L'escalade de la violence au Mali a
propulsé la France sur le devant de la scène. Peu après l'annonce
d'une intervention militaire au Mali, la France a vu les venir de
toutes parts, de l'approbation de l'ONU jusqu'à l'engagement de
CEDEAO en passant par une assistance logistique de Washington.
Cependant, alors que les combats se poursuivent, des voix de la
discorde commencent à se faire entendre : le Mali serait-il en
train de devenir l'Afghanistan pour la France?
Un chef de l'un des groupes
islamistes radicaux au Mali a déclaré que la France venait
"d'ouvrir les portes de l'enfer", et tomberait dans un piège
"beaucoup plus dangereux que l'Irak, l'Afghanistan ou la
Somalie".
Un groupe radical a exécuté sa
menace mercredi matin en attaquant une installation gazière dans la
localité d'In Amenas, dans la province d'Illizi, à 1.760 km au
sud-est d'Alger. Le bilan fait état de deux morts (un Norvégien et
un Britannique), six blessés (4 Algériens et 2 étrangers), et "un
peu plus d'une vingtaine" d'otages étrangers (selon Alger) ou "41"
(selon le groupe Al Mouwaqiin Bi Dam, littéralement "les
signataires de sang") qui revendique l'acte. Plusieurs Algériens
ont fini par être libérés.
En France, des hommes politiques
ont également manifesté leur inquiétudes. L'ancien Premier ministre
Alain Juppé a remis en question une intervention terrestre de
l'armée française. "J'ai peur que nous ne soyons engagés dans une
spirale que nous aurons du mal à maîtriser", comme l'OTAN en
Afghanistan, a-t-il avancé.
Pour rappel, les Etats-Unis et
d'autre pays membres de l'OTAN ont prévu un retrait de leurs
troupes en Aghanistan d'ici la fin 2014, laissant aux mains du
gouvernement local un pays encore pauvre et dévasté par les
conflits armés. Malgré la lutte de dix ans contre le terrorisme,
les talibans sont loins d'être déracinés. C'est pour cela que la
presse américaine soupire, affirmant que l'Afghanistan est le
cimetière des empires.
Quant au Nord du Mali, il s'agit
d'une région qui, depuis 2003, a été progressivement noyautée par
Al-Qaïda au Maghreb islamique (aqmi). Depuis qu'ils ont été chassés
du sud de l'Algérie, les islamistes, des Algériens pour la plupart,
ont trouvé leur refuge au Mali voisin. Petit à petit ils ont accru
leur influence dans le nord du pays.
Les circonstances actuelles au Mali
comportent de nombreux parallèles avec celles de l'Afghanistan.
Premièrement, les troupes
françaises au Mali, bien qu'elles jouissent d'un soutien aérien,
feront face à la question de logistique si la guerre continue,
tandis que les groupes islamistes ont leur base dans le Nord du
Mali après des années de présence. Deuxièmement, la région du Nord
du Mali est principalement désertique et peu peuplée : si les
troupes françaises peuvent s'emparer de villes dans la région, il
leur est difficile de maintenir l'administration dans des lieux si
reculés. Si les islamistes mènent la guerre dans le désert, les
Français auront du mal à les anéantir. Troisièmement, les forces
maliennes sont sous-équipées et faibles, et ne peuvent ainsi
fournir le soutien aux troupes françaises, d'autant plus que les
groupes armés sont nombreux dans le Nord du Mali. Ces groupes sont
liés à des forces extrémistes d'Afrique du Nord et de l'Ouest. En
un mot, la France fait face à un vaste réseau terroriste formé par
Al-Qaïda dans la région du Sahel.
En effet, le gouvernement français
se rend compte que la région est une véritable poudrière.
l'ex-ministre français de la Défense Hervé Morin a lancé à la
tribune de l'Assemblée: "Oui la France devait intervenir mais non
nous n'avons pas vocation à être en première ligne au-delà de
quelques semaines, au pire quelques mois".
Malgré le plan envisagé de la
France, les rebelles du Nord du Mali, bien entraînés et dotés
d'armes modernes, sont difficile à vaincre à court terme. Même si
l'armée française réussi à abattre les groupes, ces derniers
risquent de revenir à l'attaque si l'intervention française ne
dépasse pas quelques semaines. La situation financière en France ne
permet pas une intervention à long terme, qui alimenterait les
craintes d'attaques terroristes.
Il est probablement encore trop tôt
pour qualifier le Mali "d'Afghanistan français", mais il est
indéniable que les groupes extrémistes pourraient plonger la France
dans une longue guerre dans le désert. F
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