Les dirigeants du Groupe des Huit pays les plus industrialisés (G8) et les économies émergentes devraient selon toutes prévisions manifester une volonté renouvelée de réformer le système financier mondial lors de leur sommet qui débutera ce mercredi.
Tout comme le lieu même du sommet - la petite ville italienne de L'Aquila frappée par un tremblement de terre et toujours en pleine reconstruction - le système financier et économique mondial n'a pas fini de se remettre de la crise qu'il a essuyée.
De nouveaux appels a de nouvelles regles
L'Italie, hôte du sommet, a placé très haut dans l'ordre du jour de cet événement la transformation du système financier mondial et la refondation des règles encadrant l'activité économique internationale.
"Les questions essentielles de l'ordre du jour présenté par la présidence italienne sont la réponse à la crise financière et économique mondiale, ainsi que la restauration d'une confiance et d'une impulsion de croissance reposant sur des bases plus solides et équilibrées, ce qui implique entre autres la définition de règles fondamentales nouvelles et communes pour encadrer l' activité économique", a déclaré le gouvernement italien sur le site Internet officiel du sommet du G8.
La crise financière éclatée à l'automne dernier a entraîné le monde entier dans sa plus grave récession depuis 60 ans, suscitant des efforts au niveau international pour renforcer les réglementations financières et éviter qu'une telle crise ne se reproduise.
Les dirigeants du Groupe des 20 plus grandes économies mondiales (G20), se sont réunis une première fois pour discuter de la crise à Washington en novembre dernier, marquant le début d'une période de réforme financière mondiale.
Un autre sommet similaire, à Londres en début avril, avait fait suite à celui de Washington, et les dirigeants du G20 y étaient parvenus à un consensus général en faveur de réglementations financières plus strictes et d'un renforcement des institutions financières internationales.
Un troisième sommet du G20 devrait avoir lieu à Pittsburgh, aux Etats-Unis, en septembre prochain, tandis que le sommet du G8 a lieu dans l'intervalle.
"Le sommet de L'Aquila doit définir un ensemble de principes qui serviront de base au sommet du G20 pour déterminer des mesures précises, y compris une réforme de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international", a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini dans un entretien récent accordé à l'agence Xinhua.
Discussion du cadre lecce
En préparation du sommet du G8, les ministres des Finances des huit pays le plus riches se sont réunis il y a un mois à Lecce dans le sud de l'Italie, afin de façonner un accord pour diriger cette nouvelle impulsion de réforme financière mondiale et pour servir de base aux discussions du sommet du G8.
Baptisé "cadre de Lecce", il réunit un ensemble de principes et de critères communs concernant la conduite des activités économiques et financières internationales.
"Nous avons convenu de la nécessité de développer le cadre de Lecce, qui s'appuie sur les initiatives déjà mises en oeuvre pour poser les bases d'une voie vers une croissance stable dans le long terme", ont déclaré les ministres des Finances du G8 à l'issue de leurs délibérations. "Nous sommes déterminés à travailler en coopération avec nos partenaires internationaux pour faire avancer cette initiative, dans la perspective de contribuer également à des forums plus étendus comme celui du G20 et au-delà".
Pour que l'économie de marché puisse générer une prospérité durable, des critères fondamentaux de bonne conduite, d'intégrité et de transparence doivent être respectés dans les interactions économiques.
"Les efforts de réforme doivent répondre avec détermination aux failles des systèmes économique et financier internationaux. Cela nécessitera la mise en place de niveaux de transparence appropriés, le renforcement des systèmes de réglementation et de supervision, une meilleure protection des investisseurs et un renforcement de l'éthique des affaires", indique ce communiqué.
Le cadre de Lecce classe la multitude d'instruments envisagés selon cinq catégories, à savoir la gouvernance d'entreprise, l' intégrité des marchés, la réglementation et supervision financière, la coopération fiscale et la transparence des données et politiques macroéconomiques.
Les questions précises étudiées comprennent entre autres les rémunérations des dirigeants, la réglementation des institutions ayant un fort impact systémique, les agences de notation, les normes comptables, l'échange transfrontalier d'informations, la corruption, les paradis fiscaux, les juridictions non-coopératives, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, ou encore la qualité et la diffusion des données économiques et financières.
Juste une etape d'un long processus
Jusqu'à présent, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont adopté des trains de mesures ambitieux pour renforcer leurs réglementations financières, toutefois il subsiste encore de nombreuses divergences sur la portée exacte que devrait avoir cette évolution.
Même au sein de l'UE, l'Allemagne et la France n'ont pas à ce sujet la même perspective que la Grande-Bretagne. Si Berlin et Paris sont favorables à des réglementations financières plus strictes, Londres en revanche craint de voir sa puissance financière réduite.
La chancelière allemande Angela Merkel a mis en garde avant l' ouverture du sommet du G8 que les gouvernements ne se laisseraient pas influencer par toute tentative des banques pour édulcorer les réformes financières strictes envisagées.
"Il est possible que certaines banques prospères ne soient pas tout à fait favorables à ces efforts de réglementation, et tentent de les remettre en question à nouveau", a déclaré Mme Merkel lors d'un entretien au Wall Street Journal Europe.
La réforme des banques ne doit pas faiblir, même si l' économie montre quelques signes timides d'amélioration, a-t-elle ajouté.
Plus mitigé sur l'impact de ce sommet du G8, le Premier ministre italien Silvio Berlusconi a minimisé vendredi dernier les possibilités de décision de nouvelles règles financières mondiales au cours de cet événement, estimant qu'il ne s'agissait que d'"une étape" d'un long processus.
"Il nous faudra encore de nombreuses étapes avant d'arriver à un code commun", a déclaré M. Berlusconi, ajoutant que "L'Aquila n' est qu'une étape menant à une analyse plus approfondie".
|