En envoyant au Mali un contingent
militaire de 500 hommes, le Sénégal agit non seulement par
solidarité avec ce pays voisin, mais également pour sa propre
sécurité, estiment les analystes à Dakar.
Cette position stratégique a été
affirmée ce lundi par le président sénégalais Macky Sall lui-même,
et elle est partagée par la classe politique.
Le Sénégal qui travaille pour le
retour d'une paix durable et définitive dans sa partie sud
(Casamance, secouée par une rébellion indépendantiste depuis 1982)
a tout intérêt à aider le Mali avec qui, il partage une longue
frontière, à retrouver sa stabilité et son intégrité territoriale.
Sinon, il serait contraint de surveiller à la fois sa partie
nord-est (le long du fleuve Sénégal) et sa frontière sud avec la
Guinée-Bissau, pays connu ces dernières années pour son instabilité
politique chronique, font remarquer les observateurs.
Pour cette raison, de nombreux
leaders politiques sénégalais trouvent juste la décision du chef de
l'Etat sénégalais d'envoyer un contingent militaire au Mali suite à
l'occupation de sa partie nord par des groupes islamistes
armés.
Un contrôle par des groupes armés
d'une partie du territoire malien et leur envie de progresser vers
le reste du pays, combinés à une instabilité politique en
Guinée-Bissau, serait une porte ouverte aux narcotrafiquants et
autres terroristes et islamistes pour régner en maître dans la
sous-région, estiment les analystes.
La classe politique sénégalaise
partage cette analyse et a favorablement accueilli l'intervention
de la communauté internationale pour aider le Mali à recouvrer son
intégrité territoriale, un premier pas vers la stabilité
institutionnelle après le renversement de l'ex-président Amadou
Toumani Touré par des militaires.
"J'applaudis des deux mains la
décision du président Macky Sall d'envoyer des soldats au Mali", a
déclaré Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti socialiste
(PS, majorité présidentielle) qui réagissait à la télévision
publique sénégalaise dimanche soir.
Il a déploré la stratégie des
groupes armés qui ont déclenché une offensive alors l'opinion
internationale travaillait pour une solution politique.
"Pour moi, c'est l'Afrique qui est
attaquée au Mali. Donc, je me réjouis profondément que mon pays, le
Sénégal, (...) ait pris la décision courageuse de convoyer des
soldats au combat pour libérer le nord du Mali (...)", a pour sa
part déclaré Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires
étrangères sous l'ex-régime.
"La stabilité du Mali est
essentielle" pour le Sénégal, a-t-il souligné.
Pour sa part, l'actuel ministre
sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, a souligné dans
un journal local que "ce qui menace le Mali, menace le Sénégal" et
que son pays ne "peut adopter une position d'indifférence face aux
menaces sérieuses" qui pèsent sur son voisin.
Pour le ministre, l'envoi de
troupes sénégalaises au Mali est "un acte de solidarité et une
question de sécurité nationale parce qu'il ne faudrait pas que nous
laissions faire des groupes criminels et terroristes venir nous
imposer une façon de vivre, une façon de faire, une façon de penser
et d'agir".
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