Le Premier ministre japonais Ishiba appelle à regarder l'histoire en face dans son message à l'occasion du 80e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale

Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a publié un message à l'occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'opinion publique estime que ce message reflète dans une certaine mesure les caractéristiques personnelles de M. Ishiba et revêt une certaine importance, mais l'absence ou l'insuffisance de certaines expressions clés met en évidence les lacunes du pays en matière de synthèse et de compréhension de son histoire.

Composé d'environ 6.000 mots en japonais, le message publié vendredi abordait cinq thèmes : la constitution d'avant-guerre, la structure du gouvernement, le parlement, les médias, ainsi que la collecte et l'analyse d'informations, affirmant que tous ces éléments portaient une part de responsabilité dans l'entrée en guerre du Japon.

Compte tenu de la situation actuelle de la société japonaise, M. Ishiba a déclaré que la politique ne devait jamais céder à l'opinion publique ou poursuivre des politiques visant à gagner en popularité qui nuiraient à l'intérêt national, tout en mettant en garde contre le nationalisme étroit d'esprit et la xénophobie.

Le pays ne doit pas privilégier les jugements émotionnels et sentimentaux au détriment des jugements calmes et rationnels, a déclaré le Premier ministre, ajoutant que ce qui importait le plus, c'était le courage et l'intégrité pour affronter le passé sans détour.

Les médias japonais ont souligné que, par rapport aux déclarations officielles publiées par ses prédécesseurs à l'occasion des 50e, 60e et 70e anniversaires, les opinions de M. Ishiba présentaient de nouvelles perspectives. Cependant, ce message a été publié à titre personnel, sans l'approbation officielle de l'ensemble du cabinet, et n'a pas mentionné explicitement la "responsabilité de l'agression" envers les pays asiatiques voisins. M. Ishiba a simplement déclaré, en réponse à la question d'un journaliste, que les opinions historiques qu'il défendait, héritées des cabinets précédents, incluaient "des sentiments de remords et d'excuses".

M. Ishiba est considéré comme un conservateur modéré au sein du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, avec une compréhension de l'histoire plus progressiste que les conservateurs purs et durs du parti. Les médias locaux estiment généralement que les propos de M. Ishiba reflètent son approche équilibrée sous la pression du PLD.

Depuis son entrée en fonction l'année dernière, M. Ishiba avait prévu de publier un communiqué du Premier ministre approuvé par le cabinet, conformément à la tradition, à l'occasion du 80e anniversaire de la fin de la guerre. Cependant, les membres conservateurs du PLD s'y sont fermement opposés, arguant que la déclaration du 70e anniversaire du Premier ministre de l'époque, Shinzo Abe, avait clairement indiqué que "les générations futures ne devaient pas être prédestinées à présenter des excuses", et craignant que M. Ishiba ne renverse ce ton. La nouvelle présidente du PLD, Sanae Takaichi, a également déclaré qu'il n'était pas nécessaire de publier de communiqué à l'occasion du 80e anniversaire.

Le professeur Akira Yamada de l'université Meiji estime que les réflexions de M. Ishiba étaient restées principalement centrées sur la politique intérieure japonaise et manquaient de perspective sur les pays asiatiques voisins. Bien que M. Ishiba ait utilisé le terme "remords", le contenu du message était presque exclusivement axé sur l'analyse de l'incapacité des partis politiques à contrôler l'influence de l'armée.

La professeure Mie Oba de l'université de Kanagawa a déclaré que ce message fournissait une explication sensée de la situation dans le Japon d'avant-guerre. "Le fait que le Premier ministre doive rappeler à plusieurs reprises ces faits, qui devraient être enseignés dès le départ dans le cadre du système éducatif, reflète les graves lacunes du Japon en matière de synthèse historique".