Sous le signe de la jeunesse
L’année 2024 a marqué le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France et l’Année franco-chinoise du tourisme culturel. Les jeunes ont joué un rôle important pour renforcer la compréhension mutuelle et les échanges amicaux, au point de constituer un nouveau socle de l’amitié à long terme entre les pays.
Cinq jeunes Chinois et Français qui ont participé aux échanges entre les deux pays en 2024 partagent avec La Chine au présent leur histoire, expriment leur avis sur la coopération sino-française et leurs attentes envers les relations entre les deux pays.
Corentin Delcroix, chef français installé à Shanghai depuis 2010 et blogueur culinaire
En 2024, j’ai participé à plusieurs activités visant à renforcer les échanges sino-français, notamment dans le domaine culinaire, par exemple l’émission « Pic de la Gastronomie - Compétition des maîtres cuisiniers chinois et français », organisée par China Media Group (CMG) et l’ambassade de France en Chine. Le programme de dix épisodes de 60 minutes a vu s’affronter vingt chefs chinois et français. Grâce à cet échange culinaire interculturel, les téléspectateurs ont pu savourer l’essence des cuisines chinoise et française et apprécier la richesse de leurs cultures.
J’ai participé également à l’émission de téléréalité « Chinese Restaurant » produite par Hunan TV et tournée au Jardin des plumes, l’établissement étoilé de David Gallienne, à Giverny. Avec six stars chinoises, nous avons proposé de la cuisine fusion dans un restaurant chinois éphémère durant les trois semaines de tournage 24 heures sur 24 avec une clientèle locale ou venue tout spécialement de Chine.
Lors de la 7e édition de l’Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE) qui s’est tenue du 5 au 10 novembre 2024 à Shanghai, j’étais présent devant le stand du Groupe Savencia pour présenter les produits de haute qualité du groupe alimentaire international au grand public.
Pour moi, les échanges culinaires entre les deux pays ont été très impressionnants en 2024. Les activités relatives à nos deux gastronomies sont déjà très riches, et après la visite en Chine du président français Emmanuel Macron en avril 2023, la Chine a bâti avec la France un mécanisme de coordination sur toute la chaîne intitulée « De la ferme française à la table chinoise », constituant un jalon emblématique dans la coopération sino-française. Aujourd’hui, le « goût de la France » traverse les océans et devient une réalité.
À la CIIE de cette année, la France, en tant que pays d’honneur, a été très présente avec une gamme variée de produits agricoles et de la gastronomie française, entre autres, le baby kiwi dévoilé comme nouveau produit, sept variétés de pommes fraîches de saison sélectionnées, du camembert, des macarons et du magret de canard.
En plus des échanges dans les produits agroalimentaires, la coopération concernant le développement durable, l’innovation technologique et le tourisme culturel entre les deux pays a également été saluée à la CIIE. Récemment, Notre-Dame de Paris a rouvert ses portes. Le Musée du mausolée de l’empereur Qinshihuang a participé à la restauration de la cathédrale avec son expertise dans la conservation des structures en bois ancien, ce qui marque un tournant dans les relations en termes de patrimoine culturel entre les deux pays.
S’il faut trouver quelques mots-clés pour évaluer les relations sino-françaises en 2024, pour moi, ce sont « respect mutuel », « amitié sincère » et « bénéfice réciproque ». Je suis sûr que le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France a marqué un nouveau départ pour les deux pays, et que l’on verra davantage de coopération et d’échanges à l’avenir.
Actuellement, de plus en plus de produits alimentaires français entrent sur le marché chinois. J’espère que davantage d’ingrédients chinois seront connus du public français, surtout par les chefs français. Quant à moi, je vais continuer de développer des mets fusion créatifs qui combinent des ingrédients chinois et français et promouvoir les échanges culinaires entre les deux pays.
Lu Yu, président exécutif de l’Association d’Incubateur Franco-Chinois (AIFC)
En 2024, j’ai eu l’honneur de participer à plusieurs activités contribuant aux échanges entre la Chine et la France.
