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France : Sébastien Lecornu reconduit à Matignon, entre espoir de stabilité et critiques (SYNTHESE)

Par : 张平平 |  Mots clés : France-Lecornu-reconduction-Matignon-SYNTHESE
French.china.org.cn | Mis à jour le 11-10-2025
Agence de presse Xinhua | 11. 10. 2025

Après des jours de suspense et de négociations intenses, le président français Emmanuel Macron a finalement tranché : Sébastien Lecornu reste Premier ministre. Une décision annoncée vendredi soir en pleine crise politique. Celle-ci suscite autant de soulagement que de colère dans la classe politique française. Le chef de l'Etat mise sur la continuité pour sortir de l'impasse institutionnelle, mais les oppositions expriment déjà leurs réserves.

Nommé une première fois le 9 septembre, M. Lecornu avait remis sa démission lundi 7 octobre, après avoir échoué à dégager une majorité claire à l'Assemblée nationale. Pourtant, quatre jours plus tard, M. Macron lui a demandé de "poursuivre sa mission" et de former un nouveau gouvernement, avec pour objectif principal : faire adopter un budget avant la fin de l'année.

"J'accepte, par devoir, la mission qui m'est confiée par le président de la République de tout faire pour donner un budget à la France et répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes", a dit le Premier ministre sur X, insistant sur la nécessité de "mettre un terme à cette crise politique qui exaspère les Français".

Pour l'Elysée, cette reconduction est un gage de stabilité dans un contexte d'instabilité chronique. "Le président de la République est convaincu qu'une entente entre les forces politiques est possible dans le respect des convictions de chacun", a souligné un communiqué officiel. Sébastien Lecornu a été chargé de consulter largement les partis représentés au Parlement, à l'exception notable du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI).


REACTIONS POLITIQUES : ENTRE REJET ET PRUDENCE


A gauche, la colère domine. Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, a dénoncé une "comédie musicale où le décor est en train de tomber". "Emmanuel Macron nous a dit que le Premier ministre ne sera pas de notre camp politique. Nous sortons de cette réunion sidérés", a-t-elle lancé après l'entretien à l'Elysée.

Olivier Faure (PS) a prévenu qu'il n'y avait "aucune garantie de non-censure" du futur gouvernement, tandis que Fabien Roussel (PCF) a évoqué une "immense déception" si la politique ne changeait pas de cap. "Si le nouveau Premier ministre reste dans le camp d'Emmanuel Macron pour mener la même politique, nous ne pourrons pas l'accepter", a-t-il martelé.

A droite, les Républicains (LR) affichent une position plus nuancée. Bruno Retailleau, patron du parti, a annoncé qu'il ne participerait pas au nouveau gouvernement, tout en laissant la porte ouverte à des discussions sur le budget.

"Il faut une rupture avec les gouvernements précédents", a estimé Agnès Pannier-Runacher, ministre démissionnaire de la Transition écologique, sur France Info.

Dans le camp présidentiel, les divisions sont palpables. Plusieurs figures, comme Gabriel Attal, ont appelé à "partager le pouvoir" et à éviter de "donner le sentiment de s'acharner". "Désigner un Premier ministre identifié comme très proche du président ne facilite pas la discussion avec l'opposition", a-t-il souligné. Même son de cloche du côté de Mme Pannier-Runacher : "Je ne comprendrais pas que Sébastien Lecornu soit renommé après sa démission".

La priorité absolue de M. Lecornu sera de faire adopter le budget 2026, condition sine qua non pour éviter une nouvelle crise institutionnelle. "Il y a une majorité de parlementaires qui veulent la stabilité et un budget qui respecte nos engagements européens", a assuré Roland Lescure, ministre de l'Economie démissionnaire.

Mais l'équation reste complexe : sans majorité absolue, le gouvernement devra composer avec des alliances fragiles et des motions de censure déjà annoncées par LFI, le RN, les Ecologistes et le PCF.


LA COMPOSITION DU GOUVERNEMENT, NOUVEAU DEFI A RELEVER


Sébastien Lecornu doit désormais composer son gouvernement et présenter sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale. Le Parti socialiste a indiqué qu'il attendrait ce discours pour décider d'une éventuelle motion de censure. "Nous ne censurerons pas a priori, mais nous jugerons sur les actes", a précisé Olivier Faure.

La balle est dans le camp des parlementaires. Si les négociations échouent, la menace d'une dissolution,et donc de nouvelles élections, plane toujours. "La France a des atouts économiques, il y a des solutions budgétaires. Elles ne sont pas faciles, mais elles sont possibles", a rappelé François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.

La reconduction de Sébastien Lecornu est un pari risqué pour Emmanuel Macron. Elle pourrait soit apaiser les tensions en permettant l'adoption du budget, soit raviver la crise si les oppositions unissent leurs forces pour le renverser.

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Source: Agence de presse Xinhua
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