Les Nigériens dont 500 de leurs
soldats seront incessamment déployés au Mali dans le cadre de la
force prévue par la Communauté économique des Etats d'Afrique de
l'Ouest (CEDAO) pour déloger les groupes islamistes, approuvent
largement cette option, et apportent leur soutien total à leur
armée.
Il est à rappeler que le président
de la République Mahamdou Issoufou a confirmé lundi l'imminence du
départ du contingent nigérien pour le Mali.
"Le Niger va assumer ses
responsabilités et honorer les engagements qu'il a pris dans le
cadre de la CEDEAO", a-t-il affirmé.
Dans cette perspective, le Conseil
national de sécurité du Niger s'est réuni lundi après-midi à Niamey
sous la présidence du chef de l'Etat Mahamadou Issoufou.
Par ailleurs, le président de la
République a convoqué en session extraordinaire l'Assemblée
nationale, mercredi prochain, en vue de délibérer sur
l'intervention de l'armée nigérienne dans le Nord du Mali, occupé
par des groupes armés proches d'Al-Qaïda.
En outre, il est prévu, mardi 15
janvier, un Conseil de la Défense, suivi d'un Conseil des
ministres, avec comme seul point la préparation de l'intervention
des soldats nigériens dans le combat contre les terroristes au
Mali, rappelle-t-on.
Pour beaucoup de Nigériens, la
participation de leur armée à la Force internationale en vue de
déloger "ces criminels", et aider le Mali à recouvrer son intégrité
territoriale, est plus qu'un devoir, c'est une obligation morale.
Le Niger et le Mali sont deux voisins et amis, partageant les mêmes
cultures, les mêmes langues de part et d'autre de la frontière
(Sonraï, Tamajek, Peulh et Arabe).
Le Niger a déjà accueilli des
dizaines de milliers de refugiés maliens civils et militaires,
contraints de quitter leur pays devant la poussée des forces
islamistes.
"L'envoi d'un bataillon n'est que
suite logique et digne d'un pays frère et ami", estiment-ils.
Le professeur Mamoudou Djibo,
enseignant chercheur à l'université "Abdou moumouni" de Niamey,
intervenant lundi sur la télévision nationale, appelle l'ensemble
des Nigériens, de tous bords, à faire front commun derrière leur
armée ; "car nous ne participons pas à une guerre, mais nous sommes
véritablement en guerre", a-t-il affirmé.
Le professeur Mamoudou Djibo
considère que le président nigérien avait eu raison d'avoir opté,
dès les premières heures, pour l'intervention militaire au Mali,
"sachant que la situation ne pouvait aboutir qu'à ce à quoi nous
assistons aujourd'hui; mais surtout d'avoir persévéré malgré les
avis discordants de certains chefs d'Etat voisins qui voulaient
nous endormir avec des prétendues négociations".
"La ville d'Ansongo est à moins de
300 km de Niamey ; s'ils finissent avec le mali, c'est chez nous",
a-t-il averti.
Il appelle par conséquent ses
concitoyens à la mobilisation générale, en contribuant à l'effort
de guerre que l'Etat seul ne peut pas supporter.
"Il faut aller jusqu'au bout ;
sinon le travail sera inachevé et ce sera la catastrophe pour la
suite", devait-il conclure.
En somme, les Nigériens sont
unanimes que leur gouvernement se voit dans l'obligation de réagir
parce que c'est la sécurité à l'intérieur même du pays qui est
menacée. Et pour la préserver dans ce contexte, il faut qu'il ait
la paix totale chez le voisin, le Mali.
Toutefois, certains citoyens
nigériens s'inquiètent d'un probable repli de ces terroristes sur
le territoire national, notamment dans les villes du Nord-Niger,
après la destruction de leurs bases au Mali, comme c'était le cas
lors de la guerre libyenne. Pour ces derniers, la même situation
risque de se répéter dans le cas malien où sous le déluge de
l'aviation française, les combattants d'd'Ansar Dine de Mujao et
d'AQMI ont mystérieusement disparu dans la nature, avec leurs
armes.
Pour l'acteur de la Société civile
nigérienne, Souley Oumarou, "sous le prétexte de ne pas subir des
représailles, nos forces armées ne vont pas croiser les bras. C'est
une guerre qui nous a été imposée, il faut faire face à toutes
responsabilités pour sécuriser le territoire national".
"Des dispositions doivent être
prises pour protéger les frontières nationales et contrecarrer
ainsi leur entrée au Niger", a-t-il suggéré.
En rappel, la CEDEAO propose
d'envoyer dans les tous prochains jours au Mali une force de plus
de 3 300 hommes composés de soldats nigériens, burkinabés,
togolais, sénégalais et nigérians, aux cotés des militaires
maliens, pour déloger ces groupes armés liens à Al-Qaïda et
permettre au pays de retrouver son intégrité territoriale.
Il faut préciser que cette
intervention de la force de la CEDEAO a été précédée par des
frappes intenses de l'aviation française, depuis vendredi dernier,
qui auraient détruit la quasi-totalité des bases des islamistes
dans le Nord malien.
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