Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré « scandalisé » par les informations selon lesquelles les autorités libyennes ont ouvert le feu sur les manifestants depuis des avions et des hélicoptères de l'armée. Il appelé les autorités à arrêter immédiatement l'usage de la force contre les manifestants.
A la demande du représentant permanent de la Libye auprès de l'ONU, le Conseil de sécurité de l'ONU a eu des consultations mardi matin sur la situation dans son pays et une réunion à huis- clos était prévue mardi après-midi.
« Comme vous, j'ai vu des scènes choquantes et troublantes dans lesquelles les autorités libyennes ont tiré sur les manifestants depuis des avions et des hélicoptères. Ceci est inacceptable. Cela doit cesser immédiatement », a déclaré Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse tenue à Los Angeles où il devait participer à un forum destiné à sensibiliser l'industrie du divertissement sur les thèmes qui préoccupent les Nations Unies.
« Il y a déjà eu des effusions de sang en Libye. La violence contre les manifestants doit stopper immédiatement. Je l'ai dit au colonel Mouammar Kadhafi ce matin par téléphone, je l'exhorte à protéger les droits de l'homme, la liberté de rassemblement et la liberté d'expression. Ce sont des principes fondamentaux de la démocratie. J'espère que la situation sera résolue pacifiquement par l'organisation d'un dialogue de grande envergure et ouvert à tous », a-t-il ajouté.
« Les aspirations et les inquiétudes du peuple devraient être pleinement respectées et entendues par les autorités des pays », a souligné Ban Ki-moon en ajoutant qu'il était nécessaire de donner des opportunités à la jeunesse.
La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a exhorté mardi les autorités libyennes à cesser les violations des droits humains et a appelé à une enquête internationale indépendante.
« La dureté avec laquelle les autorités libyennes et leurs armes meurtrières ont ciblé des manifestants pacifiques est complètement inconsciente », a déclaré mardi Navi Pillay dans un communiqué de presse.
« La communauté internationale doit être unie dans la condamnation de tels actes et doit prendre des engagements sans équivoque pour garantir aux milliers de victimes de la répression que la justice sera rendue », a-t-elle martelé.
Elle a rappelé que le rôle de l'Etat est de protéger la vie du peuple, la liberté et la sécurité. « Organiser des attaques systématiques contre la population civile peut être qualifié de crimes contre l'humanité », a prévenu la Haut commissaire.
« Les Libyens sont fatigués de la corruption, fatigués de constater que leurs ressources ne profitent qu'à un petit nombre, fatigués du chômage, fatigués que leur droits soient ignorés », a dit Navi Pillay.
« La communauté internationale doit travailler ensemble pour garantir que les droits humains et les aspirations de la population de Libye soient respectés », a-t-elle conclu.
Un groupe d'experts indépendants de l'ONU sur les droits de l'homme a estimé pour sa part que « le pouvoir ne peut pas être durable en tuant des gens » et que les événements des derniers jours pourraient être qualifiés « de crimes contre l'humanité ». « De tels actes ne peuvent rester impunis », a insisté un de ces experts, le Rapporteur de l'ONU sur les exécutions arbitraires et sommaires, Christof Heyns. « En massacrant son peuple, le gouvernement de Libye est coupable de graves violations des droits humains qui pourraient être qualifiés de crimes contre l'humanité ».
« Il est important que les autorités libyennes réalisent que les responsables pourront être poursuivis par la justice pénale internationale », a souligné un autre expert, le rapporteur spécial sur la torture et les traitements inhumains et dégradants, Juan Mendez. |