Le gouvernement français entame lundi un processus de concertation avec les partenaires sociaux en vue de la réforme des retraites, qui devrait prendre fin en octobre par le vote d'un projet de loi.
S'adressant le 22 juin 2009 et pour la première fois, devant le Congrès du Parlement à Versailles (rassemblement de l'Assemblée nationale et du Sénat), le président Nicolas Sarkozy avait annoncé que "2010 sera un rendez-vous capital. Il faudra que tout soit mis sur la table : l'âge de la retraite, la durée de cotisation, la pénibilité".
Le gouvernement français justifie l'urgence de la réforme des retraite par la nécessité de s'attaquer au déficit budgétaire ( environ 8% du PIB), en évitant d'augmenter les impôts.
Selon les chiffres que s'apprête à rendre public le Conseil d'orientation des retraites (COR), les déficits de l'ensemble des régimes de retraite obligatoires s'élèvent à 25 milliards d'euros, un montant initialement prévu pour 2020, a-t-on appris de sources proches du dossier.
La réforme pourrait passer par un allongement de la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein (au-delà des 41 ans prévus d'ici 2012) et/ou par un recul de l'âge légal minimal de départ de 60 ans.
Cette dernière mesure serait la mesure la plus avantageuse financièrement. La France est l'un des rares pays à afficher un âge légal aussi bas.
L'Elysée a par ailleurs évoqué la possibilité de créer un " prélèvement spécifique sur une catégorie de population", notamment les hauts revenus, pour financer les retraites. La question de la pénibilité est également posée.
Le principe que ceux qui font des métiers pénibles doivent pouvoir partir avant les autres est unanimement approuvé.
A l'exception d'un seul (CFE-CGC), les syndicats sont hostiles à une augmentation de l'âge légal (60 ans). La CFDT (Confédération Générale du Travail) pourrait en revanche accepter l'allongement de la durée de cotisation (au-delà des 41 ans actuellement prévus).
Le syndicat CGT (Confédération Générale du Travail) estime pour sa part que pour financer les retraites, il faut améliorer l'emploi et trouver d'autres sources de financement (élargir l'assiette des cotisations, taxer davantage les revenus financiers, etc.).
Le Mouvement des Entreprises de France (Medef, patronat) revendique de porter l'âge légal de 60 à 63,5 ans à partir de 2012 et s'oppose à toute hausse de cotisation.
Le gouvernement présentera les différentes options possibles début mai, après avoir rencontré et écouté les partenaires sociaux. Il rendra public ses propres options à la mi-juin ouvrant ainsi la voie à de nouvelles consultations.
Le texte définitif de la réforme sera présenté en Conseil des ministres, courant juillet et sera débattu au Parlement en Septembre.
Au delà des partenaires sociaux, le chantier des retraites mobilisent également les politiques. L'opposition socialiste préconise "une remise à plat" du système. Le ministre du Travail Eric Woerth a indiqué sur la chaîne de télévision BFM qu'il allait écrire aux partis pour les consulter.
Selon une étude RTL-Harris Interactive diffusée dimanche, 80% des Français jugent "nécessaire" de réformer le système, mais une majorité (56%) ne sont pas prêts à cotiser plus longtemps et 60% pensent qu'il ne faut pas reculer l'âge de départ. |