La ministre française des Finances Christine Lagarde entamera mercredi 8 juin une visite en Chine de deux jours en quête de soutien à sa candidature à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI).
Beijing marque la troisième et dernière étape de la tournée des marchés émergents de la ministre, après Brasília et New Delhi, avant la clôture des candidatures au poste le 10 juin. La Chine détient 3,82 % des droits de vote du FMI, ce qui la place au sixième rang des décideurs les plus importants.
Le 24 mai, le ministre français du Budget François Baroin a affirmé que la Chine soutenait Lagarde à la tête du FMI, mais le pays n'a pas toujours donné de confirmation officielle. Or, le lendemain, le groupe des BRICS a publié un communiqué appelant à abandonner la tradition obsolète qui donne la direction du Fonds à un Européen.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hong Lei a révélé jeudi dernier que l'organisme responsable de la visite serait la Banque populaire de Chine. Il a réaffirmé que la sélection du prochain directeur général du FMI devrait respecter les principes d'ouverture, de transparence et de mérite, tout en augmentant la représentativité des marchés émergents, afin de mieux refléter l'évolution de l'économie internationale.
Christine Lagarde bénéficie déjà du soutien des pays européens, ainsi que du ministre sud-coréen des Finances Yoon Jeung-hyun, du Premier ministre russe Vladimir Poutine, et de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton. Dans une analyse, le magazine britannique The Economist explique que bien que les candidatures à la tête du FMI restent officiellement ouvertes jusqu'au 10 juin, la sélection est d'ores et déjà close, puisque les pays européens qui détiennent plus d'un tiers des voix éliront unanimement Mme Lagarde, tandis que les pays émergents ne sont pas parvenus à sélectionner un candidat commun qui puisse lui tenir tête.
Afin de gagner un soutien plus large, Christine Lagarde s'est engagée lors de sa visite au Brésil à promouvoir le droit de parole des pays émergents au sein du FMI. Bien que le candidat mexicain, le gouverneur de la banque centrale Agustin Carstens, ait fait la même promesse, l'agence Reuters cite une source gouvernementale brésilienne affirmant que le pays penche en faveur de la candidature de la Française, car son influence est plus à même d'encourager la réalisation de cette réforme.
Les États-Unis, qui disposent d'un droit de veto au FMI, n'ont pour l'instant pas fait de déclaration officielle, mais le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a révélé lundi que le président Obama aborderait le sujet le lendemain avec la chancelière allemande Angela Merkel en visite sur place. Mme Merkel a déjà apporté son soutien à Christine Lagarde, et les États-Unis voteront également pour elle, affirme le groupe Bloomberg, afin de maintenir l'accord tacite entre l'Europe et les États-Unis, qui assure la direction du FMI au premier camp et celle de la Banque mondiale au second.
Si l'on en croit la célèbre société irlandaise de paris Paddy Power, Christine Lagarde n'a aucun souci à se faire. Ses chances sont estimées à 1 :10, soit une probabilité de victoire de 90,91 %, loin devant son concurrent Carstens, en deuxième place à 12,5 %.
Une crise potentielle pour Mme Lagarde est la possibilité d'ouverture d'une enquête à son encontre pour abus d'autorité par la Cour de justice de la République française. Elle est suspectée d'avoir aidé Bernard Tapie, célèbre homme d'affaires et important contributeur de l'UMP, à obtenir 285 millions d'euros de fonds publics dans un arbitrage. Mme Lagarde a nié toute implication dans cette affaire.
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