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Une chaise vide au Palais des Nations (REPORTAGE)

Par : 王文晔 |  Mots clés : ONU,USA,droit de l'Homme
French.china.org.cn | Mis à jour le 11-11-2025
Agence de presse Xinhua | 11. 11. 2025

Au Palais des Nations à Genève, lorsque Jürg Lauber, président du Conseil des droits de l'Homme (CDH) des Nations Unies et représentant permanent de la Suisse auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, a annoncé vendredi que le quatrième cycle de l'Examen périodique universel (EPU) des Etats-Unis ne pouvait se dérouler comme prévu, un coin de la Salle des Assemblées a particulièrement attiré l'attention : le siège réservé au représentant américain était vide; des journalistes ont levé leurs caméras vers la chaise inoccupée, capturant ce que beaucoup ont considéré comme un moment historique.

L'EPU est une plate-forme au sein de l'ONU où tous les Etats membres s'engagent dans des échanges francs sur les questions en matière de droits de l'Homme et mènent un dialogue et une coopération constructifs sur un pied d'égalité.

Au nom de l'Union européenne (UE), le représentant de Chypre a noté que l'EPU était considéré comme un mécanisme unique et essentiel pour promouvoir les droits de l'Homme à l'échelle mondiale, précisément en raison de sa nature universelle. L'UE a exprimé son regret que les Etats-Unis n'aient pas participé à l'examen.

En effet, les Etats-Unis ont informé en août dernier le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH) qu'ils ne participeraient pas à ce cycle de l'examen, une décision unilatérale qui a été largement critiquée.

Jamil Dakwar, directeur du programme des droits de l'Homme à l'Union américaine pour les libertés civiles, a estimé que la décision de Washington équivalait à une tentative effrayante de se soustraire à ses responsabilités, "établissant un précédent terrible".

Le jour prévu pour l'examen, l'absence de la délégation américaine a signifié que le dialogue interactif n'a pas pu se dérouler dans sa forme habituelle. M. Lauber a annoncé avoir soumis au Conseil un projet de décision exprimant le regret que les Etats-Unis aient refusé de participer et les exhortant à reprendre leur coopération avec le mécanisme d'examen. Les 47 Etats membres du Conseil ont adopté le projet de décision par consensus en réponse à cette situation.

Conformément aux règles de procédure, tous les Etats inscrits à l'examen de novembre étaient tenus de soumettre avant août un rapport national exposant leurs progrès et les défis dans l'accomplissement de leurs obligations en matière de droits de l'Homme. Les Etats-Unis n'ont pas soumis un tel rapport.

Alors que certains Etats avaient précédemment reporté leurs remises de rapport ou différé leur examen en raison de limitations de capacité ou d'autres facteurs, il est sans précédent dans l'histoire du mécanisme qu'un Etat ne soumette pas son rapport national et refuse également d'assister à la session d'examen, a confié à Xinhua Tang Yingxia, directrice adjointe du Centre des droits de l'Homme de l'Université Nankai.

Des observateurs ont signalé que l'absence des Etats-Unis n'était pas un incident isolé. Ces dernières années, la participation sélective de Washington et son "deux poids, deux mesures" dans les affaires multilatérales relatives aux droits de l'Homme ont fait l'objet d'une attention croissante.

Selon David Lopez, consultant auprès de l'Association internationale des droits de l'Homme et du développement social, qui suit depuis longtemps le système des droits de l'Homme des Nations Unies à Genève, les Etats-Unis se présentent comme les "défenseurs de la démocratie et des droits de l'Homme", mais leur bilan en matière de ratification des traités, de respect des mécanismes internationaux et de pratiques en matière de politique étrangère montre une nette divergence avec cette prétention.

Un rapport du Conseil des relations étrangères, un groupe de réflexion américain sur la politique étrangère, qualifie la décision de Washington de "soudaine et sans précédent", soulevant des questions quant à son engagement envers le principe de l'EPU et l'ensemble du système des droits de l'Homme.

En février dernier, plus de 60 experts indépendants des Nations Unies ont publié une déclaration commune exprimant leur inquiétude face aux mesures prises par l'administration Trump qui, selon eux, affaiblissent la protection des droits de l'Homme aux Etats-Unis et nuisent au système international des droits de l'Homme et de l'humanitaire. La déclaration cite le retrait des Etats-Unis du CDH et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que leurs sanctions imposées à la Cour pénale internationale et à son personnel, comme exemples de mesures aux impacts réels et sérieux.

Comme l'a dit Alfred de Zayas, ancien expert indépendant des Nations Unies, dans une vidéo diffusée le 7 novembre lors d'un événement de la société civile à Genève, pourquoi les Etats-Unis se considèrent-ils au-dessus du droit international, au-dessus de la Charte des Nations Unies, au-dessus du Conseil des droits de l'Homme? Il s'agit là d'un problème aux implications considérables.

Nadia Ben-Youssef, directrice du plaidoyer du Centre pour les droits constitutionnels, une organisation américaine de défense juridique, a souligné que l'absence des Etats-Unis était "flagrante" et menaçait les perspectives d'un ordre mondial fondé sur l'égalité, la justice et la responsabilité. "Nous devons résister de toutes nos forces", a-t-elle ajouté.

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Source: Agence de presse Xinhua
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