Les habitants de Gaza aspirent à la fin de leurs souffrances (REPORTAGE)
Le conflit à Gaza dure depuis plus de dix mois, provoquant une catastrophe humanitaire sans précédent, qui ne cesse de s'aggraver, avec près de 40.000 vies perdues.
On ne peut s'empêcher de se demander : combien de vies doivent encore disparaître, combien de femmes et d'enfants doivent encore mourir et combien de maisons doivent encore être détruites avant que cette tragédie ne cesse ?
L'extension du conflit a laissé un nombre incalculable de personnes sans abri. Les bombardements et les attaques n'ont pas cessé, ne serait-ce qu'un instant, et des civils innocents meurent chaque jour dans des lieux tels que les camps de personnes déplacées, les hôpitaux, les écoles de l'ONU et les soi-disant "zones de sécurité" désignées par Israël.
Yasser Adoul Hadi, un Palestinien déplacé du nord de la bande de Gaza, a subi son huitième déplacement à la suite d'un ordre d'évacuation israélien de Khan Younès, dans le sud de l'enclave.
"Après chaque ordre d'évacuation, l'armée israélienne lance de violentes opérations militaires, rendant la zone inhabitable", a témoigné ce père de sept enfants, âgé de 52 ans.
"Les endroits où j'ai été le plus exposé à la mort sont ceux que l'armée prétendait sûrs. Seule ma chance m'a sauvé. Aujourd'hui, je ne peux plus espérer vivre longtemps", a-t-il ajouté.
"Il semble que l'armée veuille nous tuer tous sans exception, si ce n'est par les bombardements, c'est par l'oppression, la fatigue et les déplacements", a-t-il conclu.
Les statistiques des Nations Unies montrent qu'environ neuf personnes sur dix à Gaza sont aujourd'hui considérées comme déplacées à l'intérieur de leur propre pays, et que nombre d'entre elles ont été déplacées plusieurs fois.
La population est confrontée à une grave pénurie de produits de première nécessité. Ahmed Arfan, un Palestinien déplacé de Rafah, a installé une tente temporaire à Khan Younès pour les six membres de sa famille.
"J'ai été contraint de dormir à la belle étoile pendant plusieurs jours. J'ai dû envoyer mes enfants et ma femme dans les tentes de mes proches jusqu'à ce que je puisse monter la nôtre", a indiqué M. Arfan, 39 ans, à Xinhua.
Après une terrible épreuve, il a trouvé un petit espace près d'une décharge dans le quartier de Mawasi à Khan Younès pour y planter sa tente. "Toute la journée, nous souffrons de l'odeur nauséabonde des déchets. Les moustiques et les insectes nous harcèlent jour et nuit, mais je n'ai pas le choix. Il y a beaucoup de personnes déplacées ici et il n'y a pas d'autre endroit pour nous", a-t-il déploré.
Nombreux sont ceux qui s'efforcent de poursuivre leur vie brisée. Parmi eux, Amna Abou Jahal, qui a choisi de rester dans le camp malgré les conditions difficiles après que son mari a été tué au cours de la première semaine de l'opération israélienne.
Chaque jour, elle doit passer de nombreuses heures à marcher pour obtenir quelques litres d'eau salée à boire.
"Autrefois, l'eau salée était utilisée pour les travaux ménagers, mais aujourd'hui, nous sommes obligés de la boire. Mais je me sens encore chanceuse d'en avoir trouvé", a dit à Xinhua cette mère de quatre enfants, âgée de 48 ans.
"L'attaque israélienne était une mesure de représailles. Ils ont même détruit les puits d'eau publics et les réseaux d'égouts", a-t-elle ajouté.
Les statistiques de l'ONU montrent que l'aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza a été réduite de plus de moitié depuis le début de l'opération terrestre de Rafah et la fermeture brutale du point de passage de Rafah au début du mois de mai.
Le nouveau cycle du conflit israélo-palestinien dure depuis plus de 300 jours. Des négociations en vue d'un cessez-le-feu ont été menées par intermittence, sans qu'aucune percée ne soit en vue.
Alors que certains pays continuent d'affirmer que des négociations en vue d'un cessez-le-feu sont en cours, Israël a poursuivi ses opérations militaires à grande échelle au cours des derniers mois.
Parallèlement, les retombées négatives du conflit de Gaza se propagent et se répercutent en de multiples points de la région, et la situation entre le Liban et Israël ainsi que les développements en Mer Rouge sont inquiétants.
Face à cette situation grave, la communauté internationale, et en particulier les pays de la région, ont fréquemment appelé toutes les parties à déployer des efforts conjoints pour éviter une escalade de la situation et promouvoir un cessez-le-feu et la fin du conflit.
Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a estimé dans un communiqué que la communauté internationale devait assurer une protection totale aux personnes déplacées et empêcher les forces d'occupation de les déplacer de force de la bande de Gaza.
Le roi Abdallah II de Jordanie a observé que la région resterait vulnérable à une extension du conflit qui menace sa stabilité tant que le conflit dans la bande de Gaza se poursuivra, et a exhorté la communauté internationale à redoubler d'efforts pour mettre fin au conflit en concluant un cessez-le-feu immédiat et permanent.
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a noté que la communauté internationale devait travailler ensemble pour empêcher toute action susceptible de faire basculer l'ensemble du Moyen-Orient et d'avoir un impact dévastateur sur les civils.
Le mois dernier, Abou Khaled al-Houssari, 72 ans, a choisi de rester dans la ville de Gaza malgré les ordres d'évacuation et est décédé chez lui.
"Mon père ne voulait pas être tué dans les zones sud de Gaza. Il pensait qu'il n'y avait pas d'endroits sûrs à Gaza", a confié à Xinhua Khaled al-Houssari, le fils du vieil homme.
"Chaque jour, nous perdons des êtres chers, des maisons, des espoirs et le droit de vivre jusqu'à ce que cette guerre prenne fin", a-t-il ajouté.