Rétrospective et perspectives de la diplomatie chinoise

Par : Justine |  Mots clés : diplomatie chinoise,, Brexit,élections présidentielles américaines,THAAD,mer de Chine méridionale
French.china.org.cn | Mis à jour le 31-12-2016

Wang Xiaohui, rédacteur en chef de China.org

Wang Xiaohui, rédacteur en chef de China.org

Pour la Chine comme pour le reste du monde, 2016 n'aura pas été une année tranquille. Entre les élections présidentielles américaines, le Brexit, le différend entre la Chine et les Philippines en mer de Chine méridionale, le déploiement américano-coréen des missiles THAAD, l'intensification des conflits régionaux ou encore le terrorisme persistant, les incertitudes ont été nombreuses au niveau de la politique et de la sécurité internationales, engendrant des défis majeurs pour la diplomatie chinoise. Pour reprendre les mots du ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi, 2016 s'est caractérisée par deux choses : le « changement » et les « troubles ».

Rétrospective

1. Stabilité des relations sino-américaines et augmentation des variables en 2017

En 2016, les relations sino-américaines ont été marquées par des contradictions et des conflits, mais également par la coopération. Dans l'ensemble, on peut dire que les deux pays ont su maintenir des relations stables. Les présidents chinois et américain ont profité de diverses occasions - notamment lors d'une promenade nocturne à Zhongnanhai, le siège du gouvernement chinois, et d'une discussion sur les bords du lac de l'Ouest à Hangzhou - pour communiquer de manière stratégique, renforcer la confiance et disperser les doutes, afin de s'assurer que les relations sino-américaines suivent une voie correcte de développement. Bien entendu, du fait des contradictions structurelles entre la Chine et les Etats-Unis, la méfiance stratégique est également devenue une réalité objective. Par ailleurs, les divergences et les conflits entre les deux pays sont apparus de façon très nette sur de nombreuses questions impliquant la géopolitique, la sécurité territoriale et les intérêts économiques. Les exemples les plus flagrants sont le rôle d'instigateur des Etats-Unis dans le conflit opposant la Chine aux Philippines en mer de Chine méridionale, ainsi que le déploiement des missiles THAAD en République de Corée.

A la suite de l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, des signes inquiétants ont également fait leur apparition. Le premier fut l'appel téléphonique de la dirigeante de la région taïwanaise Tsai Ing-wen au président élu. Même si par la suite, Donald Trump et le porte-parole de la Maison blanche ont tenté de s'expliquer et de se justifier, cet incident a malgré tout jeté une nouvelle ombre sur les relations sino-américaines - une première dans les 37 années de relations diplomatiques sino-américaines. Ensuite, le choix de Donald Trump de nommer à son cabinet des responsables ayant pris par le passé des positions contre la Chine laisse à penser que les futures relations sino-américaines devront sans doute faire face à une pression de la part de la Maison blanche.

2. Une marche politique du monde influencée par des « cygnes noirs » fréquents

2016 fut une année de troubles. Les événements majeurs internationaux se sont enchaînés et la fréquence des événements que les anglo-saxons qualifient volontiers de « cygne noir », c'est-à-dire improbables et inattendus, a renforcé la volatilité de la politique internationale, allant même jusqu'à en changer les tendances.

Au cours des élections présidentielles américaines, l'outsider Donald Trump a complètement retourné la situation en remportant la présidence des Etats-Unis. Le référendum britannique sur sa sortie de l'Union européenne et la démission du Premier ministre David Cameron ont été un choc pour l'Union européenne. En République de Corée, la carrière politique de la présidente Park Geun-hye se déroulait sans accroc, jusqu'à ce qu'éclate un scandale de corruption impliquant sa confidente. Celui-ci entraîna un tollé dans l'opinion, au sein du parti au pouvoir et des partis d'opposition, contraignant la présidente à démissionner. Le 5 décembre, Matteo Renzi, alors président du Conseil en Italie, et le Premier ministre néo-zélandais John Key annoncèrent chacun leur démission. Enfin, le 19 décembre, l'ambassadeur russe en Turquie, Andreï Karlov, fut assassiné.

