Les pêcheurs pakistanais de Gwadar aspirent à la transformation de leur métier dans le cadre du CPEC (REPORTAGE)

Assis sur sa jetée, entouré de bateaux colorés ornés de motifs traditionnels à Gwadar, dans la province du Baloutchistan, dans le sud-ouest du Pakistan, Jalil Afzal contemple pensivement les grues imposantes du port de Gwadar construit par la Chine.

"Mon grand-père était pêcheur, mon père était pêcheur et je suis pêcheur aussi. Environ 80 % de la population de Gwadar dépend de la pêche, mais je veux un avenir différent pour mes enfants. Ce port, juste en face de moi, symbolise la transformation de la ville et est un phare d'espoir. J'espère qu'il changera le destin de mes enfants", a-t-il déclaré à Xinhua.

Selon Jalil Afzal, bien que de nombreux jeunes pêcheurs soient diplômés des collèges et des universités, ils préfèrent souvent retourner à leur métier en raison du manque de possibilités de carrière liées à l'industrie de la pêche.

"C'est notre patrimoine, notre identité. Pourtant, si les entreprises chinoises investissent dans l'industrie de la pêche au Pakistan, cela pourrait être une situation gagnant-gagnant pour les pêcheurs pakistanais et les investisseurs chinois", a-t-il affirmé.

Dans des conversations avec Xinhua, les pêcheurs et les représentants de la communauté ont exprimé leur optimisme quant au développement rapide de Gwadar, porté par le Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC).

Lancé en 2013, le CPEC, un projet phare de l'initiative "La Ceinture et la Route" initiée par la Chine, est un corridor reliant le port de Gwadar au Pakistan à Kachgar, dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, qui a mis l'accent sur l'énergie, les transports et la coopération industrielle dans la première phase, tandis que dans la nouvelle phase, il s'étend aux domaines de l'agriculture et des moyens de subsistance, entre autres.

Selon les pêcheurs, si le CPEC a déjà créé de nombreuses occasions d'emploi, ils espèrent que le projet apportera bientôt des perspectives commerciales à leur industrie.

De son côté, Abdul Majeed, un représentant de la communauté de pêcheurs locale, a souligné l'impact potentiel du nouvel aéroport international de Gwadar récemment achevé et qui a bénéficié de l'aide de la Chine.

"Il attirera les investisseurs chinois à Gwadar, et nous espérons que l'investissement dans l'industrie de la pêche sera une priorité", a-t-il déclaré à Xinhua lors d'une visite du marché aux poissons de la ville, un lieu très animé.

Le marché local est petit, a noté Abdul Majeed, qui a ajouté que, pour éviter les pertes, ils exportent souvent leurs prises vers l'Iran voisin à des prix marginaux, où elles sont transformées, emballées et vendues sous des marques iraniennes à une valeur beaucoup plus élevée.

"Si les entreprises chinoises pouvaient fournir des services à valeur ajoutée comme la transformation et l'emballage du poisson ici, le produit pourrait être vendu à un meilleur prix. Cela créerait également des emplois pour nos jeunes instruits impliqués dans la pêche, et le poisson porterait le label 'Made in Pakistan'", a-t-il assuré.

Les pêcheurs ont aussi noté l'absence de pisciculture à Gwadar, une région qui, selon eux, possède pourtant un potentiel inexploité.

D'après Jalil Afzal, "l'investissement dans la pisciculture marine pourrait considérablement stimuler la production de poisson et ouvrir de nouvelles portes à l'économie bleue de la province du Baloutchistan".

Indiquant qu'un centre de formation professionnelle fonctionne actuellement dans la ville dans le cadre du CPEC et offre une formation aux étudiants dans diverses disciplines, il a dit espérer que le centre proposera également des cours spécifiquement destinés aux pêcheurs pour les aider à moderniser leurs pratiques de pêche.

Avec l'essor du CPEC, les pêcheurs de Gwadar envisagent aujourd'hui un avenir où leur métier deviendra plus rentable, diversifié et reconnu à l'échelle internationale, grâce à des investissements qui élèveront le secteur de la pêche de Gwadar, créeront un meilleur avenir pour les générations à venir et renforceront encore davantage le lien d'amitié qui unit le Pakistan et la Chine. F