Le choix historique de la voie de développement au Tibet
 
 
I. L'ancien régime s'est inévitablement retiré de la scène de l'histoire du Tibet.

– Fermé, arriéré et éloigné de la civilisation moderne : rien à voir avec le légendaire « Shangri-La »

Dans les années 1930, le romancier britannique James Hilton a décrit, dans ses Horizons perdus, un « ShangriLa », un merveilleux paradis de rêve sur terre. Depuis lors, la quête du « Shangri-La » a fait rêver beaucoup de monde, certains allant jusqu'à considérer le Tibet comme l'origine du « Shangri-La ». Ce n'est cependant que le souhait ardent des gens, le « Shangri-La » n'était absolument pas dans l'ancien Tibet.

Les données suivantes permettent de se faire une idée générale sur la situation arriérée de l'ancien Tibet : jusqu'à sa libération pacifique en 1951, le Tibet n'avait pas une école moderne ; le taux d'analphabétisme chez les jeunes et adultes s'élevait à 95% ; par manque de soins médicaux modernes, se prosterner devant la statue de Bouddha incarnait pour la majorité des Tibétains le moyen principal de se faire soigner, l'espérance de vie n'étant que de 35,5 ans ; faute de route régulière, le transport des marchandises et la distribution du courrier se faisaient à dos d'homme et d'animal ; le Tibet ne possédait qu'une petite centrale d'une puissance d'à peine 125 kilowatts qui servait uniquement le XIVe dalaï-lama et peu de privilégiés.

Les personnalités chinoises et étrangères qui ont connu l'ancien Tibet ont tous été bouleversées sans exception par sa scène sociale en retard et ont laissé de nombreuses descriptions d'immersion. En 1945, après avoir mené une enquête sur place durant plusieurs mois au Tibet, Li Youyi a raconté : « Tout le long de mon voyage de quelque 1 700 miles dans les cours moyen et inférieur de Yarlung Zangbo, j'ai observé quantité de paysages meurtris. Tous les jours, j'ai pu voir des ruines laissées à l'abandon, des traces de labourage et de culture restant à peine visibles, mais aucun signe de la présence humaine. Les “bourgs fantômes” de ce genre par lesquels je suis passé ne se limitent pas à 100… Lorsque je suis parti faire mon voyage, c'était justement la saison de la moisson d'automne. Même dans un village relativement reculé de l'intérieur du pays, vous aurez la possibilité de lire sur les visages des paysans, à cette saison-là, la joie de la récolte. Pourtant, dans les villages tibétains en 1945, il m'était impossible d'observer ne serait-ce qu'un seul visage souriant. Je n'ai pu assister qu'à des rugissements et des coups de fouet infligés par des nobles et des percepteurs de fermage aux serfs ; et je n'ai pu entendre que des pleurs et des soupirs des serfs. »

Edmund Candler, correspondant en Inde du journal britannique Daily Mail, a publié en 1905 son ouvrage The Unveiling of Lhasa (La face cachée de Lhasa), dans lequel il a dépeint en détail la ville de Lhasa : « Cette ville est tellement sale que je ne parviens pas à trouver un adjectif pour la qualifier. Elle n'a pas de système d'égouts et les routes ne sont pas pavées. On n'y trouve pas une maison propre ou une maison nettoyée de temps à autre. Après la pluie, les rues sont jonchées d'étangs de l'eau stagnante, nombre de cochons et de chiens y accourent en quête de déchets et de rognures. »

Du Tai (d'origine tibétaine), ancien directeur général de l'administration de la radiodiffusion et de la télévision de la Région autonome du Tibet, se souvient : « Quand je suis venu à Lhasa en 1951, je ne m'attendais pas à ce que cette ville soit à ce point misérable et délabrée. A cette époque-là, on ne trouvait quasiment pas une rue présentable dans toute la ville, à l'exception de la rue Barkhor tout près du monastère de Johkang. Il n'y avait également aucune installation de services publics, ni réverbère, ni équipements d'approvisionnement en eau, ni ceux de vidange. On tombait souvent, dans les rues, sur des corps de personnes mortes de froid ou de faim, des mendiants, des prisonniers et des meutes de chiens errants. Le monastère de Johkang avoisinait, à l'ouest, un village de mendiants, tandis que le monastère de Ramoche rassemblait aussi, à l'entour, de nombreux mendiants. Les mendiants d'alors étaient de l'ordre de 3 000 à 4 000 personnes, soit plus d'un dixième de la population de cette ville. »