En mai, j’ai été invité en tant qu’intervenant, au 2e Forum France-Chine sur la gouvernance mondiale. J’ai pris la parole sur l’importance d’une coopération multilatérale pour encourager le transfert de technologies bas-carbone, en proposant des mécanismes innovants pour renforcer l’efficacité des partenariats franco-chinois dans ce domaine. J’ai participé également à la conférence « Dialogue entre les jeunes Chinois et Français – Comprendre la modernisation chinoise ». Lors de cette table ronde, j’ai exhorté les jeunes des deux pays à intensifier les échanges directs et les immersions culturelles, afin de favoriser une meilleure compréhension mutuelle et de construire des relations de coopération durables.
Du 1er au 10 novembre 2024, notre association, l’AIFC, a dirigé une délégation économique et commerciale française de haut niveau en Chine dans le cadre de la 7e édition de la CIIE. Cet événement a permis de promouvoir et d’approfondir les échanges économiques et technologiques sino-français. À cette occasion, j’ai participé à la 10e édition de la cérémonie de remise des Prix Comité France Chine (CFC) de l’innovation. En tant que membre du jury, j’ai eu l’honneur de récompenser des équipes franco-chinoises pour leurs réalisations innovantes dans les domaines de l’économie verte et des technologies de pointe. J’ai contribué également aux rencontres économiques sino-françaises à la Silicon Valley de l’Université des sciences et technologies de Chine à Hefei (Anhui). Ces échanges constructifs ont porté sur des projets de coopération stratégiques, en particulier dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’économie verte.
À l’avenir, j’espère que les échanges éducatifs et culturels entre nos deux pays pourront être renforcés grâce à l’innovation technologique. À cette fin, il faut encourager les partenariats entre établissements scolaires et universitaires pour promouvoir l’enseignement du chinois tout en intégrant des outils innovants, comme des plateformes d’apprentissage personnalisées basées sur l’intelligence artificielle. Il faut également soutenir des initiatives conjointes entre jeunes talents pour aborder des thématiques mondiales telles que le changement climatique ou les innovations technologiques.
De plus, je voudrais accroître l’influence des Prix CFC de l’innovation. En tant que membre du jury en 2024 et 2025, je m’engage à étendre leur portée à des régions dynamiques telles que la Grande Baie Guangdong-Hong Kong-Macao ou le cercle économique Chengdu-Chongqing et à proposer la création d’un « Prix Jeunesse » pour stimuler la participation des jeunes talents et renforcer leur rôle dans la coopération bilatérale.
En mai 2025, notre association prévoit de conduire une délégation économique française de haut niveau en Chine, visant à approfondir les collaborations dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’intelligence artificielle et de l’économie durable.
En tant que président exécutif de l’AIFC, je m’efforce de bâtir des ponts solides entre la Chine et la France, en me concentrant sur des domaines clés comme l’économie verte, l’intelligence artificielle et l’éducation culturelle. Mon ambition est de conjuguer innovation technologique et échanges humains pour renforcer la compréhension mutuelle entre nos deux nations. Je souhaite également consolider une relation de confiance et de partenariat sur le long terme.
Clarisse Le Guernic, fondatrice de la société Arcade Experiences Shanghai
Au début de l’année 2024, j’ai été nommée ambassadrice 2024 de l’image touristique internationale de Shanghai. Un honneur, mais aussi une grande responsabilité. J’espère mieux promouvoir Shanghai en tant que destination touristique auprès des Français, afin qu’ils puissent avoir une compréhension plus profonde de l’histoire, de la culture, de l’architecture et de la gastronomie de Shanghai. À cette fin, j’ai conçu un itinéraire dans le vieux Shanghai, racontant l’histoire de deux architectes français, Alexandre Léonard et Paul Veysseyre, fondateurs du cabinet d’architecture Léonard-Veysseyre en 1922. J’ai aussi conçu l’itinéraire « Apprendre en marchant », qui s’adresse principalement aux Chinois qui apprennent le français et aux Français qui apprennent le mandarin.
À l’occasion de la Journée internationale de l’enfance 2024, en ma qualité de bénévole du quartier Laoximen et d’ambassadrice du tourisme, j’ai conduit des enfants chinois et français du Lycée français de Shanghai et de l’école primaire Meixi dans le longtang de Longmen, célèbre pour son architecture qui combine les styles chinois et occidentaux.
