Les montagnes de déchets sur l’autoroute du Tibet

Par : Vivienne |  Mots clés : Lhassa
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-08-2018

Des bouteilles vides, du papier et des sacs plastiques souillent l’autoroute nationale 138, la « plus belle route » jamais construite, qui mène à Lhassa, la capitale de la région autonome du Tibet.

Ce problème apparaît dans une série de photos postées en ligne par des internautes chinois. Les montagnes de déchets dans ces photos font ressembler le bord de l’autoroute à une décharge publique.

Cette autoroute de 2000 km relie Chengdu et Lhassa, via la province de Sichuan. Elle a autrefois été qualifiée de « plus belle autoroute » jamais construite, grâce aux paysages merveilleux qu’elle traverse.

« C’était extrêmement beau, mais extrêmement sale », raconte Zhang Feng, qui s’est rendue au Tibet par la route en 2016 avec son mari.

Dai Feng, qui a déménagé de Beijing à Lhassa en 2011, a pris l’autoroute du Tibet à l’hiver 2015 et 2016. Il confirme l’état de la situation.

« Il y avait d’innombrables déchets plastiques et papiers », explique-t-il, montrant une photo prise à proximité du point panoramique donnant sur la montagne Kazila, le long de l’autoroute dans le Sichuan. Les déchets recouvrent le flanc d’une petite colline.

Dai Feng et la plupart des internautes pensent que les touristes, qui jettent leur déchet sur la route vers le Tibet, devraient recevoir une amende.

D’après Dorje, le directeur du Bureau local du tourisme et de la culture du xian de Litang dans la préfecture de Garzê dans le Sichuan (l’organisation responsable de la gestion du point de vue), le Bureau a placé un inspecteur au point de vue panoramique, qui patrouille tous les jours le long de l’autoroute. Cependant, les touristes « jettent plus de déchets que ce qui est ramassé », souligne-t-il.

Au cours de la saison haute du tourisme au Tibet, entre juin et octobre, le point de vue panoramique est « tellement bondé, que les inspecteurs doivent se faufiler à travers la foule pour travailler », ajoute le directeur. Les touristes, qui jettent leurs déchets ne reçoivent pas d’amende, mais sont « persuadés » de changer leurs habitudes par les inspecteurs.

Selon Dorje, le Bureau a déjà construit 10 zones de service le long de la section autoroutière de 150 km dont il est responsable, incluant 10 toilettes publiques et 30 poubelles. Au moins trois inspecteurs travaillent dans chaque station-service.

Dorje note que la situation s’est « améliorée au cours de ces dernières années ». Certains membres du personnel travaillant au Bureau du tourisme du Tibet ont également confirmé cette amélioration. « Certaines photos postées par les internautes pourraient avoir été prises il y a plusieurs années », explique un employé souhaitant rester anonyme.

Tenzin, le dirigeant de la municipalité de Guxiang dans le xian de Bomi au Tibet (qui se trouve sur le trajet de l’autoroute), affirme que pour garder l’autoroute propre, le gouvernement local envoie des équipes deux à trois fois par semaine. Parfois, « un camion-benne est rempli d’ordures tous les 20 à 30 km », explique-t-il.

A cause de ces rapports, le Bureau local du tourisme de la préfecture de Nyingchi au Tibet - où se situe le xian de Bomi - est réticent à publier les contacts des officiels gouvernementaux dans des endroits comme Guxiang et le Bureau n’avait pas apporté de réponse à l’heure de la publication de l’article.

Qui devrait être tenu pour responsable ?

Une fois entrés dans la région du Tibet, il existe de nombreux points de contrôle le long de l’autoroute, où les véhicules sont arrêtés et inspectés. « Les déchets étaient omniprésents, même aux points de contrôle », explique Zhang Feng.

Selon certaines sources, la construction de voies rapides entre Lhassa et Nyingchi pourrait être la raison pour laquelle la situation s’est améliorée sur cette section.

Cependant, l’autoroute continue de passer à travers certains villages relativement pauvres, où même la population locale jette sans y penser ses déchets sur la voie publique, note Zhang Feng : « On ne peut pas leur reprocher de jeter leurs déchets [sur la voie publique], car ils sont extrêmement pauvres et n’ont pratiquement pas de quoi se nourrir. »

Le problème des détritus existe également au sein de la région du Tibet.

Certains touristes et locaux jettent un morceau de soie blanche, la khata, en signe de respect dans des lacs sacrés - incluant le lac Namtso - pour montrer leur dévotion. Ils ne se rendent pas compte qu’il s’agit d’une pollution, explique Zhang Feng. Des déchets plastiques se trouvent également tout autour du lac.

Alors que la plupart des gens attribuent ces déchets aux touristes, Niu Fengrui, un chercheur de l’Institut des études urbaines et environnementales au sein de l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC), pense que les départements gouvernementaux devraient assumer davantage de responsabilités. Selon lui, les départements concernés ne devraient pas « se renvoyer la balle ».

De nombreuses mesures ont été prises, comme la mise en œuvre de plans pour le traitement des ordures et la délimitation de sites pour la gestion des déchets. « Il n’y a pas d’excuses pour laisser ces endroits recouverts de déchets », affirme Niu Fengrui, qui ajoute que l’éducation et les avertissements aux touristes sont essentiels, mais que les gouvernements ne doivent pas compter uniquement dessus.

Les déchets le long de l’autoroute ont profondément marqué Zhang Feng, qui avoue avoir quelques doutes sur la possible « amélioration de la situation » suggérée par le personnel du Département local du tourisme : « Le problème était trop grave pour que cela ait été résolu en tout juste deux ans. »


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Source: french.china.org.cn
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