Elections générales à Maurice : un choix entre la continuité et l'alternance (ANALYSE)
Les Mauriciens sont appelés aux urnes le 10 novembre prochain pour les 13es élections générales depuis l'indépendance en 1968. L'alliance du gouvernement sortant dirigée par le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth espère, grâce à un bilan plutôt positif, renouveler pour un troisième mandat alors que son rival, l'ancien Premier ministre Navin Chandra Ramgoolam en coalition avec un autre ancien Premier ministre, pour revenir au pouvoir après dix ans dans l'opposition.
Au total 1.002.857 électeurs sont appelés à accomplir leurs devoirs civiques le dimanche 10 novembre prochain, selon les chiffres compilés par le bureau de la Commission électorale.
Les électeurs devront élire 60 députés dans la métropole mauricienne et deux sur l'île autonome de Rodrigues pour une assemblée qui au final comptera 70 députés. Les huit autres députés seront désignés par le système de Best Loser (meilleurs perdants) qui visent à faire une représentation ethnique plus ou moins proportionnelle à la population.
Trois partis dominent la scène politique et ont assuré l'alternance au pouvoir mais toujours en coalition avec un ou plusieurs autres partis : le Parti Travailliste de Navin Ramgoolam, le Mouvement Socialiste Militant (MSM) de Pravind Jugnauth et le Mouvement Militant Mauricien (MMM) de Paul Bérenger.
Cette fois encore la bataille se joue entre un Jugnauth et un Ramgoolam : Pravind Jugnauth, fils de Sir Aneerood Jugnauth, ancien Premier ministre et président de la République, reconnu comme le Père de la réussite économique de Maurice contre Navin Ramgoolam, fils de Sir Seewoosagar Ramgoolam, appelé Père de l'Indépendance et premier Premier ministre du pays.
Dirigeant l'Alliance Lepep (Alliance du peuple), le Premier ministre sortant peut compter sur le soutien de trois autres partis qui font partie de sa coalition depuis 2019 : le Muvman Liberater d'Ivan Colendavelloo, le Muvman Patriot Morisien d'Alan Ganoo et la Plateforme Militante de Steven Obeegadoo.
En poste depuis 2017, quand son père a démissionné pour raisons de santé, le Premier ministre sortant se targue d'avancées majeures tant sur le plan économique que social. Effectivement, c'est sous son mandat que le salaire minimum a été introduit ainsi que l'indemnité de départ à la retraite transférable (PRGF). Il est aussi crédité d'une augmentation majeure de la pension universelle non contributive qui permet aujourd'hui à tout citoyen mauricien, ayant travaillé ou pas, de jouir d'une retraite décente indépendamment d'autres revenus.
Sur le plan social toujours, son gouvernement a aussi mis en chantier un gigantesque programme de logement social de 8.000 appartements. Jugnauth a également lancé de grands travaux de décongestionnement routier et notamment l'introduction d'un tramway qui relie la capitale Port-Louis aux autres villes du pays.
Face à ce bilan, l'Alliance du Changement dénonce notamment une gestion "catastrophique" du gouvernement pendant la crise du Covid qui aurait coûté la vie à un peu plus de 1.000 personnes. Néanmoins, c'est surtout la cherté de la vie que reproche l'alliance de l'opposition au gouvernement sortant. Elle lui reproche notamment de ne pas soutenir les familles face à l'inflation.
Le dépouillement des voix et les résultats provisoirs sont attendus le lundi 11 novembre.