J’ai participé également au Festival des Lanternes de Shanghai Yuyuan, une manifestation qui s’inscrit parmi les premiers événements des célébrations du 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France et l’Année franco-chinoise du tourisme culturel.
En travaillant avec Shanghai Daily, nous avons tourné un documentaire sur Émile Licet, naturaliste, géologue, paléontologue et archéologue français et fondateur du premier musée d’histoire naturelle au nord de la Chine dans le but de mieux présenter son histoire au public chinois.
Pour moi, la Chine et la France sont deux pays très actifs dans la coopération culturelle. En 2024, il y a eu énormément d’expositions et d’événements culturels organisés à Shanghai en lien avec la France. Je pense notamment à l’exposition « Cartier, le pouvoir de la magie » au
Shanghai Museum East, à l’exposition « Résonances Art Déco : Paris Chic - Shanghai Moderne » au Bund 33, ou encore à la participation d’un groupe de musique bretonne à la fête du tourisme de Shanghai. Nous sommes deux pays avec des cultures très différentes, mais un point commun essentiel : la curiosité et le respect pour l’autre. En 2024 plus que jamais, les Chinois ont pu découvrir de nombreux aspects de la culture française, et j’espère que cet intérêt pourra graduellement devenir égal en France vis-à-vis de la culture chinoise.
L’essentiel est d’établir une relation culturelle égale entre la Chine et la France. Souvent, quand un Chinois apprend que je suis Française, il me renvoie une image positive de mon pays et de sa culture. Mais dans l’autre sens, j’ai l’impression que le manque de connaissances sur le sujet mène à un reflet d’une image négative de la Chine de la part d’une partie de mes compatriotes français. Avec l’exemption de visa, le nombre de touristes étrangers que j’ai reçus en 2024, en particulier les touristes français, a considérablement augmenté. La culture chinoise peut paraître complexe et mystérieuse quand on ne maîtrise pas la langue, et je me donne pour mission, à ma modeste échelle, d’aider les Français qui visitent Shanghai à obtenir les clés pour mieux comprendre cette culture. Je vais également créer plus de contenus multimédias à destination des Français en France pour partager certains aspects de l’histoire et de la culture chinoise.
François Dilger, influenceur français basé à Chengdu (Sichuan)
L’année 2024 a été riche en événements dédiés aux célébrations des 60 ans d’amitié entre la Chine et la France. J’ai pour ma part eu l’honneur de participer à certains d’entre eux comme la soirée organisée par l’Union des Français à l’étranger de Chengdu et l’Organisation nationale des très petites entreprises (ONTPE), qui m’a démontré l’attachement des entrepreneurs français à la relation France-Chine, lien indispensable à notre prospérité mutuelle.
Cette relation dépasse néanmoins de loin le simple cadre économique et j’ai encore pu le constater en visitant la commune de Bailu, à Pengzhou (Sichuan), profondément marquée par la culture française, où j’ai été invité à assister au festival de musique sino-français dont le point d’orgue était un magnifique concert donné sur l’esplanade de l’église par des dizaines d’artistes français !
Enfin, j’ai également été convié dans le district de Baoxing, à Ya’an (Sichuan), le lieu de la découverte scientifique du panda géant par le naturaliste français Armand David, à participer à l’activité « Les jeunes étrangers sur les traces du panda géant ». L’événement a réuni une centaine d’invités, notamment 14 jeunes étrangers venant de 10 pays pour célébrer le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, mais aussi le 155e anniversaire de la découverte du panda géant.
Je pense que l’année 2024 a montré le fort engouement des Français pour les produits chinois, aussi bien dans l’électronique que le textile en passant par les voitures électriques. Si cela pénalise la balance commerciale française, cela permet aussi d’approfondir les échanges et les liens économiques entre nos deux pays dans une logique d’enrichissement mutuel, comme le montre par exemple l’ouverture d’une usine Huawei près de Strasbourg en France, qui va permettre de participer à l’effort de réindustrialisation dont la France a particulièrement besoin en ce moment où la situation économique du pays est dégradée ! Cette initiative montre l’importance de la coopération industrielle entre nos deux nations. Cette logique de « made by China in France » pourrait à mon sens vraiment marquer le début d’un nouvel approfondissement des échanges entre la Chine et la France et cimenter notre amitié pour le futur !