Donald Trump et ses conseillers sont des hommes d'affaires fortunés. Quelle route feront-ils prendre aux Etats-Unis ? Déclencheront-ils une nouvelle guerre commerciale avec la Chine ? Quel impact auront les troubles financiers engendrés par l'échec du référendum italien et le Brexit sur l'Union européenne, alors que celle-ci manque déjà, à la base, de cohésion ? A cela s'ajoutent encore les changements au cours de l'année des présidents ou des Premiers ministres de pays comme les Etats-Unis, le Brésil, le Royaume-Uni, la République de Corée, l'Italie, la Thaïlande ou la Nouvelle-Zélande, ce qui changera inévitablement le paysage politique international et influencera l'orientation politique du monde.

3. L'arbitrage en mer de Chine méridionale et le retournement des relations sino-philippines

En 2016, aucune affaire diplomatique n'a laissé une plus grande impression chez les Chinois, que le dossier d'arbitrage des Philippines sur la mer de Chine méridionale. A la mi-juillet, la décision illégale et non avenue dans le dossier hautement controversé de l'arbitrage sur la mer de Chine méridionale a finalement été rejetée. Le gouvernement Aquino III avait pris la décision unilatérale de déposer une demande d'arbitrage, espérant récupérer des territoires et des droits ne lui appartenant pas, grâce à la décision illégale prise par une parodie de tribunal d'arbitrage. Le soutien et les encouragements de certains pays comme les Etats-Unis et le Japon ont par ailleurs donné à M. Aquino III la force d'avoir de grandes prétentions. Il ne s'agissait pas là d'une tentative d'appropriation « par la force », mais d'une appropriation « par la ruse ».

Dans ces eaux profondes et agitées que représentent ces crises diplomatiques, la Chine a fait preuve d'un haut degré de force politique et de capacité de réponse, mettant un terme à cette farce sans autre conséquence.

Le 30 juin, Rodrigo Duterte est devenu le nouveau président des Philippines. Intelligent et solide, celui-ci a rejeté l'héritage néfaste que lui avait laissé son prédécesseur, et amélioré de manière proactive les relations avec la Chine. Ce fut d'ailleurs le premier pays en dehors de l'ASEAN auquel il a rendu visite à la suite de son accession au pouvoir. Les transformations dans les relations sino-philippines semblent spectaculaires, mais en réalité, il s'agit des résultats de plus de 30 ans de réforme, d'ouverture et d'efforts sans relâche de la part de la Chine, ainsi que des conséquences de l'unité sans faille entre le gouvernement et le peuple chinois. La querelle sur la mer de Chine méridionale entre la Chine et les Philippines s'est apaisée et les relations entre les deux pays se sont améliorées. Cela a permis d'établir de bonnes fondations pour la résolution future de cette question par les négociations et le développement commun. C'est un événement historique, qui joue également un rôle crucial pour préserver un environnement de développement pacifique pour la Chine.

4. Avancée des Nouvelles routes de la soie et progrès verticaux et horizontaux de la diplomatie de bon voisinage

En 2016, l'initiative des Nouvelles routes de la soie proposée par le président chinois Xi Jinping est entrée dans une phase de développement global et les premiers résultats sont apparus. A la suite de la mise en place de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB), du Fonds de la Route de la soie et de nombreux projets de coopération économique, les Nouvelles routes de la soie sont passées d'une phase d'initiative à une phase de mise en œuvre.

En septembre 2016, le G20 de Hangzhou est devenu une plateforme pour promouvoir le modèle de gouvernance de la Chine au niveau mondial. L'édification des Nouvelles routes de la soie est tout naturellement devenue un élément essentiel du modèle chinois. Les cinq visites d'Etat effectuées par Xi Jinping au cours de l'année ont également permis de promouvoir avec force l'édification des Nouvelles routes de la soie. Depuis le début de l'année, les voyages de Xi Jinping l'ont mené dans quatorze pays sur les cinq continents, avec à chaque fois comme ligne de fond la promotion de la diplomatie des Nouvelles routes de la soie.

