Se baigner dans la Seine, un héritage olympique de Paris pour l'avenir (SYNTHESE)
A Paris, le 31 juillet, les épreuves de triathlon féminines et masculines des Jeux Olympiques de Paris 2024 se sont déroulées dans la Seine, pour la première fois après 100 ans d'interdiction de baignade. Dans les prochains jours, des sports olympiques tels que l'épreuve de triathlon en relais mixte et celle de natation marathon s'y dérouleront également.
La qualité de l'eau de la Seine est un enjeu majeur pour la tenue des épreuves olympiques à Paris. La France a désormais tenu sa promesse de "rendre la Seine baignable pour les JO" lors de sa candidature pour l'organisation des jeux.
"Aujourd'hui, la Seine est quand même baignable et ça, c'est une vraie victoire", a indiqué lundi 5 août aux médias français David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) au cours de l'épreuve du relais mixte de triathlon dans la Seine.
Au milieu du XIXe siècle, grâce aux transformations de Paris sous le Second Empire, Paris a connu une "révolution urbanistique" entreprise sous la férule du préfet de la Seine, Georges Eugène Haussmann. Une innovation majeure : la mise en place d'un gigantesque réseau d'égouts sous le sol parisien, avec l'aide de l'ingénieur Eugène Belgrand. Selon la Fédération française de natation, en 1900, lors de la première édition des Jeux olympiques à Paris, les épreuves de natation se déroulaient dans la Seine, entre le pont d'Asnières et Courbevoie.
Au début du XXe siècle, le développement rapide de l'industrie et l'augmentation démographique à Paris ont entraîné une grave pollution des eaux du fleuve. Depuis 1923, les habitants de la capitale avaient interdiction de s'y baigner, interdiction qui a perduré cent ans durant.
Depuis les années 1980, d'importants efforts d'épuration ont permis d'améliorer la qualité de l'eau et de reconstituer un écosystème riche. Avec le plan baignade déployé à partir de 2015, la mairie de Paris, l'Etat et des collectivités franciliennes ont investi plus de 1,4 milliard d'euros pour permettre la tenue des épreuves olympiques et paralympiques en eau libre dans la Seine, et surtout, pour ouvrir plusieurs zones de baignade au grand public pendant l'été 2025, a indiqué la mairie de Paris dans un communiqué.
Selon elle, les services de l'Etat et de la ville de Paris ont pris une série de mesures importantes pour dépolluer la Seine et la Marne, un de ses principaux affluents.
Par exemple, le bassin de stockage des eaux pluviales d'Austerlitz, d'une capacité d'environ 50.000 mètres cubes, a été mis en service en mai 2024. Ce bassin permet de stocker les eaux usées et pluviales lors des fortes précipitations. L'excédent d'eau sera ensuite réinjecté dans le réseau d'assainissement pour être traité en station d'épuration.
D'autres mesures importantes comprennent : l'équipement des stations d'épuration de Valenton (Val-de-Marne) et Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) avec des systèmes de rayonnement ultraviolet permettant de dépolluer les eaux rejetées en milieu naturel, le raccordement des bateaux et établissements recevant du public le long de la Seine aux réseaux d'assainissement, le renforcement des actions de nettoyage, le déploiement des équipes dédiées à la surveillance des eaux permettant de détecter et localiser d'éventuelles sources de pollution ponctuelles pour une intervention immédiate, etc.
En juillet, avant l'ouverture des JO, la ministre française des Sports Amélie Oudéa-Castéra, la maire de Paris Anne Hidalgo et le président du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris Tony Estanguet se sont successivement baignés dans la Seine, avec l'intention de prouver que l'eau du fleuve était de suffisamment bonne qualité pour accueillir les épreuves de natation.
Après les épreuves de triathlon du 31 juillet, la porte-parole du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJO), Anne Descamps, a déclaré lors d'un point de presse que les échantillons d'eau de la Seine examinés ce matin-là étaient conformes aux normes du World Triathlon (la fédération internationale de triathlon) pour une compétition sans danger.
Evidemment, la qualité de l'eau de la Seine n'est pas parfaite et reste dégradée entre autres par les conditions météorologiques. Par exemple, World Triathlon a annoncé récemment que l'épreuve masculine de triathlon prévue le 30 juillet a été reportée au 31 juillet puisque les pluies des 26 et 27 juillet ont "altéré la qualité de l'eau", notamment en faisant déborder des eaux non traitées dans le fleuve.
Pour la mairie de Paris, il faut renforcer les efforts de dépollution de la Seine pour respecter son engagement: trois sites de la Seine seront ouverts à la baignade pour le grand public en 2025.
Le président français Emmanuel Macron a salué le pari réussi le 31 juillet de la baignade dans la Seine des triathlètes. "Par un investissement massif de l'Etat, avec Paris et le Val-de-Marne, nous avons réussi en quatre ans l'impossible depuis 100 ans : la Seine est baignable", s'est-il félicité sur X. Selon lui, les Franciliens disposent désormais d'un fleuve qui a "changé de visage et d'usage". Se baigner dans la Seine constituera donc un héritage important des Jeux olympiques.