Les estampes du Nouvel An imprimées
en xylographie au bourg de Yangliuqing, dans la banlieue de la
municipalité de Tianjin, constituent un art folklorique original
aux fortes couleurs locales. Elles ont balbutié sous le règne
Chongzheng de la dynastie des Ming, de 1628 à 1644, et prospéré
sous les empereurs Yongzheng (1723-1736), Qianlong (1736-1796) et
au début du règne de l'empereur Guangxu (1875-1909). Il y avait
plusieurs milliers de modèles d'estampes. A leur apogée, le bourg
et les 30 villages environnants travaillaient pour colorer et
peindre les estampes. Les boutiques qui se succédaient au bourg
recevaient d'incessants clients.
Les estampes du Nouvel An de
Yangliuqing ont des affinités étroites avec la célébration du
Nouvel An lunaire qui signifie non seulement la célébration de
bonnes moissons, mais aussi la joie et l'espérance. Combinant la
xylographie avec la coloration à la main, elles gardent les
techniques picturales populaires et ont subi l'influence de
l'Académie de peinture de la dynastie des Qing (1644-1911).
Elles présentent une grande richesse
de sujets, un style de lignes régulières et de coloration vive,
notamment concernant la figure du personnage, et manifestent un
fort accent décoratif. Elles n'ont cessé d'inspirer les gravures
sur bois ultérieures, et offrent une grande variété de sujets :
portrait de divinité, gardien de la porte, peinture de belle femme,
garçon doré, peinture de bon augure, animaux porte-bonheur, fleurs
et oiseaux, paysage, personnage de théâtre, mythes et légendes.
Mais les sujets favoris restent « La Bonne chance », « La Bonne
Année », « La Chance et la fortune », « Le Bonheur et l'avancement
», « La Richesse continuelle », « La Sérénité et la joie », afin de
créer une atmosphère d'allégresse générale et d'avenir radieux pour
la fête. Prenons par exemple l'estampe du Nouvel An : « Surplus
d'année en année », qui présente un bébé aux joues rebondies avec
une carpe entre les bras et des fleurs de lotus à la main. Comme le
poisson se prononce en chinois de la même façon que le mot «
surplus », la peinture signifie l'abondance : elle est devenue une
estampe du Nouvel An classique. Dans l'histoire des gravures sur
bois de Chine, les estampes du Nouvel An de Yangliuqing sont aussi
connues que celles de Taohuawu, à Suzhou, en Chine du Sud.
Exprimant les sentiments et les
désirs du peuple de façon allégorique ou réaliste, les estampes du
Nouvel An de Yangliuqing ont tendance à refléter l'actualité et à
décrire des contes historiques. Elles sont donc non seulement des
oeuvres d'art, mais aussi des matériaux de valeur historique. Elles
constituent depuis leur création un art combinant le réalisme avec
le romantisme, et cette belle tradition reste vivace de nos
jours.
china.org.cn 2005/02/07
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