En complément à cette diplomatie, le gouvernement chinois a continué à œuvrer en 2016 par le biais d'une diplomatie de bon voisinage, obtenant des résultats remarquables. Le G20 de Hangzhou est devenu pour le gouvernement chinois une plateforme pour promouvoir la diplomatie de bon voisinage pour une gouvernance mondiale et un développement commun. Au mois d'octobre, Xi Jinping s'est rendu au Cambodge, déclarant que la Chine accordait une grande importance à ses « vieux amis » - un signal clair de l'attention que porte la Chine à ses amitiés traditionnelles. La Chine fut également le premier pays en dehors de l'ASEAN auquel le nouveau gouvernement du Myanmar, dirigé par Aung San Suu Kyi, a rendu visite. Celle-ci a exprimé le souhait de poursuivre une amitié « pauk phaw » (« fraternelle » en langue birmane) avec la Chine. Le nouveau gouvernement du Sri Lanka a également reconnu la sincérité de la Chine, relançant les projets communs de construction dans la ville portuaire de Colombo.

La Chine soutient une diplomatie de « bon voisinage et bon partenariat », mais sur les questions de principe concernant la sécurité régionale, les intérêts nationaux et la souveraineté territoriale, elle maintient constamment une position ferme et transparente. La Chine soutient la dénucléarisation de la péninsule coréenne, elle s'oppose au déploiement américano-coréen du système de missiles anti-balistiques THAAD et combat de façon résolue les revendications grossières des Philippines sur les îles en mer de Chine méridionale, ainsi que le comportement belliqueux et provocateur du Japon. Pour cela, elle s'appuie sur les concepts diplomatiques d'amitié, de sincérité, de bénéfice mutuel et d'inclusivité, ainsi que des moyens diplomatiques alliant souplesse et inflexibilité. La diplomatie de bon voisinage de la Chine peut ainsi se développer de manière horizontale et verticale, de façon tout à fait remarquable.

5. La Chine, pilier de stabilité face à la montée du sentiment d'anti-mondialisation

Le phénomène de l'anti-mondialisation n'est pas nouveau, c'est un phénomène concomitant à la mondialisation. Pendant longtemps, celui-ci s'est épanoui sur le terreau de la récession économique engendrée par la crise financière internationale. Au cours des dernières années, la faible croissance économique des Etats-Unis et du Japon, le piège de la récession dans lequel l'Europe est tombée et dont elle a du mal à se sortir, ainsi que la crise des réfugiés engendrée par la politique de l'Europe et des Etats-Unis au Moyen-Orient, a permis la résurgence du protectionnisme commercial. Il y a un marché pour la tendance anti-mondialiste.

En décembre 2016, le Japon a officiellement rejeté le statut d'économie de marché (SEM) de la Chine, l'Union européenne a annoncé qu'elle maintiendrait la méthode du « pays de substitution » et les Etats-Unis ont menacé, à la suite de l'élection de Donald Trump, d'imposer des droits de douane « punitifs » de 45 % sur les importations chinoises. On peut dire que ce chœur tripartite constitue la vague anti-mondialiste la plus importante pour l'année 2016.

Des années 1980 jusqu'à aujourd'hui, la Chine a maintenu une politique de réforme et d'ouverture, s'intégrant continuellement dans la communauté internationale et participant à la gouvernance mondiale. De plus grand bénéficiaire de la mondialisation, la Chine en est devenue le plus grand défenseur. Lors du G20 de Hangzhou en septembre 2016, la Chine a proposé son programme pour bâtir une économie mondiale innovante, revigorée, interconnectée et inclusive. Il s'agit là de la plus grande contribution de la Chine pour promouvoir la mondialisation. Evidemment, la condition préalable pour que la Chine puisse contribuer à une mondialisation de la gouvernance mondiale implique son propre développement économique. Comme l'avait souligné Deng Xiaoping, le développement est une nécessité absolue.

Perspectives

Un grand pays doit savoir agir avec l'art et les manières d'un grand pays, en se montrant ouvert et responsable. En 2017, les grandes tendances du monde à la paix et au développement ne devraient pas changer, mais des troubles de toutes sortes continueront. La Chine doit jouer un rôle stabilisateur dans une situation internationale complexe et volatile. Ainsi, elle pourra créer un environnement propice à son développement pacifique et contribuer, dans le même temps, à la paix et au développement dans le monde.

