Un avenir en grand
Du 15 au 18 juillet, la troisième session plénière du 20e Comité central du Parti communiste chinois s’est tenue à Beijing, se concentrant sur l’approfondissement global de la réforme et la promotion de la modernisation à la chinoise. « L’ouverture est une marque distinctive de la modernisation chinoise », lit-on dans le communiqué publié après la réunion le 18 juillet. « Il faut étendre de manière mesurée notre ouverture en matière de réglementation, approfondir la réforme du système de commerce extérieur, aller plus loin dans la réforme du système de gestion des investissements étrangers en Chine et de nos investissements à l’étranger. »
Ces mesures d’ouverture de haut niveau revêtent une grande importance pour les relations Chine-UE. Dans ces conditions, une Chine plus ouverte apportera plus d’opportunités en termes de coopération bilatérale.
Des complémentarités qui surpassent les différends
Le 10 juillet, le train de fret Chine-Europe X8017 a quitté la gare de Wujiashan à Wuhan avec 55 conteneurs de vêtements, de fournitures médicales et de produits électroniques, pour un trajet de 13 jours à destination de Duisburg, en Allemagne. C’est le 10 000e train de fret Chine-Europe (TFCE) cette année, passant cette barre symbolique 19 jours plus tôt que l’année dernière. Un total de 1,083 million d’EVP de marchandises ont été expédiées, soit une hausse de 11 % par rapport à 2023. Les TFCE jouent un rôle important dans la coopération internationale en matière de capacités de production, les échanges technologiques et le renforcement des échanges culturels et humains.
C’est également un exemple en miniature du développement de meilleure qualité du commerce Chine-UE, le commerce des services offrant un potentiel énorme. Des voix discordantes se sont néanmoins récemment fait entendre dans les relations économiques et commerciales. Le 4 juillet, la Commission européenne a annoncé qu’elle imposerait des droits compensatoires temporaires sur les véhicules électriques importés de Chine. En fait, la Chine n’inonde pas les marchés avec ses véhicules électriques. Bien que les ventes maintiennent une croissance élevée depuis de nombreuses années, leur part de marché globale reste limitée. Dans l’ensemble, les véhicules purement électriques de marque chinoise ne représentent pas plus de 8 % du marché européen des véhicules électriques, et environ 1 % des ventes totales de véhicules européens.
Plus de 60 % des ventes mondiales de véhicules à énergies nouvelles se font sur le marché chinois, une proportion qui ne cesse d’augmenter. L’industrie automobile européenne est fortement dépendante du marché international, créant un excédent commercial de près de 100 milliards d’euros chaque année. En 2023, les ventes du groupe Volkswagen sur le marché chinois représentaient plus d’un tiers de ses ventes mondiales. Il en allait pratiquement de même pour BMW et Mercedes-Benz. Les avantages complémentaires des marchés chinois et européen sont nettement visibles et les bénéfices obtenus par les entreprises européennes sur le marché chinois sont également énormes, offrant de larges perspectives. C’est pourquoi de nombreuses entreprises européennes ont émis des objections concernant les droits de douane supplémentaires sur l’importation de véhicules chinois.
De nombreux pays européens font face à des incertitudes sur le plan politique et économique. La Chine et l’UE, deux piliers de l’économie mondiale, deux principales forces dans un monde multipolaire et deux principaux marchés soutenant la mondialisation économique, disposent néanmoins d’un espace de coopération bien plus vaste que les défis et les différends.
Une coopération exemplaire dans l’espace
En termes de scénarios d’application, d’innovation technologique et même d’élaboration de normes, la coopération scientifique et technologique sino-française a effectué de nouvelles avancées. Le 8 juillet, la mission SVOM a reçu de bonnes nouvelles. Après les tests en orbite, la plateforme satellite fonctionnait normalement. Les quatre charges utiles chinoises et françaises avaient terminé les tests de mise en marche.
Parmi elles, le moniteur de rayons gamma développé par la Chine a détecté le premier sursaut gamma peu de temps après sa mise en marche. La coopération sino-française a renforcé la recherche des deux pays dans le domaine des sciences spatiales, favorisé les percées dans la technologie spatiale et formé un grand nombre de spécialistes. Elle a également considérablement renforcé la confiance des autres pays européens dans la coopération avec la Chine dans l’espace.
