Une journée de repos
Lisa Carducci
Le samedi 7 juillet a été une journée de repos complet pour moi. Des amis m'ont amenée en excursion avec les membres de leur famille à 40 km au sud de Urumqi, dans le ravin de Banfang (Banfanggou). Nous étions une vingtaine de personnes réparties en trois voitures.
Les cols sont nombreux au Xinjiang, car on sait que la région est traversée d'ouest en est par trois gigantesques chaines* de montagnes soit Altay au nord, Tianshan au centre et Kunlun au sud. Entre ces montagnes s'étendent les vastes bassins de Junggar et de Tarim. L'endroit était magnifique !
C'est devenu une mode en Chine d'ouvrir des Dujiacun, villages de villégiature naturels, et le Xinjiang ne fait pas exception. On trouve aussi des Nongjiale, terme qui signifie littéralement « Joie dans un foyer rural ». Dans plusieurs provinces, le gouvernement local encourage et aide les citoyens à aménager leur propre maison de façon à pouvoir accueillir des touristes qui s'amuseront à participer aux travaux de la ferme, à faire la cuisine en famille et à vivre pendant quelques jours une expérience enthousiasmante.
Quant à nous, nous étions dans une auberge construite pour les courtes vacances en famille. Le paysage était d'un charme ineffable ; à droite, à gauche, sur la prairie et dans la vallée, on pouvait voir des villages de vacances constitués de yourtes, ou tentes en feutre propres aux nomades d'Asie. On entendait monter les rires des enfants, et parfois des chansons ou de la musique instrumentale. À 3 km, vers un sommet escarpé, une chute magnifique attendait les admirateurs, mais nous avons préféré jouir du murmure du ruisseau à nos pieds, des gloussements des poules bien grasses qui se nourrissent naturellement, du vert des champs d'avoine, et immortaliser ces moments de bonheur par la photo.
Nous étions pendant la promenade trois femmes curieuses ; nous sommes donc entrées incognito dans une construction basse en terre où l'on cultive des champignons. L'une de mes compagnes m'a expliqué qu'on dépose directement sur le sol des sacs de polythène contenant de l'ouate tassée avec des spores de champignons. Dans l'obscurité et l'humidité, les champignons se développent et surgissent hors du sac.
Randonnée à cheval (Photo de Lisa Carducci)
Ensuite, comme il faisait un peu trop chaud pour jouer au tennis de table, au badminton ou au basket-ball, nous avons préféré une randonnée à cheval dans la montagne. Même la grand-mère de 74 ans est montée à cheval comme si elle n'avait fait que cela toute sa vie.
Au repas, les mets typiques du Xinjiang ne cessaient d'envahir la table : dapanji – une grande assiette de morceaux de poulet avec os, pommes de terre et piments ; zhua fan, soit des morceaux d'agneau avec l'os et du riz qui se mange avec les mains ; divers types de nang (pain) ; les immenses et exquises brochettes d'agneau tendre rôti qu'on trouve maintenant partout au pays mais qui au Xinjiang sont à leur meilleur ; des champignons sauvages achetés tout à l'heure dans la montagne ; du saucisson de cheval ; au moins cinq plats de légumes et huit sortes de fruits de la saison. On fait grande consommation de carottes au Xinjiang, jaunes et oranges, autant dans la garniture des plats que pour farcir les jiaozi (bouchées de pâte farcie que l'on fait bouillir et mange assaisonnées de vinaigre) et les baozi (petits pains farcis de viande ou de légumes, cuits à la vapeur). Les fruits abondent au Xinjiang et en toutes saisons on en trouve. Ils sont sans doute les plus juteux et les plus sucrés du pays. J'ai même appris que les poires de Korla ont un sexe et que les femelles sont les meilleures. Celles que nous avons dégustées de jour-là étaient de la récolte de l'an dernier, m'a-t-on dit, car elles doivent murir toute l'année.
Au moment du retour, le soleil nous baignait de lumière tandis qu'au-delà des montagnes, il pleuvait.
* L'orthographe rectifiée (1990) s'applique dans ce texte.
(Extrait modifié de Ces gens merveilleux du Xinjiang, Beijing, FLP, 2008.)