Le Premier ministre français François Fillon a défendu sa politique d'austérité, dans une interview publiée vendredi par le journal économique Les Echos, considérant que c'est la dette de l'Etat qui doit constituer une source d'inquiétudes, et non la réduction des dépenses publiques poursuivie par son gouvernement.
"Jean-Marc Ayrault (député-maire PS de Nantes, ville de l'ouest de la France, et conseiller du candidat socialiste à l'Elysée, François Hollande), dans vos colonnes, dit que la politique d'austérité nous emmène dans le mur. En réalité, c'est la dette qui nous emmène dans le mur", a fait remarquer l'actuel chef du gouvernement français.
L'entourage du président Nicolas Sarkozy essaie en effet de défendre le bilan économique et politique de son champion, dans la perspective du second tour de l'élection présidentielle française, qui doit se dérouler le 6 mai prochain.
"Si la croissance est plus faible que prévu, nous ferons des économies supplémentaires", a notamment déclaré M. Fillon, ne cachant pas sa volonté d'assainir coûte que coûte les comptes publics.
Le candidat de l'Union pour un mouvement populaire (UMP, droite) et président sortant, M. Sarkozy, s'est en effet engagé, s'il est réélu à la présidence, à rétablir l'équilibre budgétaire de la France en 2016, allant jusqu'à promettre un excédent de 0,5% du PIB en 2017.
"La France est dans la situation d'une famille dont le revenu a baissé et qui refuse de changer quoi que ce soit à son mode de vie. Il y a un moment où le banquier vient frapper à sa porte", a indiqué le Premier ministre pour illustrer son propos.
M. Fillon a comparé la démarche de M. Sarkozy à celle envisagée par le prétendant socialiste à l'Elysée, reprochant à ce dernier de repousser "d'un an, à 2017, le retour à l'équilibre".
Ce report "se traduira par 35 milliards de dettes supplémentaires, mais en outre (M. Hollande) ajoute qu'il ne tiendra pas les objectifs s'il n'y a pas de retour à la croissance", poursuit-il, déplorant la volonté du candidat PS de "soutenir la consommation avec de l'argent que l'on n'a pas".
Le chef du gouvernement français a déclaré, par ailleurs, réfuter "avec la plus grande force" que le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, partage la même vision économique que M. Hollande, même s'ils font tous les deux référence à la "croissance".
En effet, le patron de la BCE a exprimé mercredi son souhait de voir "un pacte de croissance" associé au pacte budgétaire - porté par Bruxelles afin de servir d'antidote à la crise de la dette souveraine. Ces déclarations ont été interprétées par la gauche française comme un soutien à la politique de croissance vantée par son candidat à l'Elysée, M. Hollande.
Soulignant les divergences du dirigeant de la BCE et du candidat socialiste à la présidentielle concernant "la 'règle d'or' budgétaire", M. Fillon estime que M. Draghi considère, avant tout, que "le retour à l'équilibre des finances publiques est un engagement intangible". |