Ce n’est qu’un exemple de la coopération scientifique et technologique Chine-UE. Le 24 juin, le séminaire de synthèse de la 5e phase et la réunion de lancement de la 6e phase (2024-2028) de la coopération scientifique et technologique « Projet Dragon », lancé en 2004 par le ministère chinois des Sciences et Technologies et l’Agence spatiale européenne et concernant l’observation de la Terre, se sont ouverts à Lisbonne. Cette année, le Centre d’échange scientifique et technologique de Chine prend officiellement en charge la mise en œuvre et la gestion chinoise de ce projet pour sa mise en œuvre spécifique avec le programme d’observation de la Terre de l’Agence spatiale européenne. La Chine et l’UE ont officiellement signé un accord de coopération pour la 6e phase du « Projet Dragon », couvrant 10 domaines clés tels que la terre, l’atmosphère, le changement climatique et les mégadonnées. Seront concernés la coopération dans la recherche, les échanges académiques, la formation de spécialistes, le partage de données et le développement d’applications.
Tous les feux sont au vert
Le développement des capacités de production verte de la Chine a apporté une contribution incommensurable à la réduction mondiale des émissions de CO2. Elle constitue une force clé pour un développement mondial vert et bas-carbone et dans la lutte contre le changement climatique. La Chine soutient le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies et les objectifs de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Depuis qu’elle s’est fixé l’objectif « double carbone » en 2020, la Chine a respecté tous ses engagements, obtenant des réalisations remarquables dans les énergies renouvelables, les économies d’énergie et la réduction des émissions.
En 2023, la capacité mondiale d’énergie renouvelable nouvellement installée atteignait 510 millions de kilowatts, la Chine contribuant à hauteur de plus de 50 %. La Chine partage par ailleurs ses technologies et produits économes en énergie avec le monde. Ses produits dans le secteur photovoltaïque et éolien, ainsi que ses véhicules à énergies nouvelles sont exportés vers plus de 200 pays et régions. Elle coopère également avec plus d’une centaine de pays et régions dans des projets d’énergie verte.
En 2022, la production d’énergie renouvelable et les produits éoliens et photovoltaïques exportés par la Chine ont contribué à une réduction totale des émissions équivalant à plus de 2,8 milliards de tonnes de CO2, ce qui représentait environ 41 % des réductions mondiales des émissions de CO2 converties à partir des énergies renouvelables durant cette période. Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, les services et le soutien que la Chine fournit à d’autres pays a considérablement amélioré l’accessibilité aux technologies d’énergie propre et réduit le coût d’utilisation des technologies vertes dans le monde.
Plus d’ouverture, plus de coopération
La Chine a toujours adhéré à une coopération ouverte, promu la coopération industrielle et commerciale avec les autres pays, participé à la construction de chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales. Elle a contribué aux chaînes industrielles mondiales avec la signature d’accords de libre-échange et la création de zones de coopération économique. L’optimisation et la modernisation des chaînes industrielles et d’approvisionnement offrent un horizon et des opportunités plus larges. Pour Amitendu Palit, chercheur principal à l’Université nationale de Singapour, la position importante de la Chine dans la chaîne d’approvisionnement mondiale est irremplaçable.
Au premier semestre 2024, deux initiatives, « La France sur le bout de la langue » et « de la ferme française à la table chinoise », ont débarqué sur le marché chinois, permettant de satisfaire les papilles gustatives des Chinois. La Chine a prolongé jusqu’au 31 décembre 2025 sa politique d’exemption de visa à l’égard de 12 pays, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, et mis en œuvre diverses mesures pratiques pour promouvoir les échanges humains. Le nombre de touristes étrangers en Chine a augmenté de façon exponentielle et les voyages en Chine sont devenus populaires sur les principaux réseaux sociaux. À mesure que la Chine élargit son ouverture, la coopération entre la Chine et l’UE ne peut ainsi que s’approfondir.
*WANG YIWEI est directeur du Centre d’études sur l’Union européenne de l’Université Renmin de Chine et chercheur principal à l’Institut Taihe.