Les solutions politiques, plutôt que de seules actions militaires, sont en passe de devenir la voie de salut pour sortir la Libye de la crise qui perdure.
Les Nations unies et certaines organisations régionales ont lancé jeudi un vibrant appel en faveur d'une solution politique pour sortir ce pays d'Afrique du Nord de l'impasse dans laquelle il est en train de s'enliser.
"Si les combats continuent de faire rage, la situation ne va faire qu'empirer et s'éloigner d'une solution politique. Nous appelons à mettre en oeuvre un processus politique largement représentatif par lequel le peuple libyen pourra déterminer son propre avenir", a dit jeudi, au Caire, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Ce dernier a tenu ces propos à l'issue de sa rencontre avec les dirigeants de la Ligue arabe, de l'Union africaine et de l'Organisation de la Conférence islamique ainsi qu'avec la chef de l'Union européenne en charge de la politique étrangère, Catherine Ashton. Ces responsables ont tous souligné l'importance d'un processus politique global pour surmonter la crise libyenne.
Les frappes aériennes lancées par l'Occident contre la Libye ont débuté le 19 mars dernier. Ces opérations militaires étaient d'ailleurs couplées à des mesures d'interdiction de voyage hors du pays et de gel des avoirs prises à l'encontre du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Ces raids n'ont cependant pas donné les résultats escomptés par certaines puissances occidentales qui s'attendaient à un dénouement rapide de la situation au sol par le biais de l'opposition libyenne et à la chute du colonel Kadhafi et de ses proches.
Néanmoins, les faits ont montré qu'il ne s'agissait que d'un espoir tout théorique entretenu par certains pays occidentaux. Toujours est-il qu'on observe, du moins pour le moment, un enlisement sur le terrain entre les camps pro et anti-Kadhafi, et par ailleurs une plus grande division au sein des pays membres de l'OTAN, alliance qui a pris le commandement des raids aériens en Libye.
C'est un terrible scénario pour la coalition occidentale qui craint de s'embourber dans une guerre prolongée en Libye, à l'instar des guerres en Afghanistan et en Irak dans lesquelles certains pays de cette coalition sont déjà engagés, et qui leur ont déjà coûté fort cher.
La Grande-Bretagne et la France, fer de lance dans les raids aériens après que les Etats-Unis eurent passé les commandes à l'OTAN le 31 mars dernier, cachent mal leur frustration grandissante en raison du manque de soutien de la part de leurs alliés.
Leur demande en faveur d'une intensification de la campagne de bombardement contre les forces pro-Kadhafi a été plutôt froidement accueillie par les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN réunis jeudi à Berlin.
Les Etats-Unis en particulier, conscients de la lassitude de leur opinion publique vis-à-vis des deux guerres qui perdurent en Irak et en Afghanistan, se montrent réticents face aux appels de leurs alliés qui leur demandent de jouer un rôle plus important dans les frappes aériennes en Libye avec leurs armes plus sophistiquées.
Les responsables et les généraux du camp occidental ont admis que vraisemblablement leur puissance aérienne ne leur permettrait pas d'atteindre les objectifs fixés en Libye, tandis que de son côté, le président russe Dmitri Medvedev a indiqué mardi dernier que la situation dans ce pays "était déjà hors de contrôle".
Le Groupe de contact sur la Libye, qui s'est réuni mercredi à Doha, au Qatar, a convenu de fournir un "soutien matériel" à l'opposition libyenne, en quête d'armes auprès des gouvernements amis en dépit de l'embargo sur les armes imposé en février par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Une opposition libyenne militairement renforcée, qui réclame à cor et à cri le départ du colonnel Kadhafi et de ses proches comme un préalable au cessez-le-feu, pourrait se battre avec plus de férocité contre les forces gouvernementales, entraînant par conséquent plus de victimes parmi les civils.
Ce résultat irait totalement à l'encontre de la résolution adoptée le 17 mars dernier par l'ONU pour protéger les civils libyens. |