Mieux connaître la sagesse de la gouvernance chinoise
Devant l’émergence collective des pays du Sud global et alors que la conscience de leur développement autonome ne cesse de croître, la voie de développement et l’expérience de gouvernance de la Chine suscitent un intérêt croissant de la part de la communauté internationale, en particulier des pays africains. Récemment, lors des forums des lecteurs sur la série Xi Jinping : La Gouvernance de la Chine organisés au Kenya et en Afrique du Sud, la signification de la modernisation à la chinoise a fait l’objet d’une exploration détaillée, suscitant des discussions approfondies et un large consensus parmi les responsables politiques et les universitaires africains.
Aller au-delà d’un modèle unique de développement
Dans le discours international, il existe une narration de longue date qui assimile de manière simpliste « modernisation » et « occidentalisation ». En quelques décennies, la Chine a accompli un processus d’industrialisation rapide tout en maintenant une stabilité sociale sur le long terme, une réussite qui offre aux pays du monde, en particulier ceux du Sud global, une perspective différente.
Hassan Omar Hassan, secrétaire général de l’Alliance démocratique unie du Kenya, a souligné que de nombreux pays africains avaient tenté de reproduire les modèles démocratiques et économiques occidentaux, mais s’étaient souvent retrouvés pris dans des turbulences politiques et un ralentissement du développement. Il estime que la série Xi Jinping : La Gouvernance de la Chine révèle une vérité fondamentale : il n’existe pas de modèle de développement fixe et il faut s’appuyer sur les spécificités nationales.
Cette idée a trouvé un écho en Afrique du Sud. Cedric Frolick, président de l’Assemblée nationale d’Afrique du Sud, note que la modernisation à la chinoise représente un modèle totalement nouveau, qui rejette la colonisation et le pillage courants dans le processus de modernisation occidentale, privilégie le développement pacifique et partage les opportunités avec le monde. Cela offre aux pays du Sud global une nouvelle vision consistant à prospérer sans sacrifier leur souveraineté, et se moderniser sans abandonner leurs traditions.
Paul Tembe, sinologue et directeur-fondateur du groupe de réflexion SELE Encounters d’Afrique du Sud, souligne que l’expérience chinoise est enracinée dans une civilisation de cinq mille ans. Tout comme l’esprit Ubuntu en Afrique du Sud met l’accent sur la communauté, il remarque que la plus grande leçon de l’expérience chinoise réside dans la confiance culturelle. « Nous devons résoudre nos problèmes avec nos propres philosophies », estime-t-il.
Une fois la direction de développement correcte déterminée, une gouvernance efficace est essentielle pour atteindre les objectifs. Les participants ont extrait de Xi Jinping : La Gouvernance de la Chine plusieurs éléments clés du système de gouvernance chinois.
Le premier principe fondamental est celui de la primauté du peuple. William Kabogo Gitaū, secrétaire du cabinet kényan chargé du ministère de l’Information, des Communications et de l’Économie numérique, cite le Président Xi Jinping, qui remarque que « les aspirations du peuple à une vie meilleure sont notre objectif de lutte », soulignant que cela correspond parfaitement à la vision du Kenya, qui s’efforce d’améliorer le bien-être des citoyens et de rendre autonome les couches les plus défavorisées de la société.
La députée kényane Beatrice Elachi précise également que la politique chinoise se concentre sur la résolution des problèmes concrets liés à la vie quotidienne des gens, et que son approche pragmatique est un modèle que les partis africains pourraient adopter.
Le second élément est le courage politique constant à l’égard de l’autoréforme. Kirtan Bhana, directeur de Diplomatic Society d’Afrique du Sud, est particulièrement impressionné par les discussions sur la lutte contre la corruption qui figurent dans le livre. Il cite l’expression « Déplaire à quelques milliers de personnes, mais ne pas trahir 1,4 milliard de personnes » pour souligner la détermination à placer les intérêts nationaux au-dessus des intérêts personnels. Cette capacité de correction endogène, où le Parti met en œuvre des réformes en son sein, est essentielle pour maintenir la vitalité et le dynamisme de la Chine.
