En dépit de la position du gouvernement iranien qui souffle le chaud et le froid et des problèmes techniques avec son programme de centrifugeuses nucléaires, Téhéran est capable de produire assez de matières fissiles pour fabriquer une bombe atomique, afin de détourner son stock d'uranium faiblement enrichi, a indiqué jeudi une experte à l'agence Xinhua.

"Avec ses capacités existantes, l'Iran ne peut pas annoncer demain au monde qu'il est capable d'exporter du combustible de qualité pour réacteur", a indiqué Jacqueline Shire, qui fournit les résultats des recherches et des analyses sur le programme nucléaire de l'Iran à l'Institut pour la science et la sécurité internationale (ISIS).

"Mais l'essentiel, c'est que même si les centrifugeuses sont peu performantes, elles continueront à donner à l'Iran de manière suffisamment adéquate la capacité de poursuivre le développement d'une arme nucléaire".

L'ISIS, un groupe de réflexion qui piste la prolifération nucléaire, a publié une étude cette semaine citant un certain nombre de revers techniques de l'usine d'enrichissement de Natanz, allant de pannes de centrifugeuses aux arrêts pour entretien.

"Les problèmes de l'Iran dans son programme de centrifugeuses sont plus grands que prévu il y a un an", selon le rapport présenté par David Albright et Christian Walrond de l'ISIS.

L'Iran a dit souhaiter produire trois à cinq kilos d'uranium hautement enrichi (UHE) par mois. Cependant, Mme Shire a indiqué que c'était "ambitieux compte tenu du nombre et des performances des 164 centrifugeuses de l'Iran dédiées à cette tâche".

Réfutant le scepticisme de l'Occident, Ali Akbar Salehi, le responsable en chef de l'Organisation de l'énergie atomique de la République islamique, a indiqué jeudi à l'agence Reuters que l'Iran aura de "bonnes nouvelles" sur l'amélioration des centrifugeuses nucléaires dans les prochains mois.

La mauvaise performance des centrifugeuses de l'Iran est juste l'une des principales raisons pour lesquelles les experts occidentaux estiment que l'Iran manque des ressources nécessaires afin de développer 10 nouvelles installations d'enrichissement à partir de mars, annonce faite dimanche en Iran. Des sanctions supplémentaires de l'ONU pourraient aussi affaiblir les capacités de l'Iran.

"La menace de construire 10 nouvelles usines est un propos insensé", a déclaré Mme Shire. "Ce n'est pas sérieux. Ils pourraient construire les mêmes centrifugeuses nulles avec lesquelles ils ont des problèmes actuellement".

Ce qui est inquiétant, a noté Mme Shire, c'est l'intention de Téhéran d'enrichir l'uranium à 20%, cela signifie que ce pays du Moyen-Orient sera à "90%" sur sa route afin de développer du matériel de qualité pour des armes nucléaires.

Dans un discours prononcé jeudi pour marquer le 31e anniversaire de la révolution islamique, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a souligné que l'Iran a achevé son premier chargement d'uranium enrichi à 20%.

Des analystes occidentaux ainsi que la Maison Blanche estiment que les commentaires du président Ahmadinejad pourraient plutôt s'adresser à ses concitoyens qu'à la communauté internationale, et pourraient être des gesticulations pour paraître plus puissant.

"Le gouvernement veut paraître fort, comme il se tient debout face à l'Ouest et qu'il souhaite avoir une menace extérieure qui peut être utilisée pour détourner l'attention de ce qui se passe dans les rues", a souligné Mme Shire, en référence aux protestations antigouvernementales.