achetés en Chine", renseigne le
patron.
"La Chine a été très importante
dans notre développement, parce que les prix de tous ces
matériels-là étaient abordables pour nous. En ce moment, tout le
matériel que nous avons commandé pour la citronnelle est dans les
bateaux, il arrivera ici en avril", poursuit-il. Fi
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