TURFAN À 47 DEGRÉS CELSIUS
(Lisa Carducci)
Peuplée de seulement 600 000 habitants, Turfan m'a semblé déserte. La population se compose de 77 % d'Ouïgours, tandis que les autres 23 % sont surtout des Kazakhs, des Hui et des Han, trente-six ethnies en tout. Sauf pour une minorité de Han, presque tous les autres habitants sont musulmans.
C'est à Turfan que se trouve la seconde plus basse altitude négative du monde – le lac Ayding (ou le Aydingkol), à 154 m sous le niveau de la mer. Le nom du lac signifie clair de lune en langue ouïgoure. Aujourd'hui, bien que ce lac soit tari, l'étendue de sel qu'il en reste semble un grand miroir au soleil ou le reflet de la lune sur l'eau, d'où son nom.
Turfan est l'endroit le plus sec et le plus chaud de la Chine. C'est justement cette sécheresse qui a permis la momification naturelle de corps inhumés à Astana ou Gaochang, il y a 2 500 ans pour les plus anciens, de même que la préservation des ruines de ces anciennes cités ainsi que celle de Jiaohe (Yerkoltu en ouïgour, qui signifie ville-falaise) détruite en 1383, et d'autres encore. Les momies ne sont plus où je les avais vues en 1993, mais au musée de Turfan maintenant. On en trouve une quinzaine, étonnamment bien conservées, dont deux couples et deux bébés.