Au-delà des échanges purement économiques, j’aimerais assister à un approfondissement des relations sino-françaises dans le tourisme afin d’augmenter au maximum les interactions entre les Français et les Chinois. En effet, nous avons beau être de vieux amis, il y a encore un déficit de connaissance et de compréhension entre nos deux peuples. Aussi je pense que la récente décision de permettre de voyager 30 jours en Chine sans visa pour les citoyens français va vraiment dans la bonne direction.
Cela facilitera les voyages et encouragera davantage de Français à découvrir la Chine.Pour ma part, je vais continuer de réaliser des vidéos sur les différents réseaux sociaux français et chinois afin de montrer le profond attachement que j’éprouve pour la Chine en tant que Français et d’essayer de convaincre mes compatriotes de venir visiter mon pays d’adoption pour constater par eux-mêmes à quel point la vie peut être agréable ici !
Liu Jinyu, étudiante de Sciences Po Paris
En 2024, j’ai eu la chance de participer à plusieurs activités favorisant les échanges entre la Chine et la France. En tant que volontaire aux Jeux olympiques (JO) de Paris, j’ai vécu un été exceptionnel, marqué par la collaboration internationale et l’esprit sportif. Cette expérience a été le prolongement naturel de mon engagement lors des JO d’hiver de Beijing en 2022. Elle m’a montré à quel point le sport peut être un langage universel, capable de rapprocher des personnes de tous horizons.
En parallèle, des activités comme le Mois de l’Environnement franco-chinois ou encore les événements organisés par l’Alliance Française ont renforcé ma compréhension des valeurs communes entre nos deux cultures, qu’il s’agisse de la protection de l’environnement ou de la passion pour l’art et la musique. Ces moments ont été l’occasion de découvrir que la coopération sino-française reposait sur la profondeur de nos liens.
En 2024, le sport, l’éducation et l’environnement me semblent avoir été les domaines où la coopération sino-française a brillé. Les JO de Paris ne sont pas seulement des compétitions sportives, mais aussi des plateformes qui célèbrent l’inclusion et le dialogue entre les cultures. L’égalité des genres mise en avant à Paris 2024, par exemple, est une étape inspirante pour tous les pays participants.
L’éducation est un autre pilier essentiel et mon propre parcours en est un reflet. Grâce à la collaboration entre des institutions comme l’Université des Langues et Cultures de Beijing (BLCU) et l’Alliance Française, j’ai pu perfectionner mes compétences linguistiques et me préparer à poursuivre mes études en France.
Pour l’avenir, j’espère que la Chine et la France continueront à approfondir leurs échanges dans les domaines clés comme la culture, l’éducation et les enjeux mondiaux. Je crois que ces liens permettront de renforcer la compréhension mutuelle et de créer davantage de possibilités pour les jeunes générations.
En tant qu’étudiante de BLCU et de l’Alliance Française et maintenant de Sciences Po Paris, je ressens profondément que mon parcours personnel reflète la coopération sino-française en matière d’éducation et de culture. Mon rôle de volontaire pour Paris 2024 a été bien plus qu’un simple engagement logistique ; il est une continuation naturelle de cette belle dynamique. Pour moi, être volontaire, c’est contribuer à tisser des liens entre les peuples, dans une langue et un esprit que j’ai appris à apprécier au fil des années.
Lorsque mes professeurs à l’université parlent de diplomatie citoyenne, je ne peux m’empêcher de penser que c’est exactement ce que je vis aujourd’hui : un rôle dans lequel chaque sourire, chaque échange, chaque petit geste peut rapprocher les cultures et renforcer l’amitié entre la Chine et la France. Être volontaire pour Paris 2024, c’est vivre cette diplomatie au quotidien.
En participant à ces Jeux, je n’ai pas seulement cherché à assurer leur réussite logistique. Mon objectif a aussi été de renforcer, à travers le sport et la compréhension mutuelle, ce pont unique qui relie nos deux pays. Je veux laisser, même modestement, une empreinte positive et durable, en incarnant les valeurs de l’olympisme : respect, excellence et amitié. Je suis convaincue que ces valeurs sont essentielles pour construire un avenir meilleur pour tous.
