La Mongolie intérieure vaut-elle la visite ?
Lisa Carducci
Mon voyage de documentation en vue de la rédaction de Ces gens merveilleux de Mongolie intérieure m'a beaucoup impressionnée. Comme tant d'autres, je croyais – mea culpa ! – les Mongols peu instruits et leur région pauvre et peu développée. J'ai découvert en eux des gens ouverts et francs, qui expriment ce qu'ils pensent. Fiers, ils s'affirment et affichent leurs qualités sans fausse modestie. Fiables, ils savent tenir parole ; ils m'ont paru sincères, consciencieux, et responsables.
La Mongolie intérieure a évolué vers la modernité à un rythme étonnant et j'ai constaté avec plaisir que modernité ne signifiait pas dire occidentalisation. La culture est préservée dans l'architecture. À Hohhot comme à Xilinhot, à Hailar comme à Ordos, la construction a su éviter le piège de l'esclavage du design urbain, de la soumission aux nouveaux matériaux de construction, de l'uniformisation de la décoration. Le style des nouveaux bâtiments est particulier ; il conserve les caractéristiques de la yourte mongole, le bleu du ciel et les motifs de nuages blancs qui constituent le milieu naturel de la région.
La tradition vestimentaire est aussi conservée. Bien que dans les villes, pas plus les Mongols que les ressortissants d'autres ethnies ne revêtent la tenue traditionnelle, et que sur la steppe, les gardiens de troupeaux portent un jean et un T-shirt et circulent à moto entre moutons et vaches, il n'est pas un Mongol qui ne possède au moins une robe traditionnelle assortie de bottes typiques et d'un chapeau. Ces vêtements ne sont pas enfouis au fond d'un coffre mais portés fièrement à la moindre occasion : spectacle ou concert, inauguration d'entreprise, vernissage, ou lancement du commerce d'un ami.
La couleur de la musique mongole ne s'est pas affadie ; c'est toujours la voix des grandes prairies qui nous parvient de partout. On ne traduit pas les chansons occidentales et chinoises en mongol mais on chante en chinois les airs mongols. On ne s'en tient pas aux chansons séculaires, mais on en crée de nouvelles, en langue mongole, aux riches caractéristiques locales.