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Les flacons de tabac à priser : biyanhu

  par Lisa Carducci

 

Il reste encore quelques mordus du tabac à priser. Priser le tabac n’est pas fumer, mais mettre de la poudre de tabac dans ses narines et inhaler. Dans les marchés d’antiquités, les biyanhu (littéralement : nez+tabac+contenant), ces jolis flacons sont devenus de précieux objets de collection.

 

Le tabac est entré en Chine par trois voies, d’où les trois styles principaux de biyanhu. La route du sud traverse la province du Guangdong, la route de l’est passe à travers le Japon, et celle du nord est la route qu’emprunta Marco Polo. En ce qui concerne le contenant lui-même, il aurait été introduit en Chine par Matteo Ricci, un jésuite italien du XVIIe siècle.

 

Les petits biyanhu du Guangdong sont les plus raffinés et fantaisistes. Ils peuvent être sculptés dans la pierre, dans des coquillages ou dans des carapaces de tortue. On les classe par couleur, c’est-à-dire foncés ou pâles.

 

L’école du nord comprend trois types : mandchou, mongol et tibétain – trois peuples de cavaliers, raison pour laquelle les tabatières fragiles et délicates sont exclues. Les tabatières en cuivre, argent, os ou autres matériaux résistants pouvaient être attachées à la selle de la monture et subir les secousses et sauts sans se briser. En général les biyanhu du nord sont plus grands et plus larges afin qu’on puisse les prendre facilement en croupe quand le cheval galope hardiment ; et leur bouchon, afin de ne pas le perdre, est lié à la bouteille par une chainette d’argent ou un cordon de cuir.

 





À l’intérieur du bouchon est souvent fixée une minuscule cuillère qui permet à l’usager de doser la quantité de tabac à aspirer selon son gout.

 

La cour impériale possédait des bouteilles ou boites à tabac importées d’Europe. L’empereur Kangxi aimait particulièrement lestabatières de porcelaine « à la française ».

 

Plusieurs tabatières sont en verre. L’application de la couleur cause un problème, car le degré de chaleur nécessaire à la fonte de la matière colorante ferait fondre le verre même. Kangxi fit donc venir de France les meilleurs artisans, lesquels trouvèrent une technique d’application des couleurs une à une, chaque couche étant isolée par une couche de verre.

 

On raconte qu’un jour, un délégué impérial s’arrêta dans un temple pour se reposer. Il prit son biyanhu de cristal, mais s’aperçut qu’il était vide. Grattant l’intérieur pour tenter de récupérer un peu de poussière de tabac, il traça des égratignures qui ressemblaient à des feuilles de bambou. Un jeune moine qui le vit eut l’idée d’appliquer de l’encre noire, à l’intérieur, au moyen d’un fin rameau de bambou pointu. Plus tard naquirent les dessins multicolores d’oiseaux, poissons, fleurs, paysages, personnages et calligraphies, tous effectués à l’intérieur des minuscules flacons. L’artiste contemporain Li Zhouben a réussi à reproduire cent-huit personnages d’un roman classique, chacun avec son expression propre, dans une unique tabatière.


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french.china.org.cn2017/11/03
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