ZOOM AFRIQUE : La jeunesse africaine, moteur de l'essor du continent "le plus jeune" du monde

A bord d'un train reliant Mombasa à Nairobi au Kenya, de jeunes stewards offrent un service attentionné; dans la zone industrielle sino-ougandaise de Mbale, des travailleurs dynamiques s'affairent à la production de biens "made in Africa"; au Nigeria, des employés efficaces trient des colis dans un centre logistique de commerce électronique (...) Ces jeunes, incarnant la vitalité du développement de l'Afrique, illustrent toute la force de leur génération pour façonner l'avenir du continent.

L'Afrique, selon l'Union africaine (UA) et la Banque africaine de développement, possède la population la plus jeune au monde, avec plus de 400 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans, un chiffre qui devrait dépasser les 830 millions d'ici 2050.

Cette dynamique, alimentée par de grandes tendances telles que la révolution numérique et la transition énergétique, permet à de nombreux jeunes en Afrique de saisir de nouvelles opportunités, tandis que beaucoup de pays africains, en collaboration avec la Chine, ouvrent des horizons innovants pour leur jeunesse, libérant ainsi un dividende démographique qui stimule l'essor de l'Afrique.

UN ATOUT DEMOGRAPHIQUE REMARQUABLE

D'après Statista, une base de données mondiale, la population totale de l'Afrique dépassait 1,48 milliard en 2023 et devrait atteindre environ 2,5 milliards d'ici 2050.

Cette croissance démographique est d'autant plus significative qu'à la fin du XXIe siècle, près de la moitié des jeunes du monde vivront en Afrique, portant ainsi le nombre de jeunes Africains à près du double de la population totale de l'Europe, selon les prévisions de Microsoft et ses partenaires dans leur "Livre blanc sur l'IA et l'avenir du travail en Afrique".

La forte présence de jeunes travailleurs dynamise des secteurs traditionnels comme l'agriculture, l'industrie et les services, tout en accélérant le développement de secteurs émergents tels que l'économie numérique, les énergies renouvelables et l'intelligence artificielle (IA). Par ailleurs, ces jeunes générations représentent un levier majeur de consommation, contribuant à la mise en valeur du potentiel du marché africain.

Grâce à la grande capacité d'adaptation et à la créativité des jeunes, si l'on parvient à exploiter pleinement leur potentiel, la société africaine gagnera en dynamisme et en résilience, et sera mieux préparée à relever les défis mondiaux. "Sur une note plus positive, l'explosion de la population jeune en Afrique pourrait s'avérer être l'atout le plus précieux", comme le souligne l'Organisation internationale du travail dans son rapport "Tendances mondiales de l'emploi des jeunes 2024".

Selon Liu Tiannan, professeure associée au département de français de la Faculté des Langues étrangères et directrice de l'Institut d'études africaines de l'Université des relations internationales de Chine, la jeunesse constitue une force motrice essentielle du développement socio-économique de l'Afrique, tant actuel que futur. Dans un contexte mondial où nombre de pays sont confrontés au vieillissement démographique et à une pénurie de main-d'œuvre, la structure démographique jeune de l'Afrique devient un atout précieux pour sa croissance durable.

UNE IMMERSION DANS LES TENDANCES MODERNES

Chez Yaxare, une entreprise de thé à base de plantes située dans la capitale gambienne, Banjul, sa fondatrice de 33 ans, Fatoumata Njie, supervise de près l'emballage de ses produits, dont le succès auprès des consommateurs locaux est en grande partie dû à l'intégration des technologies numériques dans la gestion de son entreprise.

Pour optimiser la qualité et le rendement des herbes médicinales locales, Mme Njie a créé une application mobile baptisée "Happy Farm", qui aide les agriculteurs à améliorer la qualité du sol et à accroître leurs récoltes. En même temps, elle commande régulièrement des équipements d'emballage et de transformation du thé sur des plateformes d'e-commerce, afin d'offrir à ses clients des produits attractifs et de haute qualité.

Grâce à la transformation numérique, le quotidien de nombreux jeunes Africains, comme Fatoumata Njie, est en pleine évolution. Sur le continent, les progrès dans les domaines de l'e-commerce et de la finance numérique sont de plus en plus impressionnants, tandis que les paiements mobiles connaissent une expansion rapide. Avec l'amélioration continue des infrastructures de communication, de nouvelles opportunités d'emploi et d'entrepreneuriat se multiplient pour la jeunesse africaine.

Parallèlement, de plus en plus de jeunes en Afrique s'engagent activement dans la transition énergétique, sur fond de menace croissante du changement climatique. Ils œuvrent à soutenir l'innovation des technologies énergétiques et l'électrification des zones rurales, favorisant ainsi l'orientation du continent vers une économie verte.

Doreen Orishaba, directrice générale pour le Rwanda de BasiGo, une entreprise kényane de véhicules à énergie nouvelle, a consacré plus d'un an à promouvoir les bus électriques chinois au Rwanda, où l'importation de combustibles est coûteuse et la consommation de carburant élevée à cause des routes montagneuses. Son initiative a permis à de multiples opérateurs de bus locaux de prendre conscience des avantages environnementaux et économiques de ces véhicules, les incitant à commander plus d'une centaine de bus électriques.

"Chaque bus électrique mis en circulation au Rwanda permet de réduire jusqu'à 30 tonnes d'émissions de CO2, ce qui constitue pour nous une contribution à la protection environnementale", a-t-elle précisé.

UNE VALORISATION DU POTENTIEL DES JEUNES

D'après l'experte Liu Tiannan, pour que le potentiel de la jeunesse africaine se traduise réellement en dividende démographique, il est crucial d'améliorer le système éducatif, de renforcer les compétences des jeunes et de multiplier les opportunités d'emploi, tout en encourageant l'entrepreneuriat chez les jeunes.

Henok Amanuel Emiru, un étudiant éthiopien de 26 ans, n'aurait jamais imaginé remporter la plus haute distinction parmi les candidats africains lors de sa participation à la Compétition internationale de compétences de l'Initiative la Ceinture et la Route, qui s'est tenue juin dernier dans la municipalité chinoise de Chongqing (sud-ouest).

Cette réussite est le fruit de la formation dispensée à l'atelier Luban en Ethiopie, désigné par l'UA comme centre de formation des talents en technologies et compétences pour tout le continent africain. Grâce à l'expertise partagée de ses enseignants, Henok Amanuel Emiru a acquis une maîtrise approfondie des techniques dans cet institut de formation professionnelle.

L'atelier Luban n'est qu'un microcosme de la coopération sino-africaine en matière d'éducation pour la jeunesse. Dans les trois prochaines années, la Chine appliquera en profondeur "Avenir de l'Afrique", un plan de coopération sino-africain en matière de formation professionnelle, établira conjointement avec les pays africains des instituts d'ingénierie et créera ou modernisera dix ateliers Luban et vingt établissements scolaires et fournira une formation avec notamment le programme sur l'épanouissement des jeunes en Afrique.

Les pays africains déploient également des efforts pour favoriser leur jeunesse à travers des programmes de développement adaptés, tels que le plan gouvernemental du Maroc doté de 14 milliards de dirhams (environ 1,4 milliard de dollars) pour l'emploi des jeunes, le Programme national de développement de la jeunesse 2025-2029 du Sénégal et les projets de formation aux compétences numériques et vertes lancés par la Zambie d'ici 2027.

"Ensemble, nous pouvons construire un continent où les jeunes sont à la pointe de l'innovation, de la gouvernance et du développement durable", assure Chido Mpemba, envoyée spéciale de l'UA pour la jeunesse.