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Accord commercial Etats-Unis-UE : une fracture au sein de l'UE (SYNTHESE)

Par : 王栋 |  Mots clés : US-UE-accord
French.china.org.cn | Mis à jour le 06-08-2025
Agence de presse Xinhua | 06. 08. 2025

L'accord commercial signé le 27 juillet dernier entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis a suscité des remous croissants au sein de l'UE. Plusieurs gouvernements européens, notamment ceux de la France, de l'Espagne et de la Hongrie, ont exprimé leur mécontentement ou leur scepticisme. En outre, des incertitudes persistent quant à sa ratification par les Etats membres et le Parlement européen.

Le président français Emmanuel Macron a déploré le fait que "nous n'avons pas été assez craints" pour obtenir un accord favorable. Son Premier ministre François Bayrou a évoqué un "jour sombre" pour l'Europe, dénonçant une "soumission" face aux pressions américaines. "C'est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission", a-t-il déclaré sur X. Le ministre délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a plaidé pour un "rééquilibrage" de l'accord, estimant qu'il désavantage les intérêts économiques français, notamment dans l'automobile et l'agroalimentaire.

L'Espagne, bien que moins offensive, affiche une position mitigée. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a dit "soutenir" l'accord, mais "sans aucun enthousiasme", soulignant l'absence d'avantages clairs pour l'économie espagnole.

En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban a adopté un ton particulièrement critique, raillant l'accord lors d'une vidéo diffusée en direct sur le réseau social Facebook : "Ce n'est pas Donald Trump qui a conclu un accord avec Ursula von der Leyen, c'est plutôt Donald Trump qui a mangé Ursula von der Leyen au petit déjeuner". Il a jugé l'accord "pire" que celui obtenu par le Royaume-Uni.

A l'inverse, des pays comme l'Allemagne et l'Italie, grands exportateurs vers les Etats-Unis, se montrent plus favorables. Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est dit "soulagé" par la réduction des droits de douane sur l'automobile, un secteur clé pour l'économie allemande, ramenés de 27,5% à 15%. Un avis partagé par le chef de la dipomatie italienne, Antonio Tajani, qui a écrit sur X : "L'accord entre l'UE et les Etats-Unis met un terme à une phase d'incertitude et évite une guerre commerciale".

Le processus de ratification ajoute une couche d'incertitude. Selon le traité de Lisbonne, l'accord doit être approuvé par les Etats membres au sein du Conseil de l'UE, où une majorité qualifiée (au moins 55 % des membres du Conseil, soit 15 des 27 Etats membres, représentant au moins 65 % de la population), est requise. Cependant, des voix, notamment en France, évoquent la possibilité d'un veto, faisant référence au "compromis de Luxembourg" de 1966, qui permet à un Etat membre de bloquer une décision pour des raisons d'intérêt national vital.

Le Parlement européen, bien que limité à un rôle consultatif en matière d'accords commerciaux, pourrait également compliquer le processus. Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne en 2009, les accords commerciaux doivent être approuvés par les eurodéputés, qui ont déjà rejeté des traités par le passé, comme l'accord anti-contrefaçon (ACTA) en 2012. Des divisions au sein du Parlement, similaires à celles observées lors des débats sur l'accord UE-Mercosur, pourraient émerger.

L'accord de Turnberry met en lumière les fractures au sein de l'UE, entre les pays favorables à un compromis rapide avec les Etats-Unis, comme l'Allemagne et l'Italie, et ceux, comme la France, qui appellent à une posture plus ferme. L'opposition croissante, tant au niveau politique que populaire, laisse planer le spectre d'un rejet, qui pourrait plonger les relations transatlantiques dans une nouvelle phase d'incertitude.

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Source: Agence de presse Xinhua
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