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Les flacons de tabac à priser : biyanhu


Une boutique de biyanhu dans un quartier touristique de Beijing

 

Le « tabac de nez » vient du Brésil. Il est parfumé à la rose et, dit-on, du bois d’un bateau coulé depuis des années au fond de la mer. Les Chinois ont substitué le parfum de thé et de jasmin à la rose.

 

Encore aujourd’hui on fabrique des biyanhu ; les créateurs inventent sans cesse de nouvelles formes. Les collectionneurs en possèdent en jade, en ivoire, en pierre, en verre, en agate, en divers métaux, en porcelaine, en cristal, en laque, en os.

 

D’habiles (et patients) artistes arrivent à écrire un poème entier à l’intérieur d’un flacon. Pour ce faire, on utilise un pinceau à un seul poil, perpendiculaire au manche. Certains peignent des scènes de légendes, des animaux, et jusqu’à cent pivoines épanouies. Une chose est certaine, il faut une patience illimitée. La moindre distraction peut ruiner l’œuvre. Je me souviens de l’artisan Liu qui mit un an à réaliser une pièce ornée de chrysanthèmes ; chaque soir, après des heures de travail, ses mains étaient raides, ses doigts crispés.

 

 

 

Toutes les photos proviennent de ma collection. Je possède 26 biyanhu, et ce qui m’intéresse est la variété plus que la rareté ou l’âge.


Concernant le tabac, je possède un autre objet désuet : un étui en cuir de bœuf, avec un fermoir métallique, et, en-dessous, une lame pour hacher le tabac. Mais vu qu’elle n’est aucunement affilée, cette « lame » servait peut-être à écraser, pulvériser le tabac à priser. Je n’ai jamais rencontré personne qui en eût déjà vu et qui eût pu m’expliquer ce détail.

 

Terminons par une anecdote. Un homme se rendait chaque jour dans une boutique contempler les biyanhu. Il y en avait un avec un dessin de lune qui croissait et décroissait au rythme de la véritable Lune dans le ciel. Un jour, il se décida à demander le prix. Le marchand répondit qu’il s’agissait d’un souvenir de famille et qu’il ne pouvait le vendre. Le client insista : « Je donnerais toute ma fortune pour ce biyanhu. » Le marchand reprit : « Et qui me dit qu’une fois entre tes mains, tu ne me le rapporteras pas ? Tu es sûr de vouloir justement celui-là ? » Finalement, pour une somme fabuleuse, le marchand céda au client l’objet de son désir.

 

Rentré chez lui, l’homme constata que les jours passaient mais que la lune sur son biyanhu demeurait identique. Désespéré, il retourna demander une explication ; cependant la boutique avait fermé ses portes et le marchand enrichi avait disparu. Plus tard, le client rencontra ce marchand par hasard et lui posa la question qui lui brulait le cœur et les lèvres. Le marchand répondit : « J’en avais trente, de ces biyanhu–un pour chaque jour– c’est pourquoi je t’ai demandé si tu voulais justement celui-là. »

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french.china.org.cn2017/11/03
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