L'ancien président français Valéry
Giscard d'Estaing (1974-1981) a mis en garde mercredi contre une
éventuelle dérive "néocolonialiste" de l'intervention militaire
française au Mali, lancée vendredi dernier.
"Je veux mettre en garde contre une
évolution de l'action de la France au Mali, qui serait de type
néocolonialiste", a déclaré l' ex-chef d'Etat français, confiant
son avis au journal français Le Monde. "Le Mali est un Etat
indépendant depuis 1960", a-t-il insisté.
"La France doit s'en tenir
strictement à son soutien logistique aux forces africaines", a
souligné M. Giscard d'Estaing, qui a rappelé la complexité de la
situation malienne.
"(Le Mali) est peuplé d'ethnies
différentes, bambara, peul, songhaï, touareg, qui se sont opposées
et parfois affrontées. Leurs cultures sont anciennes et fragiles.
Le pays a connu des crises politiques et des coups d'Etat", a-t-il
détaillé.
M. Giscard d'Estaing s'est, en
outre, enorgueilli d'être "le seul président de la République à
avoir visité Tombouctou (nord- ouest du Mali) où (il a) été
accueilli par des centaines ou peut- être des milliers de touaregs
qui bordaient la route sur leurs chameaux".
"Dans le nord-est du pays se sont
installés des groupes terroristes, venus de l'extérieur, et qui ont
capturé des otages, dont la vie est en danger. On ne doit pas
confondre ces derniers avec les islamistes", a-t-il poursuivi,
mettant en avant la diversité des occupants de la partie nord de ce
pays ouest- africain.
"Une frappe aérienne pouvait être
justifiée pour stopper une avance qui menaçait Bamako, avant que la
force d'intervention africaine, décidée par l'ONU, ne soit arrivée
à Bamako", a estimé l'homme politique français, âgé de 86 ans, pour
qui l'action de l' armée française au Mali aurait dû se limiter à
un soutien logistique.
"Des frappes aériennes dans le nord
et l'est du pays atteindraient des populations civiles, et
reproduiraient les destructions inutiles de la guerre en
Afghanistan. Elles auraient sans doute les mêmes résultats
politiques", a conclu M. Giscard d' Estaing, craignant que la
France s'embourbe dans ce conflit. F
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