La guerre contre les groupes islamistes armés du Nord Mali conduite par la France et un déploiement militaire des pays ouest-africains aux côtés de l'armée malienne constitue, en dehors de son impact humanitaire, un réel défi sécuritaire pour les pays frontaliers, face à de possibles représailles islamistes.
La récente prise d'otages par un groupe jihadiste sur un site gazier en Algérie qui s'est soldée par la mort de près de 50 ressortissants européens, américains et japonais est bien plus qu'un signal.
La prise d'otages a été revendiquée par un banni d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l'Algérien Mokhtar Belmokhtar surnommé "le Borgne" et son unité combattante, "les Signataires par le sang", qui ont promis dimanche "plus d'opérations" pour tous les pays ayant pris part à "la croisade" contre le Nord du Mali "s'ils ne reviennent pas sur leur décision".
"Nous rappelons à nos frères musulmans la nécessité de se tenir à l'écart des sites des sociétés étrangères, notamment françaises, pour protéger leur vie", ont-ils averti.
LA SECURITE REGIONALE PARTICULIEREMENT MENACEE
Le Mali a une frontière commune avec sept pays et certains, dont majoritairement les pays ouest-africains, qui sont en train de réunir 3 300 hommes pour combattre les jihadistes, sont plus que dans l'œil du cyclone.
La guerre au Mali peut avoir un "effet domino" qui frapperait le Niger, l'Algérie, la Mauritanie, le Sénégal, le Burkina Faso et même la Libye.
Selon des experts, ces pays sont menacés du fait de la porosité de leurs frontières, de l'existence de dynamiques transfrontalières au niveau des populations et des acteurs de violence politique ou criminelle et d'une circulation transnationale et régionale des combattants et des armes avec notamment les mouvements salafistes et la secte islamique Boko Haram.
Le Niger dont le pays est entouré de trois foyers de tensions, Nord-Mali, Sud-Libye, Nord-Nigeria avec Boko Haram semble "le plus fragile".
Le pays qui compte déployer 500 hommes au Mali a été déjà le théâtre de nombreux enlèvements revendiqués par Aqmi.
Le Tchad qui a promis 200 militaires à la force internationale au Mali se sait également "très fragile" et susceptible d'être impacté encore plus par la guerre contre les islamistes.
Plus gros contributeur de troupes avec 900 soldats, Le Nigeria, qui dirigera la force africaine, fait déjà face sur son sol à une insurrection du groupe islamiste Boko Haram dont des éléments s'entraîneraient au Nord Mali et auraient des liens avec Aqmi.
La prise d'otages sur le site pétrolier et gazier d'In Amenas est là pour montrer que l'Algérie, berceau originel d'Aqmi, est également menacée par les extrémistes islamistes même si le pays n'est pas pourvoyeur de troupes.
La guerre contre les islamistes au Mali préoccupe aussi les autorités du Sénégal dont 500 militaires sont envoyés au front et les forces de sécurité sont en alerte maximale contre les menaces terroristes.
"Les forces de sécurité du Sénégal ont déployé des moyens matériels et humains jamais égalés, l'objectif, c'est de détecter et de mater à la seconde près tout acte soupçonné de terrorisme", selon un patron des services de renseignements généraux.
"Les forces de sécurité sont en alerte maximale, que ce soit à Dakar ou à l'intérieur du pays, surtout à la zone est, frontalière avec le Mali. Tout le dispositif nécessaire est bien fonctionnel", assure-t-il.
Pour le directeur pour l'Afrique de l'Ouest de l'International Crisis Group, Gilles Yabi, "il y a des risques d'attaques terroristes" pour les voisins du Mali.
"Tous ces pays peuvent être confrontés à des formes de représailles", prévient-il. |