Le troisième élément est la prévoyance et la continuité de la planification stratégique. Cedric Floreck considère que les plans quinquennaux chinois sont un élément fondamental de l’efficacité de la gouvernance. Il estime qu’ils assurent la mise en œuvre stable des stratégies nationales à long terme, évitant ainsi les interruptions de politiques causées par les cycles électoraux et garantissant la réalisation des objectifs à long terme. Cette capacité de gouvernance est un modèle précieux pour de nombreux pays africains.
Réduction de la pauvreté et développement vert
Les concepts de développement de la Chine finissent par se concrétiser par des résultats pratiques. Parmi ceux-ci, la victoire dans la lutte contre la pauvreté et l’avancement de la transition verte sont comme des manuels pratiques particulièrement suivis par les participants africains.
Thembinkosi Josopu, membre du Conseil de l’Agence nationale pour le développement d’Afrique du Sud, s’est rendu en Chine pour étudier des projets de réduction de la pauvreté. Il a été particulièrement marqué par le concept de ciblage. « La Chine a abandonné la méthode de l’arrosage à grande échelle et utilise les mégadonnées pour identifier précisément les populations pauvres, analyser les causes de la pauvreté, et ensuite élaborer des politiques adaptées aux foyers et aux individus. C’est un système scientifique, complet et traçable. » Il estime que les expériences d’assistance multidimensionnelle de la Chine, couvrant l’industrie, l’éducation, et la santé, offrent une valeur pratique considérable pour les pays africains dans leur lutte contre la pauvreté.
Maropene Ramokgopa, ministre auprès de la Présidence pour la Planification, le Suivi et l’Évaluation de l’Afrique du Sud, constate que l’Afrique du Sud emprunte activement des pratiques chinoises dans la réforme des entreprises d’État, la transition verte et l’innovation technologique. Ces expériences concrètes offrent aux pays africains des exemples directs qu’ils peuvent observer et dont ils peuvent apprendre.
Une pratique internationale du développement pacifique
La philosophie de gouvernance de la Chine ne se limite pas au pays, elle s’étend également à ses relations internationales. Les participants aux forums étaient largement d’accord pour dire que la voie du développement pacifique prônée par la Chine, ainsi que des initiatives de coopération comme « la Ceinture et la Route » (ICR), offrent un nouveau modèle de coopération pour le développement international.
L’ICR est considérée comme un exemple de cette philosophie. Hassan Omar Hassan cite à ce propos le projet du chemin de fer Mombasa-Nairobi, remarquant que la ligne ferroviaire à écartement standard Mombasa-Nairobi est aussi un corridor économique qui a considérablement réduit les coûts logistiques, créé des emplois et s’est alignée avec le Plan de développement national du Kenya, incarnant le principe de « consultation, synergie et partage ».
Beatrice Elachi a mentionné plusieurs projets de coopération sino-kényane, notamment dans les technologies de l’agriculture et la construction de parcs industriels, pour souligner que cette coopération profite directement à la vie des populations ordinaires. Ces résultats tangibles, « palpables et visibles à l’œil nu », contrastent fortement avec les promesses vaines de certains pays occidentaux qui restent souvent sans lendemain.
De Nairobi à Johannesburg, ces forums montrent que les pays africains adoptent une attitude plus pragmatique et dialectique à l’égard de l’expérience de développement de la Chine. Elle s’attache non seulement à l’apprentissage des méthodes spécifiques de gouvernance efficace et de développement économique, mais aussi à la reconnaissance des principes de paix, d’égalité, de coopération et de bénéfices mutuels dans les relations internationales. Les discussions sur la modernisation à la chinoise offrent ainsi aux pays africains une riche source d’inspiration intellectuelle et de référence pratique pour explorer leurs propres voies de développement durable.








