Xi Jinping et Joe Biden se rencontrent pour stabiliser les relations entre la Chine et les Etats-Unis
Lors d'une rencontre cruciale samedi, le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden ont réaffirmé leur volonté de maintenir le dialogue, d'encourager la coopération et d'éviter les conflits.
Ces dernières années, les relations sino-américaines ont connu des hauts et des bas. A Washington, une mentalité généralisée de jeu à somme nulle à l'encontre de la Chine s'est durcie et s'est traduite par des politiques visant à freiner le développement de ce pays d'Asie.
Il existe "un consensus bipartisan (à Washington) sur le fait que la concurrence stratégique avec la Chine doit se poursuivre, même s'il n'y a pas d'accord sur l'objectif ultime de cette stratégie", a indiqué Yilun Zhang, associé de recherche et directeur du programme Commerce et Technologie à l'Institut des études sino-américaines, dans une déclaration écrite à Xinhua.
Qu'il s'agisse des droits de douane ou des restrictions sur la technologie des semi-conducteurs, ces mesures ont non seulement affaibli les relations bilatérales, mais se sont également répercutées sur les chaînes d'approvisionnement mondiales.
Par ailleurs, la Chine et les Etats-Unis ont des visions du monde divergentes. La Chine a défendu la vision d'une communauté mondiale plus équitable, plus durable et plus inclusive, tandis que Washington a cherché à maintenir sa position dominante de longue date.
Malgré ces profondes divergences, l'engagement à haut niveau de samedi a mis en évidence une compréhension commune : les enjeux étant si élevés, aucune des deux parties ne peut prendre le risque de la confrontation.
Les deux parties doivent continuer à explorer la voie à suivre pour que deux grandes puissances s'entendent bien et parviennent à une coexistence pacifique à long terme sur cette planète, a recommandé M. Xi au cours de la rencontre.
"Le piège de Thucydide n'est pas une fatalité de l'histoire. Une nouvelle Guerre froide ne doit pas être menée et ne peut être gagnée", a déclaré M. Xi lors de l'entretien en marge de la 31e Réunion des dirigeants économiques de l'APEC à Lima, capitale du Pérou.
Ces dernières années, certains politiciens, universitaires et médias américains se sont accrochés à une mentalité de somme nulle, mettant en garde contre le "piège de Thucydide", c'est-à-dire l'idée qu'un pays en plein essor provoque inévitablement la peur chez un pays déjà établi, ce qui conduit à un conflit ou à une guerre.
La Chine, cependant, a toujours rejeté ce postulat. Dans un monde façonné par la mondialisation, où les nations sont profondément interconnectées et leurs intérêts étroitement imbriqués, elle soutient que les anciens paradigmes de la politique de puissance et de la survie du plus fort doivent céder la place à une vision plus coopérative, qui cherche à construire une communauté de destin pour l'humanité.
"Les Etats-Unis peuvent s'épargner les coûts énormes qui résulteraient d'une lutte contre la Chine sur des questions clés en adoptant une voie mutuellement bénéfique", a estimé Denis Simon, spécialiste de longue date des relations entre les Etats-Unis et la Chine et ancien vice-chancelier exécutif de l'université Duke Kunshan.
"Le respect mutuel, une plus grande sensibilité interculturelle et une réciprocité accrue peuvent conduire à des résultats gagnant-gagnant", a-t-il affirmé.
Lors de la rencontre de samedi, M. Xi a appelé les Etats-Unis à avoir une juste perception stratégique de la Chine et à se traiter sur un pied d'égalité.
L'objectif de la Chine d'œuvrer à un développement stable, sain et soutenu des relations sino-américaines n'a pas changé, a assuré M. Xi, ajoutant que son engagement en faveur du respect mutuel, de la coexistence pacifique et de la coopération gagnant-gagnant comme principes de gestion des relations sino-américaines n'a pas changé non plus.
M. Biden, pour sa part, a souligné que les relations entre les Etats-Unis et la Chine étaient les relations bilatérales les plus importantes au monde.
Les Etats-Unis ne recherchent pas une nouvelle Guerre froide, ne cherchent pas à modifier le système de la Chine, ne cherchent pas à revitaliser leurs alliances contre la Chine, ne soutiennent pas "l'indépendance de Taiwan", ne cherchent pas à entrer en conflit avec la Chine et n'utilisent pas la question de Taiwan pour concurrencer avec la Chine, a déclaré M. Biden.
Au cours des quatre dernières années, les deux présidents ont conjointement remis le dialogue et la coopération entre la Chine et les Etats-Unis sur les rails. Plus de 20 mécanismes de communication ont été rétablis ou établis, et des résultats encourageants ont été obtenus dans les domaines de la diplomatie, de la sécurité, de l'économie, du commerce, des affaires fiscales, de la finance, des armées, de la lutte contre la drogue, de l'application de la loi, de l'agriculture, du changement climatique et des échanges entre peuples.
"Le besoin immédiat est de préserver, d'améliorer et de renforcer la communication entre les deux pays", a souligné M. Zhang.
"Alors que la poussière politique de ce cycle électoral retombe, les échanges entre peuples seront tout aussi cruciaux que les échanges diplomatiques", a-t-il poursuivi, faisant référence à l'élection présidentielle américaine qui vient de s'achever et qui a vu la victoire de l'ancien président Donald Trump.
"La prochaine génération doit continuer à s'engager les uns avec les autres, non seulement pour réduire les malentendus, mais aussi pour approfondir le réservoir de connaissances sur la Chine au sein des Etats-Unis", a ajouté M. Zhang.
Au cours de son premier mandat, l'administration Trump avait adopté une doctrine dite "America First" qui a vu l'imposition de droits de douane considérables aux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Après sa victoire, les craintes d'un protectionnisme accru se répandent à nouveau à l'échelle mondiale.
"Nous espérons que la Chine continuera à défendre le message du maintien de l'ouverture du système commercial mondial", a souhaité Carlos Aquino, directeur du Centre d'études asiatiques de l'Université nationale de San Marcos, au Pérou.
"Il est important que le message (de sauvegarde) d'un système commercial libre et ouvert continue d'être défendu par le président Xi", a-t-il ajouté.