En 1950, Ngapoi Ngawang Jigme, kalon du gouvernement local du Tibet et plus tard vice-président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale de Chine, a envoyé au Kashag (Cabinet) un compte-rendu de la situation à Qamdo par télégramme dans lequel il dit : « A cause d'une situation sociale agitée, le peuple est plongé dans la misère. On ne compte dans certains districts que sept ou huit familles qui disposent encore de tsampa (farine d'orge grillée et broyée), le reste d'entre elles ne vivant que de Brassica rapa (moutarde de Chine à pétiole pourpre). Les mendiants vivent en foule, et on assiste partout des scènes de désolation. »

De nombreuses preuves attestent que l'ancien régime tibétain commençait à s'essouffler au milieu du XXe siècle. Ngapoi Ngawang Jigme a évoqué cette situation en disant : « Je me souviens que dans les années 40, j'ai abordé à maintes reprises le sujet de la crise de l'ancien régime tibétain avec des amis intimes, et que tout le monde était de cet avis : si cette situation perdurait, les serfs mourraient bientôt tous, et les nobles ne survivraient pas non plus ; toute la société périrait donc. »

Dans les années 1950, la majorité des pays et régions dans le monde avaient déjà réalisé la laïcisation alors que le Tibet d'alors pratiquait encore ce régime retardataire, qui entravait gravement les progrès de la société tibétaine en creusant un fossé de plus en plus profond entre le Tibet et la civilisation moderne. Dès le début du XIXe siècle, nombre de pays et régions dans le monde ont déclenché le mouvement abolitionniste, et, ainsi, le Royaume-Uni, la Russie, les Etats-Unis et d'autres pays ont aboli les uns après les autres l'esclavage. En 1807, le Parlement britannique a adopté une loi interdisant aux navires britanniques toute participation à la traite des esclaves. En 1861, l'empereur russe Alexandre II a officiellement ratifié le « décret » et la « déclaration » visant à abolir le servage. En 1862, le président américain Abraham Lincoln a déclaré la Proclamation d'émancipation, et en 1865, le Congrès des Etats-Unis a adopté le XIIIe amendement de la Constitution des Etats-Unis et a aboli l'esclavage. La Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée en 1948 par l'Assemblée générale des Nations unies stipule ceci : Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l'esclavage et la traite des esclaves doivent être interdits sous toutes leurs formes. Au milieu du XXe siècle, alors que le servage avait quasiment disparu dans le monde, le bastion de servage le plus important au niveau mondial se retranchait encore au Tibet en Chine, entravant non seulement les progrès de la société chinoise, mais incarnant également une honte pour la civilisation, la conscience et la dignité de l'humanité.

Avec la fondation de la Chine nouvelle et les progrès de la société chinoise, l'ancien régime tibétain a été complètement aboli entre la fin des années 1950 et le début des années 1960. Or, la clique du XIVe dalaï-lama est allée à l'encontre du courant de l'histoire. Plutôt que de reconsidérer les ténèbres et la tyrannie dues à la théocratie de l'ancien Tibet, elle s'est accrochée à celle-ci et a rêvé de la remettre en application un jour au Tibet. La clique du XIVe dalaï-lama a conservé des documents dans lesquels on lit des enregistrements clairs en la matière. La Constitution du Tibet (ébauche) élaborée en 1963 a stipulé ceci : « Le Tibet, en se basant sur l'esprit des préceptes du Bouddha, fondera un Etat démocratique et unifié. » La Charte des Tibétains en exil, élaborée en 1991, stipule : « La future politique devra respecter le principe de nonviolence et s'efforcera de se constituer en un libre Etatprovidence à la politique guidée par le Dharma, une République fédérale démocratique. » Les Lignes directrices de la politique du Tibet futur et les traits fondamentaux de sa Constitution élaborés en 1992 ont posé « la complémentarité entre les pouvoirs politique et religieux » comme la nature politique du futur Tibet. La Charte des Tibétains en exil amendée en 2011 a stipulé que la politique du futur Tibet consiste dans « l'union du pouvoir politique et du pouvoir religieux ».

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