Les Français vont se rendre aux urnes le dimanche 6 mai dans le cadre du second tour de l'élection présidentielle pour élire un nouveau président, qui est censé être capable de diriger la France et de sortir le pays de la crise dans les cinq ans qui viennent.
Les deux finalistes de la course à l'Elysée sont relativement proches sur la ligne de départ puisqu'un point et demi les sépare à l'issue du premier tour de la présidentielle, qui a vu le candidat socialiste François Hollande s'imposer en première position avec 28,63% des suffrages, contre 27,18% pour le président sortant Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP (Union pour un mouvement populaire) à sa propre succession.
Le vainqueur de ce duel, François Hollande ou Nicolas Sarkozy, lorsqu'il aura retrouvé l'apaisement du corps et de l'esprit après avoir savouré la victoire, devrait être bien conscient de la très lourde responsabilité qui lui incombe, face à la gravité de la situation que la France traverse, avec pour toile de fond la crise des dettes souveraines dans la zone euro.
Le taux de participation au premier tour, qui est d'environ 80%, a montré non seulement que l'élection présidentielle restait aux yeux d'une immense majorité d'électeurs le moment essentiel de la vie politique française, mais a également marqué la volonté des électeurs de dire leur mot à l'heure où la crise économique, sociale et financière les interpelle au quotidien, a signalé Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences PO, dans une interview accordée au Figaro, au lendemain du premier tour de la présidentielle.
La performance électorale de Marine Le Pen (Front national, extrême-droite) qui a réussi, avec 17,9% des suffrages, à se propulser dans une troisième place au premier tour, signife que cette élection présidentielle de 2012 est bien une élection de crise, a observé M. Perrineau.
L'ampleur de la crise économique que traverse le pays depuis 2008 a ramené au premier plan cette force politique qui est le porte-voix de nombre des difficultés et des inquiétudes véhiculées par ceux qui se vivent comme étant les "perdants de la mondialisation", a-t-il analysé.
HOLLANDE VEUT ECRIRE UNE NOUVELLE PAGE DE L'HISTOIRE
"Nous allons écrire une nouvelle page de l'Histoire", a déclaré François Hollande, lors de son dernier meeting tenu vendredi soir à Périgueux (sud-ouest) pour achever sa campagne électorale.
"Je souhaite une victoire ample, je le dis non pas pour la forcer", a déclaré M. Hollande, appelant les Français à lui donner victoire la plus large possible.
"Je suis en mesure de prendre les décisions qui engageront le pays", a-t-il assuré. «Je n'ai pas de délai de grâce».
Le prétendant socialiste à l'Elyése, qui profite des mécontentements d'une majorité de Français vis-à-vis du quinquennat de Nicolas Sarkozy, a déclaré vouloir "tourner plusieurs pages", dont celle du souvenir de l'élimination du candidat socialiste face à l'extrême-droite au premier tour de la présidentielle de 2002.
Effectivement, tout au long de sa campagne électorale, François Hollande critiquait le bilan du président sortant, notamment sur les plans économique et social, marqués par le surendettement de l'Etat français, la baisse de la compétitivité des entreprises françaises dans le contexte de la mondialisation, le risque de récession, le taux de chômage élevé, la baisse du pouvoir d'achat des ménages, l'insécurité liée à l'extrémisme, l' immigration.
Jusqu'à la fin de la campagne de l'élection présidentielle qui est officiellement close vendredi à minuit, les sondages continuent de prédire une large victoire de François Hollande, même si l'écart en intentions de vote entre le candidat socialiste et le président sortant se réduit à 4 points (52% contre 48%).
Outre ses propres électeurs, François Hollande peut compter également sur un très large report des voix des autres candidats de gauche (15% au total), dont celles de Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche, 11,11%).
SARKOZY VEUT PROTEGER LES FRANCAIS D'UNE CATASTROPHE
Combatif jusqu'au dernier moment malgré les sondages qui donnent toujours son adversaire socialiste net vainqueur au second tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a invité les Français, lors de son ultime prestation médiatique avant la fin de la campagne officielle, à «penser à eux et à leurs enfants» avanter d' aller aux urnes dimanche.
"Ce qui arrive aujourd'hui de l'autre côté de nos frontières peut arriver chez nous. J'ai voulu protéger les Français de cette catastrophe. Pour les cinq ans qui viennent, je leur demande de penser à eux et à leurs enfants", a déclaré M. Sarkzoy vendredi soir sur France 3, affirmant qu'il ne voulait pas "pour la France de ce qui se passe en Espagne, de ce qui se passe en Grèce (...)".
En fait, au cours de sa campagne, le président et candidat de l' UMP agitait toujours le spectre d'une éventuelle catastrophe financière que la France risquerait en cas de victoire de son adversaire socialiste à la présidentielle, qui a évoqué dans son programme un plan de recrutement de nouveaux fonctionnaires ainsi que des dépenses supplémentaires.
Pour des observateurs, le projet de François Hollande, qui prévoit 20 milliards d'euro de dépenses supplémentaires sur cinq ans et insiste toujours sur sa volonté de renégocier le traité de discipline budgétaire européen, risque de mettre la France, déjà surendettée, dans une situation encore plus difficile en matière de finances publiques.
Dressant un tableau très sombre de l'état d'une France plombée par les déficits et le chômage de masse, The Economist, l' hebdomadaire financier anglais, estime, dans un article récemment publié, que le candidat socialiste fait preuve d'une "attitude profondémnt anti-business" et n'a pas essayé de convaincre son électorat de l'urgence des réformes.
"Un président français tellement hostile au changement saperait la détermination de l'Europe à poursuivre les douloureuses réformes qu'elle doit mener pour que l'euro survive. Cela en fait un homme plutôt dangereux", écrit l'hebdomadaire, en allusion à François Hollande.
Selon un sondage Opinion way publié le 4 avril et réalisé pour le journal en ligne EuroActiv.fr auprès de 182 leaders d'opinion étrangers travaillant en France (ambassades, presse internationale et cadres étrangers), une majorité des personnes interrogées estiment que Nicolas Sarkozy serait le mieux à même de répondre aux défis à venir comme la crise en Syrie, la crise de la zone euro, la compétitivité et l'attractivité de la France, la construction européenne ou encore la régulation financière.
Selon un sondage CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) publié le 1er mai et réalisé aussi pour EurActiv.fr, une nette majorité de Français, 65%, considère que Nicolas Sarkozy est plus capable d'avoir de l'influence au niveau européen que François Hollande, qui ne recueille que 27% des suffrages.
Nicolas Sarkozy a prédit vendredi que le second tour se jouerait "sur le fil du rasoir", et a déclaré : "Vous verrez dimanche soir, vous verrez une grande surprise."
Quelque soit le résultat du srutin de dimanche, cette élection présidentielle de 2012 est considérée comme historique pour la France et l'avenir du pays en dépend.
Par WANG Huanying
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