Les Etats-Unis risquent de devenir un Etat voyou (FT)
Le président élu américain Donald Trump risque de transformer les Etats-Unis en un "Etat voyou" lorsqu'il parle de faire du Canada le "51e Etat américain" et de s'emparer du Groenland, a estimé l'éditorialiste Gideon Rachman dans le Financial Times (FT) paru lundi.
"La prise de contrôle forcée ou contrainte d'un pays par un voisin plus important est la plus grande sonnette d'alarme de la politique mondiale. C'est le signal qu'un Etat voyou est en marche", a-t-il écrit.
Le futur président américain a exprimé à plusieurs reprises son ambition de faire du Canada une partie des Etats-Unis, ce qui a incité des responsables politiques canadiens à rejeter publiquement ces propos.
L'Europe a également pris au sérieux les remarques de M. Trump concernant la prise de contrôle du Groenland. Ce dernier a clairement indiqué qu'il "n'est pas à vendre et ne le sera pas non plus à l'avenir", a dit la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Alors que la France et l'Allemagne ont également mis en garde contre ces déclarations, la Norvège a qualifié celles-ci d'"inacceptables" et mis en garde contre la menace qui pèse sur l'unité de l'OTAN et la stabilité de l'Europe.
Pour leur part, les partisans de Donald Trump considèrent toute cette affaire comme une vaste plaisanterie. Brandon Gill, un représentant républicain, aurait déclaré que les Canadiens, les Panaméens et les Groenlandais devraient être "honorés" à l'idée de devenir Américains.
La violence contre les droits des petites nations a déclenché les Première et Deuxième Guerres mondiales, note Gideon Rachman du FT, ajoutant que le Royaume-Uni et la France n'avaient pas réussi à protéger la Tchécoslovaquie de l'Allemagne nazie en 1938 et que, dans l'année qui a suivi, elles ont reconnu leur erreur et accordé une garantie de sécurité à la Pologne, le prochain petit voisin dans le collimateur de l'Allemagne. Son invasion en 1939 a déclenché le début du conflit.
Même si M. Trump met rarement ses menaces à exécution, il a déjà énormément nui à la position mondiale de l'Amérique et à son système d'alliances, a poursuivi l'éditorialiste en ajoutant que tout rire des "plaisanteries" de M. Trump est déplacé.
"Ce à quoi on assiste est une tragédie, pas une comédie", a-t-il dit.
