« L'innovation, c'est notre enjeu à tous, c'est notre enjeu de demain pour tous, celui de l'intelligence, celui de trouver quelque chose de plus grand que nous. C'est pour ça qu'on doit avoir confiance pour l'avenir », a déclaré Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français, lors du XXI^e Colloque économique franco-chinois du Comité France Chine et de la campagne « Créative France » qu'il a présidé le 8 décembre à Beijing, ayant pour thème « Innovation & Entrepreneuriat – Visions croisées France-Chine ».

Selon ce vieil ami de la Chine, cette rencontre des entreprises françaises à Beijing se fait dans une période particulièrement positive en ce qui concerne les relations entre la Chine et la France. « A haut niveau, les rencontres se multiplient. Et de plus en plus émergent des projets communs sur le développement économique, comme on a pu le voir à l'occasion de la récente visite du vice premier ministre Ma Kai à Paris il y a quelques semaines », a-t-il expliqué.

L'innovation est l'un des principaux thèmes du 13^e plan quinquennal de la Chine. Ces dernières années, la Chine a lancé plusieurs plans comme « Fabriqué en Chine 2015 », « Innovations technologiques 2030 », le plan d'action « Internet Plus » pour approfondir la mise en œuvre de sa stratégie de développement basée sur l'innovation. En France ces enjeux sont plus que jamais au cœur des politiques publiques et les entreprises françaises sont mondialement reconnues pour leur potentiel de création dans divers domaines. Les deux pays partagent ainsi la même volonté de s'appuyer sur l'innovation et d'en faire un axe fort de la stratégie de leurs entreprises.

La Chine et la France partagent maintenant des échanges extrêmement dynamiques dans les domaines économique et commercial. Du côté de la Chine, il y a maintenant 8,4 milliards d'euros d'investissements chinois en France, ce qui fait de la France la deuxième destination européenne en termes d'investissements chinois, chiffres donnés par Muriel Pénicaud, ambassadrice déléguée aux investissements internationaux et directrice générale de Business France. Le nombre d'entreprises chinoises implantées en France est déjà de 650, et elles emploient 45 000 salariés. « Rien qu'en 2015, il y a eu 44 nouveaux projets d'investissements chinois en France. La tendance sur 2016 est très bonne. J'espère que nous atteindrons l'année prochaine le chiffre d'un par semaine », a indiqué Mme Pénicaud lors d'une conférence de presse le 8 décembre.

« Actuellement, les investissements viennent surtout de Beijing, Shanghai et Guangzhou. Mais on commence aussi à avoir des projets qui viennent du Sichuan ou de l'Anhui », a-t-elle ajouté.

Dans l'autre sens, Business France a accompagné en 2015 plus de 1300 entreprises françaises en Chine. En 2017, 47 opérations majeures qui s'inspirent et s'inscrivent dans le cadre du dialogue stratégique entre la France et la Chine seront mises en œuvre, notamment en matière de transport, d'énergie, de développement durable et de soutien à la consommation.

Tenant compte de l'état actuel du marché chinois et de ses tendances, l'innovation et la créativité doivent être au cœur des relations économiques entre la France et la Chine. « Ce qui est intéressant, c'est que le marché chinois est de plus en plus sophistiqué et exigeant avec des consommateurs qui veulent le meilleur, ainsi que dans le domaine B2B où le niveau technologique est maintenant très élevé, ce qui est très stimulant pour les entreprises françaises », a constaté Muriel Pénicaud. « Notre conviction, c'est qu'une partie importante des produits et des services français qui visent le haut de gamme sont très adaptés à la demande croissante du marché chinois », a-t-elle ajouté.

Les initiatives politiques de la Chine liées à l'innovation telles que « Fabriqué en Chine 2015 », « Innovations technologiques 2030 » apportent des opportunités aux entreprises françaises, parce que, comme le rappelle Jean-Pierre Raffarin, ce sont des projets de long terme. « Nous avons besoin de temps, notamment en matière de recherches, de brevets, de développement de l'innovation. Nous apprécions beaucoup le fait qu'avec la Chine, on puisse avoir une coopération à long terme, qui soit dans le temps par exemple à l'horizon 2030. Pour les chercheurs français, pour les industriels français, pour tous ceux qui veulent participer à ces programmes, c'est un atout formidable que se donne le temps de l'innovation ».

Par ailleurs, dans un monde plein d'incertitudes causées par le Brexit, l'élection présidentielle américaine ou encore le référendum italien, les relations durables et stables entre la Chine et la France sont importantes. « N'oublions pas que nos deux pays sont des partenaires stratégiques qui essaient de voir loin et de voir clair. […] Les relations franco-chinoises sont durables, stables et confiantes, même si nous sommes dans un monde qui devient de plus en plus complexe et de plus en plus incertain », a déclaré Maurice Gourdault-Montagne, ambassadeur de France en Chine, lors du colloque.

« Je suis confiant dans l'esprit d'entreprise, dans la créativité et l'innovation qui sont au coeur des relations économiques entre la France et la Chine. Nous sommes plus forts ensemble. Il existe entre nos deux pays des opportunités aussi nombreuses qu'exceptionnelles. Faisons voeux qu'elles rencontrent le plus grand succès pour la croissance, pour la stabilité et pour la paix », a-t-il souligné.

Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français (Crédits photos : Zhao Lisha/China.org.cn)