1. Il faut gérer correctement les relations entre grands pays et assurer le développement durable, sain et stable des relations sino-russes et sino-américaines. La clé des relations sino-américaines consiste à maîtriser en premier lieu les divergences, puis à coopérer de façon concrète. Pour ces deux grands pays que sont la Chine et les Etats-Unis, seuls le respect mutuel et l'attention réciproque portée à leurs intérêts fondamentaux et à leurs préoccupations majeures - comme la question de Taïwan - permettront d'établir une coopération stable sur le long terme et la réalisation de bénéfices mutuels. Le partenariat stratégique sino-russe, quant à lui, se développe de façon relativement stable. L'année 2017 permettra de renforcer la coopération, mais il faudra dans le même temps tenir compte des nouveaux développements dans les relations russo-américaines et russo-japonaises, afin d'assurer un certain équilibre.

2. Afin de consolider le succès diplomatique de 2016 dans le dossier d'arbitrage déposé par les Philippines concernant la mer de Chine méridionale, les efforts devront se concentrer sur la stabilité à long terme des zones côtières méridionales. L'amélioration des relations entre la Chine et les Philippines possède un sens particulier. Il faut saisir cette opportunité pour renforcer le concept immuable de la Chine, qui consiste à laisser de côté les différends et à rechercher le développement conjoint en mer de Chine méridionale, afin de montrer au monde que la Chine est un pays civilisé et raisonnable.

3. Il faut être vigilant au sujet de la situation dans la péninsule coréenne et cultiver une diplomatie de bon voisinage. Les deux frères ennemis, que sont la République populaire démocratique de Corée et la République de Corée, se trouvent aux portes de la Chine. L'un veut effectuer des essais nucléaires et l'autre déploie un système anti-balistique THAAD. Mais la crise institutionnelle à laquelle doit faire face la République de Corée à cause du scandale de corruption impliquant la présidente et sa confidente, a rendu la situation, déjà instable dans la péninsule coréenne, encore plus tendue et imprévisible. C'est la raison pour laquelle, la diplomatie chinoise doit s'intéresser de près à la situation dans la péninsule coréenne. La dénucléarisation de la péninsule est une position que la Chine ne peut que soutenir.

4. En 2017, la Chine devra poursuivre sa diplomatie bilatérale avec les pays de l'ASEAN, tout en faisant attention et en gérant correctement ses relations avec Singapour, qui se rapproche de plus en plus des Etats-Unis. La Chine doit mettre pleinement en œuvre les mécanismes de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), ainsi que l'édification des Nouvelles routes de la soie, afin de renforcer les échanges économiques avec les pays d'Asie centrale et d'approfondir la coopération internationale.

5. Il faut promouvoir l'édification des Nouvelles routes de la soie, ainsi que les relations diplomatiques par le biais de la coopération économique. Les Nouvelles routes de la soie sont une plateforme de coopération économique et commerciale, mais également une scène permettant de mettre en œuvre la diplomatie. 2017 sera la quatrième année depuis que Xi Jinping a proposé cette initiative. Les premiers résultats de son édification commencent à apparaître et celle-ci a obtenu la reconnaissance et le soutien de pays toujours plus nombreux. Cela montre clairement, que la pratique innovante de la Chine consistant à approfondir la coopération internationale doit être complémentaire avec la situation d'ensemble de sa diplomatie.

6. La Chine doit participer activement à la gouvernance mondiale et s'avancer vers le centre de la scène internationale. En 2017, la Chine devra continuer à renforcer et à mettre en œuvre les résultats du G20 de Hangzhou. Elle devra s'appuyer sur les mécanismes internationaux de coopération comme le Forum de Davos, l'OCS et le Sommet de l'APEC. Elle devra également promouvoir son programme lors du Forum sur la coopération internationale des Nouvelles routes de la soie et du 9e Sommet des BRICS, afin de jouer un plus grand rôle dans la gouvernance mondiale et occuper un rôle central sur la scène internationale.

Il y a peu de chances pour que l'année 2017 soit une année paisible dans le monde et elle ne risque sûrement pas d'être anodine pour la diplomatie chinoise. Pour les vœux de la nouvelle année, je reprendrai donc quelques vers d'un poème de Li Bai : « Le temps viendra où il faudra chevaucher le vent, surmonter les vagues ; ma voile telle un nuage, je fendrai les océans ! »

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