Les touristes chinois victimes du « syndrome de Paris »
Selon un récent reportage de la chaîne Bloomberg News, un virus frappe actuellement les touristes chinois en visite à la capitale française : le « syndrome de Paris ». Sous l'influence des images et clichés véhiculés par les médias et le cinéma, les Chinois se rendant à Paris pour la première fois s'attendent à découvrir une charmante capitale européenne, classique, somptueuse et accueillante, mais se heurtent une fois sur place à la réalité parisienne : rames de métro bondées, serveurs rudes et expéditifs et pickpockets spécialisés dans le vol d'argent liquide. Les touristes en reviennent parfois traumatisés.
Jiang He, un étudiant shanghaien de 20 ans, a rapidement déchanté après son arrivée à Paris. Il avait choisi Paris pour son premier voyage à l'étranger, mais à peine arrivé sur le sol français, à l'aéroport, il apprend que l'un des passagers chinois de son vol s'est fait dérober ses bagages. Jiang He a ensuite été surpris pas la quantité de mégots et d'ordures jonchant les rues de la ville lumière : « Je croyais que les villes d'Europe étaient très propres, mais j'ai trouvé Paris très sale, et ça n'a pas l'air de déranger les Français ».
Les Chinois sont influencés par ce qu'ils voient dans les médias et au cinéma, c'est pourquoi lorsqu'ils découvrent le « vrai » Paris, ils sont choqués par ce qu'ils voient. « Ils ont une image trop idéalisée de la France », estime Jean-François Zhou, directeur général d'Ansel Travel, agence de voyage spécialisée dans l'accueil de touristes chinois. « Pour certains, le séjour finit dans les larmes et ils jurent de ne plus jamais revenir ».
La France voit dans cet afflux régulier de touristes chinois un élément crucial pour relancer son économie. Selon Thomas Deschamps, responsable des études à l'Office du tourisme de Paris, la région parisienne a accueilli 900 000 touristes chinois l'année dernière, ce qui représente une augmentation de 23 % par rapport à 2012. « Le nombre de touristes chinois continue d'augmenter, mais moins vite qu'avant », a-t-il précisé. D'après Jean-François Zhou, cette tendance est en partie liée à la lutte anti-corruption menée par Beijing, qui a fait chuter les dépenses des Chinois, mais également à leurs craintes concernant l'accueil qui les attend dans la capitale.
En 2012, les touristes chinois dépensaient en moyenne 59 euros à Paris, soit deux fois plus que les autres touristes étrangers. Ils sont donc souvent pris pour cible par les voleurs, d'autant plus qu'ils ont transportent souvent de grandes sommes en liquide. « Paris est une ville romantique, mais il faut être naïf pour croire que le crime n'y existe pas », juge un commissaire de police du 8e arrondissement. Aujourd'hui, la sécurité est la plus grande préoccupation des Chinois à Paris.
Le syndrome du voyageur est un trouble fréquent, causé par la confrontation des touristes avec une réalité en décalage avec leurs attentes. Dans le cas du syndrome de Paris, les touristes ont une vision excessivement romantique de la ville. Jean-François Zhou explique que les touristes chinois ne s'attendent pas à trouver des locaux si peu aimables et des professionnels du tourisme si peu accueillants : « Les serveurs ne sont pas patients avec eux et ne parlent pas anglais. Nos clients sont souvent déçus par l'attitude des Parisiens ».
L'année dernière, la mairie de Paris a distribué un guide intitulé Paris en toute sécurité, également publié en chinois, dans lequel les touristes peuvent trouver des informations pratiques expliquant, entre autres, comment discerner les vrais policiers des imposteurs et les vrais taxis des faux ; comment se prémunir contre les vols de sacs ; et comment réagir en cas de vol ou d'agression. La ville a également augmenté les effectifs policiers dans les quartiers les plus touristiques et les grands magasins. La préfecture de Police de Paris a, quant à elle, mis en place une procédure de plainte simplifiée en 16 langues, comprenant le chinois.
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