La présidence française a annoncé dimanche soir la composition d'un nouveau gouvernement placé sous la direction du même Premier ministre François Fillon, un gouvernement "ancré à droite" pour préparer l'élection présidentielle de 2012, selon des anaystes.
UN RECENTRAGE A DROITE
Parmi les nouvelles têtes au gouvernement français se trouve notamment la figure majeure du mouvement gaulliste, Alain Juppé, le maire de Bordeaux et ancien Premier ministre (1995-1997) sous la présidence de Jacques Chirac, qui a été nommé ministre d'Etat chargé de la Défense. L'autre ministre d'Etat, Michèle Alliot-Marie, se voit confier le portefeuille des Affaires étrangères.
Avec la nomination d'Alain Juppé à la tête de la Défense, Nicolas Sarkozy "retrouve une tradition gaullienne" de nommer à ce poste des hommes politiques de premier plan, a commenté le magazine Le Point dans un article paru sur son site internet.
En appelant le secrétaire général de l'Union pour un mouvement populaire (UMP, au pouvoir), Xavier Bertrand, et l'un de ses chefs de file, Thierry Mariani, M. Sarkozy souhaite "resserrer les rangs, en favorisant les membres de l'UMP", a analysé le Journal du Dimanche.
Le départ de Jean-Louis Borloo, le ministre d'Etat chargé de l'Ecologie, est considéré par les médias français comme un "oubli des centristes". Le prétendant au poste de Premier ministre aurait refusé les offres du président Sarkozy, et pensé à porter sa candidature à la présidentielle à la tête de la famille centriste.
Les symboles de l'ouverture à gauche, Bernard Kouchner et Fadela Amara, ont aussi quitté le gouvernement. "L'ouverture, peu appréciée des députés UMP, est définitivement abandonnée", a commenté le Journal du Dimanche.
Le ministre sortant de la Défense Hervé Morin, président du Nouveau Centre, a regretté ce remaniement. "J'ai vu apparaître une équipe de campagne UMP, proche du RPR (Rassemblement pour la République, fondé par Jacques Chirac)", a-t-il dit devant la presse.
"Ce remaniement, c'est le renforcement de la mainmise de l'UMP/RPR sur tous les leviers du pouvoir (...) c'est un arrangement au sein même de l'UMP", a dénoncé la première secrétaire générale du Parti socialiste (PS, principal parti d'opposition), Martine Aubry.
CONTINUITE ET STABILITE
Aux yeux de certains observateurs, la nouvelle équipe gouvernementale française s'articule autour d'un noyau dur de la majorité présidentielle, et s'inscrit dans la continuité sur la dernière ligne droite vers la présidentielle de 2012.
Ayant reconduit François Fillon à la tête du gouvernement, Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à créer la surprise dans la composition du gouvernement, privilégiant vraisemblablement la continuité et la stabilité, a commenté le Journal de Dimanche.
La popularité de François Fillon, qui reste au poste de Premier ministre malgré deux remaniements par Nicolas Sarkozy, ne cesse de se renforcer parmi les députés. Il bénéficie d'une opinion plutôt positive auprès des Français favorables à la droite, ce qui conduit le président de la République à le conserver et à consolider son électorat, a expliqué un analyste politique local à Xinhua.
En parallèle, M. Sarkozy n'a pas hésité à mener "une opération de déminage", en écartant les "cas difficiles" : le ministre du Travail, Eric Woerth, en premier, les "francs-tireurs" Rama Yade (Secrétaire d'Etat chargée des Sports) et Fadela Amara ensuite.
Au centre d'accussions de "conflit d'intérêt" dans l'affaire politico-fiscale Bettencourt, Eric Woerth était beaucoup critiqué par l'opposition, ce qui l'a fragilisé alors qu'il présentait le projet de réforme des retraites.
Une autre surprise dans le remaniement gouvernemental est le rattachement du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale au ministère de l'Intérieur et la disparition de l'intitulé "Identité nationale".
L'ancien ministre de l'Immigration, Eric Besson, avait lancé en 2009 un "grand débat sur l'identité nationale", ce qui avait provoqué des polémiques au sein de l'UMP et des critiques de la part de l'opposition. |