Les Etats membres du Conseil des droits de l'homme ont appelé jeudi au prolongement du mandat de la commission internationale indépendante sur la situation des droits de l'homme en Libye.
Le Conseil des droits de l'homme a examiné les suites de la Session extraordinaire sur la situation des droits de l'homme en Libye, qui s'est tenue le 25 février dernier. Dans ce cadre, le rapport de la Commission internationale indépendante d'enquête chargée d'enquêter sur toutes les violations présumées des droits de l'homme commises en Libye a été présenté.
Conformément à la résolution du Conseil des droits de l'homme du 25 février (S-15/1), la Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navy Pillay, a présenté son rapport sur la situation des droits humains en Libye. Elle a déclaré que « depuis la 16ème session spéciale du Conseil des droits de l'homme, la situation des droits humains en Libye a continué à se détériorer. » Malgré l'appel du Conseil de sécurité à un cessez-le feu en Libye, « le gouvernement libyen continue de s'engager dans des opérations militaires », a-t- elle ajouté.
Navy Pillay a insisté sur « l'importance cruciale de reconnaître que, quel que soit leur statut juridique, tous les migrants et les réfugiés sont particulièrement vulnérables à toutes sortes de violations des droits de l'homme et qu'ils ont donc besoin d'une protection spéciale. »
L'Egyptien Chérif Bassiouni, Président de la Commission d'enquête, a déclaré que « la Commission a pu établir que les événements ont débuté par des manifestations pacifiques en faveur de réformes démocratiques », ajoutant : « Rapidement, les événements ont dégénéré en guerre civile ».
Le Président de la Commission a dit que « si le nombre de victimes est difficile à établir, les estimations sont très élevées dans l'Est du pays et semblerait avoisiner les 15.000.
A Tripoli les estimations varient entre 1.000 et 3.000 victimes. » Plusieurs actes de violation des droits de l'homme (torture, persécution, enlèvement) ont été « commis de manière généralisée et systématique contre la population civile par le régime du Colonel Kadhafi » a souligné Chérif Bassiouni.
Toutes les sources indiquent qu'un nombre important de violations des droits de l'homme a été commis non seulement par les forces gouvernementales libyennes mais aussi par des groupes armés liés à l'opposition. La Haut Commissaire espère que « les efforts internationaux combinés conduiront à la responsabilisation de tous les auteurs de tels crimes et graves violations des droits humains. »
Depuis le début de la semaine plusieurs délégations (France, Espagne, Maldives) ont exprimé leur opposition à ce que la délégation libyenne puisse prendre la parole devant le Conseil des droits de l'homme à cause d'un manque de légitimité. Finalement c' est la Jordanie qui a permis de trouver une solution en donnant son temps de parole aux représentants du Conseil national de transition (CNT). « L'ONU estime que le régime de Tripoli est toujours le gouvernement légal en Libye » a déclaré Cédric Sapey, porte-parole du Conseil des droits de l'homme.
Lors du débat au Conseil des droits de l'homme se rapportant à la Libye, le représentant du ministère libyen des Affaires étrangères, Moustafa Shaban, a accusé les pays de l'OTAN de « commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité » dans son pays. Il a aussi rejeté les conclusions de la Commission d'enquête internationale.
Une majorité de pays, ainsi que les représentants du CNT ont demandé que le mandat de la Commission d'enquête internationale de l'ONU soit prolongé afin qu'elle puisse poursuivre son enquête. Une résolution dans ce sens pourrait être votée le 17 juin ainsi la Commission pourrait reprendre son enquête « dès le mois de septembre 2011 », a dit Chérif Bassiouni.
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