Le premier tour de l'élection présidentielle française de 2012 se déroulera le dimanche 22 avril. A en croire les sondages, aucun des dix candidats à cette élection n'arrivera à obtenir la majorité absolue au premier tour, ce qui rend inévitable un second tour le 6 mai, qui devrait voir un duel final entre le camp de la gauche et celui de la droite.
Se voyant crédités par les sondages d'un pourcentage d'intentions de vote presque égal au premier tour, aux alentours de 27%, le candidat du Parti socialiste (gauche), François Hollande, et le président sortant Nicolas Sarkozy, le champion de l'UMP (Union pour un mouvement populaire, droite), candidat à sa propre succession, devraient largement devancer les autres candidats et sont donc pressentis pour le duel du second tour.
ATTENTE PARADOXALE DES FRANCAIS
En cas de duel entre François Hollande et Nicolas Sarkozy le 6 mai, le candidat socialiste est donné largement gagnant par les sondages, avec entre 53% et 55% des voix. L'éventuelle victoire de François Hollande devrait s'expliquer par les ralliements en sa faveur d'une grande partie des partisans des autres candidats de gauche, notamment ceux de Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche, extrême-gauche), qui pourrait devenir le troisième homme de cette présidentielle.
Toutefois, il est encore prématuré de dire que Nicolas Sarkozy sera certainement battu par François Hollande au second tour. Le candidat de l'UMP pourrait bien parvenir à renverser la situation qui lui semble défavorable à l'heure actuelle, s'il peut faire en sorte de persuader entre les deux tours une grande partie des partisans de Marine Le Pen (Front national, extrême-droite) et de François Bayrou (Mouvement démocrate, centre) de voter en sa faveur au second tour.
"Il y a une situation qui est différente si on regarde les intentions de vote du premier tour et les intentions de vote du second tour. [...] François Hollande apparaît comme le futur président de la République, et semaines après semaines il reste le favori. Au premier tour, sa situation s'est un peu dégradée. [...] Mais ça n'a pas beaucoup d'influence aujourd'hui sur le second tour", a expliqué Dominique Reynié, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, dans un entretien accordé récemment à l'agence Xinhua.
"Je crois que l'explication principale est que les Français ont une attente paradoxale : ils n'ont pas vraiment envie de voir la gauche gagner, mais ils n'ont pas envie d'avoir Nicolas Sarkozy comme président. [...] Ils utilisent François Hollande pour battre Nicolas Sarkozy, mais ça ne veut pas dire qu'ils sont enthousiasmés ou passionnés par François Hollande. Au fond, il y a un problème d'offre politique", estime M. Reynié.
"Et comme la campagne donne jour après jour à Nicolas Sarkozy la possibilité de s'exprimer comme candidat et non plus comme président, il est peut-être en train de modifier l'image qu'il donne de lui et il est possible que cela produise des effets sur le second tour", a noté le spécialiste.
"Nicolas Sarkozy a des qualités qui lui sont reconnues par les Français", notamment "des qualités de capacité à décider, de capacité à prendre l'initiative, à faire des réformes qui sont nécessaires mais impopulaires", a relevé le professeur, reconnaissant toutefois que Nicolas Sarkozy avait aussi des défauts, "attachés à la fois à la personne elle-même, sa façon de faire, sa façon d'être, qui n'ont pas plu aux Français".
"Pour François Hollande, c'est presque l'inverse", a observé M. Reynié. "Les Français ont le sentiment qu'il est honnête, sincère, sympathique, bienveillant. Donc ils trouvent que c'est quelqu'un qui a l'air honorable mais ils ne sont pas sûrs qu'il soit capable de décider, capable d'avoir de l'autorité, capable de trancher, capable de dire à ses collègues européens s'il est élu : 'maintenant il faut prendre une décision'", a-t-il ajouté.
DE GAUCHE OU DE DROITE, IL FAUT RESOUDRE LES PROBLEMES INCONTOURNABLES
L'élection présidentielle française de 2012 se déroule avec pour toile de fond la crise des dettes souveraines dans la zone euro, et la France est aujourd'hui confrontée à des difficultés économiques et sociales liées à cette crise.
Le surendettement de l'Etat français, la baisse de la compétitivité des entreprises françaises dans le contexte de la mondialisation, le risque de récession, le taux de chômage élevé, la baisse du pouvoir d'achat des ménages, l'insécurité liée à l'extrémisme, l'immigration : les Français sont exposés aujourd'hui à maints problèmes qui les préoccupent.
Face à ces difficultés, la majorité des Français pense que l'imminente élection présidentielle est d'une importance cruciale pour l'avenir de leur pays. Pour les Français qui se disent intéressés par cette élection, le futur président de la République, qu'il soit de gauche ou de droite, doit être porteur d'espoir, l'espoir de pouvoir redresser la France, l'espoir de voir leur vie quotidienne s'améliorer, l'espoir d'une France meilleure pour tous ses citoyens.
Tant pour François Hollande qui a mené campagne sur le thème "Le changement c'est maintenant", que pour Nicolas Sarkozy qui a lui choisi pour slogan "La France forte", le vainqueur de cette course à l'Elysée se trouvera dans l'obligation de chercher et d'apporter des solutions à une série de problèmes économiques et sociaux qu'il ne peut pas éviter, et ce dans une situation contrainte, avec peu de marges de manoeuvre, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
"La situation dans laquelle se trouve la France dans la zone euro, dans l'Europe, dans le monde, sa situation en terme de finances publiques est tellement fragile... Elle appelle des réformes obligatoires, quel que soit le prochain président", a estimé M. Reynié.
"Le programme sera le même : il faudra réduire les dépenses de l'Etat, il faudra réduire le déficit et il faudra réformer assez profondément le système social. [...] Donc il va falloir obligatoirement, pour éviter les situations dramatiques comme celles que l'on a pu voir en Grèce et peut-être que l'on voit aujourd'hui en Espagne, que la droite ou la gauche prenne des décisions extrêmement impopulaires. Si François Hollande est président, il le fera car comme chef de l'Etat, il sera dans l'obligation de le faire, et il le fera parce qu'il sera responsable", a ajouté M. Reynié. |